« Il y a tout intérêt à casser la logique coercitive institutionnelle pour introduire le vivant » - La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006

Didier Vernay, neurologue au CHU de Clermont-Ferrand et président de l’Afirac

À la une

Auteur(s) : V. C.

La Semaine Vétérinaire : Quelle est votre expérience en termes d’activité associant l’animal (AAA) ?

Didier Vernay : Etant paraplégique, j’ai mené mes consultations en compagnie de Gadjet, labrador formé par l’Anecah (aujourd’hui Handi’ chiens) à partir de 1994. Cette pratique m’a permis de prendre conscience du puissant impact de la présence d’un chien éduqué dans des milieux inhabituels, tant sur les patients que sur leurs accompagnants, les étudiants ou le personnel hospitalier. Quelques années plus tard, une psychologue a travaillé avec Gadjet dans l’hôpital. Deux éthologues se sont joints à elle et deux nouveaux chiens ont été introduits, dont un éduqué par l’Anecah. Les interventions ont eu lieu en neurologie, en gériatrie long séjour, en psychiatrie (unité de jeunes et géronto-psychiatrie) et en médecine physique et réadaptation. Actuellement, plus aucun programme n’est actif au CHU de Clermont-Ferrand, faute de crédits.

S. V. : Votre expérience a-t-elle fait des émules ?

D. V. : Elle a probablement contribué au développement des AAA, mais de nombreuses expériences se développent simultanément depuis une dizaine d’années, avec plus ou moins de coordination et de publicité. De plus en plus d’institutions souhaitent l’intervention d’animaux, en particulier celles qui accueillent des enfants et des personnes âgées. Les hôpitaux, hors services gériatriques ou pédo-psychiatriques, sont beaucoup plus frileux et les expériences dont j’ai connaissance ne sont pas officielles et ne souhaitent pas le devenir dans la plupart des cas.

S. V. : Comment l’expérience a-t-elle été acceptée par le personnel soignant ? Par les malades ?

D. V. : La réaction du personnel est globalement positive, mais cela est lié au sérieux du projet, à son intégration, au respect des pratiques existantes et à sa dimension éthique. Les malades qui ont bénéficié de ces approches étaient attirés et consentants. Nous avons beaucoup de témoignages de reconnaissance.

S. V. : Quels sont les bénéfices ressentis par le corps médical et les malades ?

D. V. : La première chose qui me vient à l’esprit est l’intérêt qu’il y a à casser la logique coercitive institutionnelle. Après avoir passé sept mois de grande dépendance en hospitalisation après mon accident, je sais que l’introduction du vivant dans ces lieux de souffrance et de mort n’est pas un luxe. Les médecins et les administratifs sont les plus frileux, car une pratique atypique bouge le système et renvoie à des enjeux de pouvoir. Quelques praticiens sont réellement convaincus. Pour les malades, outre le bénéfice physiologique démontré (sur le système cardio-vasculaire et le stress), une relation empathique inconditionnelle est souvent citée. Je pense qu’il y a également l’activation d’un mode relationnel avec une adaptation des niveaux de vigilance un peu analogue à ce qui se passe dans les communications non verbales, comme l’hypnose ou la contagion du bâillement dans un groupe. D’où la possibilité d’émergence de potentialités non révélées : déblocages linguistiques, bénéfices attentionnels, affectifs, etc.

S. V. : Quels sont les écueils à l’introduction d’un animal en milieu hospitalier ?

D. V. : L’hygiène est le point clé. Il faut soigneusement définir le milieu et les pratiques autorisées et interdites. Une information de l’ensemble du personnel est nécessaire. Cela dit, la surveillance des animaux et le risque de portage de bactéries multi-résistantes est une grande préoccupation. Les blocages administratifs et financiers gênent également beaucoup de projets. Mais ce qui est le plus préoccupant est l’aspect éthique : pourquoi faire cela, pour qui, avec qui et comment ?

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