La publicité dans la profession vétérinaire est-elle correctement menée ?

Tenir compte des nouveaux outils de communication

Afin de mieux communiquer auprès de nos clients, nous envisageons, en plus des traditionnels mailings, d’organiser à la clinique des réunions techniques sur certains sujets précis comme la vermifugation ou encore les gastroscopies (j’exerce en clientèle équine). Nous sommes également sur le point de mettre en ligne le site Internet de la structure.

En ce qui concerne la publicité, notre profession est soumise à des règles assez strictes. Je n’ai jamais constaté d’abus concernant cette question. Je pense qu’il est nécessaire de respecter le Code de déontologie en la matière, mais il faudrait peut-être réfléchir à assouplir ce dernier en prenant notamment en considération tous les nouveaux outils de communication qui sont mis à notre disposition, ainsi que l’implication que peuvent avoir ces outils informatifs auprès de nos clients (recherches systématiques d’informations sur l’Internet, par exemple). En revanche, il me semble important que l’Ordre “s’attaque” à la question des insertions payantes dans les Pages jaunes ou sur certains sites Internet, même si, en la matière, il est probable qu’un certain nombre de dérives sont possibles et difficiles à contrecarrer.

Communiquer est un art auquel nous ne sommes pas formés en tant que vétérinaires. Peut-être cette carence explique-t-elle le succès des formations de practice management auprès de ceux qui font l’effort d’y participer. Il faut être conscient que la meilleure des publicités vient de nous-mêmes, sans que nous ayons besoin, pour cela, d’user d’artifices plus ou moins légaux.

Notre meilleure publicité vient de nos clients

Il me paraît indispensable que, dans le domaine de la publicité concernant notre profession, des règles soient strictement établies et respectées. L’Ordre tient le rôle de régulateur. Un excès de publicité ne peut que dévaloriser notre profession. Nous deviendrions des marchands de soins et non des professionnels de la santé animale. Ces règles nous imposent certes une certaine uniformité en termes de signalétique, mais n’est-ce pas ce qui assure une reconnaissance aisée ? En revanche, dans d’autres secteurs, les règles ordinales pourraient peut-être être assouplies. Il peut ainsi paraître intéressant que les confrères qui le souhaitent puissent être parties prenantes ou responsables d’une boutique de type pet shop, à condition que cette activité soit totalement distincte de la structure vétérinaire. Cela éviterait la dérive de certaines cliniques qui proposent à la vente, de façon outrancière, des produits non médicaux et dénaturent le principe médical de notre lieu d’exercice. Dans ce cadre, il m’apparaît essentiel que la publicité légalement autorisée reste sous le contrôle ordinal pour assurer l’indépendance entre les structures commerciales et médicales. Concernant les insertions dans les Pages jaunes, rien ne paraît pouvoir être interdit tant que le texte reprend totalement ou partiellement ce qui figure dans l’annuaire professionnel. Mais ce vide réglementaire demeure à l’origine d’abus et il serait urgent de clarifier les choses. Enfin, n’oublions pas que la meilleure publicité est la satisfaction des clients à l’égard de notre travail de professionnel de la santé animale.

Les insertions payantes dans les Pages jaunes ou sur les sites Internet me choquent vraiment

En matière de publicité et de communication, tous les membres de notre profession se doivent de respecter un certain nombre de règles et il faut se donner les moyens de vérifier leur application. Une certaine dose de souplesse est certes nécessaire, car nous faisons tous, même de façon involontaire, de petites incartades. Ainsi, il m’arrive de remarquer de légères anomalies, comme l’existence de plaques rétro-éclairées, le dépôt de cartes de visite chez les commerçants ou encore des devantures qui restent allumées toute la nuit. Mais je ne vais pas porter plainte pour autant. De la même manière, je ne m’amuse pas à aller mesurer les lettres sur les devantures de mes voisins pour m’assurer qu’elles respectent les normes en vigueur au millimètre près. En revanche, les insertions payantes dans les Pages jaunes ou sur les sites Internet me choquent vraiment. Selon le montant qui est acquitté, il est possible de disposer d’un nombre d’annonces parfois indécent et d’une présentation privilégiée de sa clinique. A mon avis, dans ce domaine, il conviendrait que l’Ordre intervienne, fixe des règles simples et vérifie leur correcte application, ce qui est un procédé beaucoup plus aisé que de constater que chaque devanture respecte les normes établies. De la même façon, en ce qui concerne le site Internet qui dresse la liste des « meilleurs vétérinaires »⁽¹⁾, j’ai trouvé que la réponse des autorités ordinales était un peu légère. Elles ont indiqué qu’il revenait à chaque praticien de s’occuper personnellement de cette situation.

Je pense que les vétérinaires devraient communiquer beaucoup plus sur la profession en général, mais qu’il ne faut en aucun cas que les praticiens fassent de la publicité chacun de leur côté.

• (1) Voir l’article « Etes-vous l’un des “meilleurs vétérinaires de France”… ? », paru dans La Semaine Vétérinaire n° 1239 du 30/9/2006 en page 14.