Un logiciel évalue la probabilité d’apparition des calculs - La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006

Recherche. Avancées en nutrition

Actualité

Auteur(s) : François Jacquet

Le Scientific Meeting de Royal Canin, événement bisannuel à dimension internationale, a eu lieu les 21 et 22 novembre derniers à la Grande Motte (Hérault). Il constitue, pour la firme française, l’occasion de présenter les travaux de recherche auxquels elle contribue. Cette année, le fil conducteur de la rencontre était les affections du bas appareil urinaire (ABAU) chez le chat.

Le point d’orgue de ces deux jours de conférence a été la présentation, par Jean-Jacques Bénet (ENVA), d’une étude démontrant l’efficacité de la gamme Royal Canin Neutered Cat®, destinée aux chats castrés (mise sur le marché en 1998), dans la prévention des ABAU.

Il s’agit d’une étude rétrospective, réalisée sur une population non expérimentale, comparant l’aliment commercialisé par le laboratoire à d’autres aliments vendus en structure vétérinaire. Six cliniques y ont participé, pour un total de 130 animaux (mâles et femelles), répartis en deux groupes. Le groupe A était constitué de 61 chats recevant l’aliment Royal Canin, le groupe B de 69 chats nourris avec un autre aliment (de maintenance ou à visée spécifique). Tous les animaux recevaient cet aliment depuis au moins un an, étaient castrés et âgés de deux à treize ans. Le suivi s’est déroulé grâce à des questionnaires complétés par le propriétaire et le vétérinaire. Leur analyse montre une différence significative entre les deux groupes vis-à-vis du risque d’apparition d’affection urinaire et de maladie chronique. Les chats du groupe A présentent moins de désordres urinaires que ceux du groupe B (p < 0,001 ; RR = 4,86 [1,8-13,3]).

Une deuxième étude, à l’échelle européenne, sera prochainement lancée (les résultats sont attendus pour 2009).

La RSS permettrait la prévention des struvites et des oxalates

La prévention des urolithiases grâce à un nouvel outil, la RSS (relative supersaturation), a également été abordée. « Les aliments acidifiants, qui ont fleuri sur le marché ces dernières années pour lutter contre les struvites, favoriseraient indirectement l’apparition des oxalates, par l’augmentation de la concentration urinaire de calcium et la diminution de celle du magnésium et de citrate », a indiqué Jean-Jacques Bénet. Or, contrairement aux idées reçues, il serait possible de formuler un aliment permettant la prévention des deux types de calculs, grâce à la RSS. Il s’agit d’une méthode souvent utilisée en médecine humaine, validée chez le chien et le chat, qui permet d’évaluer le risque d’apparition des cristaux urinaires, selon le niveau de saturation en sels peu solubles. Un logiciel permet de calculer la RSS pour les struvites et les oxalates de calcium, d’après le pH et la concentration en dix ions urinaires. Une RSS supérieure à 1 signifie que l’urine est saturée, d’où un risque d’apparition de cristaux non solubles. Néanmoins, cela peut ne pas se produire en raison de la présence d’un champ électrique induit par les nombreux ions dans l’urine, et de facteurs inhibiteurs de la cristallisation. Ce niveau de saturation, pour lequel il n’y a pas cristallisation, mais aucune dissolution des cristaux, est appelé zone métastable. Au-delà se situe la zone de saturation labile, caractérisée par une cristallisation rapide, en quelques minutes à quelques heures, et une croissance rapide des cristaux. Cette limite correspond à une RSS de 2,5 pour les struvites et de 12 pour les oxalates de calcium.

En outre, l’outil que constitue la RSS a permis de montrer l’importance, dans l’alimentation, d’une teneur suffisante en sodium et en humidité pour la prévention des calculs chez le chat, par stimulation de la diurèse.

Le traitement de la cystite idiopathique reste aléatoire

La cystite idiopathique a été abordée par la suite. Si, comme son nom l’indique, les causes en demeurent inconnues, l’épidémiologie montre un risque augmenté chez les chats obèses ou qui vivent en intérieur. Une origine congénitale est également suspectée. « En ce qui concerne son traitement, antiseptiques, corticostéroïdes, analgésiques et acidifiants ne sont d’aucune utilité », selon Jean-Jacques Bénet. Les antibiotiques sont inutiles en l’absence d’infection. L’amitriptyline a montré une efficacité chez neuf chats sur quinze atteints de cystite idiopathique grave, après un traitement de douze mois à la dose de 10 mg/j per os. Il existe peu d’effets secondaires.

Le polysulfate de pentosan sodique offre un substitut des glyco-saminoglycanes. Commercialisé sous le nom d’Elmiron® aux Etats-Unis, il est efficace à raison de 50 mg/j en deux prises pour un petit chat et de 66 mg/j en deux prises pour un gros chat.

Le Feliway® utilisé sur une période de deux mois s’est révélé efficace dans cinq cas sur neuf. L’amputation du pénis a entraîné la guérison chez huit chats sur treize.

Enfin, quelques éléments permettent de prévenir et de faciliter la guérison, comme l’enrichissement de l’environnement ou la distribution d’un aliment humide.

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