Entre 1987-1988 et 2003-2004, le phénomène des multirésistances a sensiblement augmenté

Malgré la mise en évidence du rôle joué par de nombreux agents pathogènes (bactéries, mycoplasmes et virus) dans ce qu’il est maintenant convenu d’appeler le complexe respiratoire porcin, Pasteurella multocida en demeure l’un des éléments importants. Par conséquent, la connaissance de l’évolution de la sensibilité de cette bactérie aux principaux anti-infectieux utilisés en médecine vétérinaire revêt un intérêt particulier.

Une étude espagnole⁽¹⁾ a été conduite à partir de 63 souches de Pasteurella multocida (sous-espèce multocida), récoltées en 1987 et 1988, et de 132 souches de cette même bactérie, recueillies en 2003 et 2004. Toutes ont été isolées à l’abattoir, à partir de poumons de porcs présentant des lésions de pneumonie. Les concentrations minimales inhibitrices (CMI₅₀ et CMI₉₀) vis-à-vis d’une vingtaine d’antibiotiques ont été déterminées par la méthode de microdilution en milieu liquide. A partir de ces chiffres, les auteurs de l’étude ont ensuite calculé les taux de résistance vis-à-vis de chacun des antibiotiques testés. En 1987-1988, le pourcentage de résistance était inférieur à 2 % (soit 0 ou 1 souche sur 63) pour 13 anti-infectieux sur 17, compris entre 11 % et 16 % pour trois autres (tous des sulfamides) et de 68 % pour la tiamuline.

Les résultats de l’étude semblent assez proches de ceux observés en France

En 2003-2004, le pourcentage de résistance était inférieur ou égal à 5 % (soit 0 à 7 souches sur 132) pour 11 anti-infectieux sur 17, de 14 % pour l’oxytétracycline, de 42 % pour l’association sulfaméthoxaso-letriméthoprime, de 50 % pour la tiamuline et de 70 à 82 % pour les trois sulfamides. Six antibiotiques se sont révélés actifs in vitro sur 100 % des souches : le ceftiofur, la gentamicine, la néomycine, la tilmicosine, l’enrofloxacine et le florfénicol.

Entre 1987-1988 et 2003-2004, le phénomène des multirésistances s’est amplifié. Ainsi, alors que les taux de résistance à zéro, un seul, deux antibiotiques ou plus étaient respectivement de 27,60 et 13 % en 1987-1988, ils sont passés, seize ans plus tard, à 11,3 et 86 %. Même si les conditions épidémiologiques ne sont pas strictement identiques en France et en Espagne, ces résultats semblent assez proches de ceux qui peuvent être observés dans l’Hexagone.

La lecture détaillée des tableaux présentés dans l’article fait apparaître par ailleurs que, si le taux de résistance vis-à-vis de l’oxytétracycline a sensiblement augmenté entre les deux périodes (de 1,6 à 14,4 %), cette hausse n’a pas été observée envers la chlortétracycline (de 1,6 à 0,7 %), malgré la proximité de structure entre les deux molécules.

• (1) Y. A. Vera Lizarazo, E. F. Rodriguez Ferri, A. J. Martin de la Fuente : « Evaluation of changes in antimicrobial susceptibility patterns of Pasteurella multocida subsp multocida isolates from pigs in Spain in 1987-1988 and 2003-2004 », American Journal of Veterinary Research, 2006, vol. 67, n° 4, pp. 663-668.