L’école d’Alfort refuse de voter un budget « tronqué »

Au cours d’une séance très tendue, tous les élus du personnel et des étudiants du conseil d’administration de l’école vétérinaire d’Alfort, les trois chefs de département, ainsi que Laurence Cohen (conseillère d’Ile-de-France), Eliane Hulot (conseillère générale du Val-de-Marne) et un représentant du XII^e arrondissement de Paris ont quitté la salle avant même la fin du conseil, le 16 novembre dernier. Estimant que le budget soumis ne permettrait pas un fonctionnement normal de l’établissement pour l’année 2007, ils ont tout simplement refusé de le voter.

« Les subventions de fonctionnement accordées par le ministère de l’Agriculture n’ont cessé de diminuer depuis trois ans, explique Bruno Polack, représentant du personnel. Entre 2003 et 2006, elles ont été amputées de 700 000 €. Pourtant, des travaux de restauration d’urgence sont indispensables dans l’établissement, non rénové depuis sa structuration, à la fin du XIX^e siècle. Les travaux visant à remettre aux normes le circuit électrique défaillant, à restaurer la toiture, la salle d’autopsie, ainsi qu’à effectuer le ravalement sont reportés, faute de crédits. Il manque actuellement 1,4 million d’euros pour finaliser les travaux prévus. » Guillaume Ruiz, représentant des étudiants, a évoqué la récente panne de chauffage pendant une semaine (températures de 8 °C dans les amphithéâtres et dans les bâtiments réservés aux animaux), qui illustre bien les défaillances d’entretien. L’absence de levée du gel de 4,5 % sur les subventions de fonctionnement 2006 du ministère (pourtant promise), la diminution drastique de la subvention ministérielle d’enseignement ces dernières années, le report d’une ou de plusieurs années des subventions pour les travaux de sécurité urgents, ou encore la vacance de huit postes de fonctionnaires pour l’année en cours sont autant de dysfonctionnements qui ont fini par provoquer l’exaspération générale de l’assemblée.

Face à l’incapacité du Directeur général de l’enseignement et de la recherche (DGER) d’assurer formellement le respect de ses engagements financiers, les membres du conseil ont menacé de démissionner. Le cabinet de Jean-Louis Büer souligne qu’il accorde pourtant « 24 % des crédits d’investissements de l’enseignement supérieur agricole aux ENV » et qu’il « veille attentivement à leur mise en œuvre, en particulier à l’ENVA ». Ce taux est présenté comme un « effort » en faveur des écoles vétérinaires, mais est-ce vraiment le cas, alors que leurs étudiants représentent 26 % de l’ensemble des élèves de l’enseignement supérieur agricole ?

En attendant, l’école d’Alfort se mobilise afin que des solutions soient trouvées et proposées par la DGER lors du prochain conseil, prévu en janvier 2007.