La mutation responsable de l’atrophie progressive de la rétine (PRCD) est identifiée - La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006

Maladie génétique APR-PRCD

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Pilorge*, Anne Thomas**

Fonctions :
*praticien à Rennes (Ille-et-Vilaine)
**docteur en biologie, Antagène (Lyon, Rhône)

L’APR-PRCD, affection héréditaire récessive, cause la cécité totale à plus ou moins long terme.

L’une des différentes formes cliniques de dégénérescence des photorécepteurs, d’origine génétique, a fait l’objet de recherches. Il s’agit de l’atrophie progressive de la rétine APR-PRCD, d’apparition tardive, à transmission autosomique récessive. Parmi les dix-sept races canines actuellement concernées, le labrador retriever, le caniche, les cockers anglais et américain sont les principales. Cette affection provoque la dégénérescence et la mort des cellules de la rétine, entraînant ainsi une cécité complète et irréversible à l’âge adulte. Bien qu’elle touche de multiples races et s’exprime cliniquement de différentes manières, elle est associée à un locus unique du génome, dénommé PRCD (Progressive Rod-Cône Degeneration). Des croisements entre les races ont permis de révéler cette information dès 1988 (voir bibliographie 1).

Une seule mutation du gène est responsable des différentes formes de l’affection

En 1998 (voir bibliographie 2), grâce aux avancées de la cartographie du génome canin, il a été possible de situer ce locus sur le centromère du chromosome canin 9 (CFA 9) et de constater que cette zone correspond, chez l’homme, à une région télomérique du chromosome 17 (HSA17q22). Un test génétique de liaison a alors été élaboré, breveté et commercialisé par Optigen (voir bibliographie 3). Cependant, ce test présentait des limites. En effet, en 2003, 12 % et 20 % de faux positifs étaient observés respectivement chez les cockers anglais et les labradors.

Si la taille de la région qui porte ce locus était estimée à environ 30 Mb, la zone d’intérêt a été réduite à 1,5 Mb environ (voir bibliographie 4). Plusieurs gènes connus susceptibles d’être impliqués dans l’affection ont été étudiés, sans succès.

Un laborieux travail de recherche mené à partir de la construction d’une banque d’EST de rétine (l’ensemble des gènes exprimés dans la rétine), puis de leur localisation sur le génome (technique de génétique inverse), a enfin permis de caractériser le gène responsable et de découvrir récemment ce nouveau gène, appelé PRCD (voir bibliographie 5). Une seule mutation de ce gène (mutation ponctuelle TGC -> TAC) est responsable des différentes formes d’affection chez toutes les races concernées.

Ce rôle fera l’objet de recherches intensives à l’avenir, car connaître le mécanisme physiopathologique se révèle indispensable pour envisager des traitements en médecine humaine. En effet, ce gène est également responsable d’une rétinite pigmentaire chez l’homme (voir bibliographie 5).

En médecine vétérinaire, les objectifs sont différents et déjà applicables. Il s’agit de pouvoir disposer d’un test génétique de mutation. Celui-ci présente une fiabilité de plus de 99 % et permet de dépister, dès la naissance, les chiots qui développeront la maladie à l’âge adulte. A l’avenir, il permettra de préciser le statut exact des reproducteurs – sains (homozygotes) ou porteurs sains (hétérozygotes) –, afin d’envisager des croisements sans risque tout en conservant un maximum de variabilité génétique.

L’équipe du CNRS de Rennes, dirigée par Catherine André, et la société Antagène (Lyon, Rhône), sont à l’origine de l’identification du gène impliqué dans cette atrophie de rétine. En localisant précisément sa région, ils ont permis d’envisager le développement d’un test de liaison (voir bibliographie 6). Cependant, entre-temps, la société Optigen (Etats-Unis) a déposé un brevet international pour protéger la découverte de ce gène et la mutation. Elle pouvait dès lors contrôler l’exploitation de tout test de mutation permettant le dépistage de l’APR-PRCD. Dans ce contexte, la société Antagène a jugé opportun de commercialiser dès à présent un test de mutation, en relation avec Optigen(1).

Malgré l’importance d’une telle découverte, il est capital de rappeler qu’un test génétique, quel qu’il soit, fournit un résultat pour une seule affection dans une seule race. Enfin, il convient d’en moduler l’interprétation au cas par cas, selon le contexte médical particulier connu pour chaque race(2).

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - G.D. Aguirre, G.M. Acland : « Variation in retinal degeneration phenotype inherited at the prcd locus », Exp. Eye Res., 1988, vol. 46, n° 5, pp. 663-687.
  • 2 - G.M. Acland et coll. : « Linkage analysis and comparative mapping of canine progressive rod-cone degeneration (PRCD) establishes potential locus homology with retinitis pigmentosa (RP17) in humans », proceeding de la National Academy of Sciences USA, 1998, vol. 95, n° 6, pp. 3048-3053.
  • 3 - P. Pilorge : « Recueil d’actualités sur les tests génétiques », édition annuelle Sferov.
  • 4 - O. Goldstein et coll. : « Linkage disequilibrium mapping in domestic dog breeds identified the ancestral disease chromosome transmitting prcd », 2006, sous presse.
  • 5 - B. Zangerl et coll. : « Identical mutation in a novel retinal gene causes progressive rod-cone degeneration in dogs and retinis pigmentosa in humans », 2006, sous presse.
  • 6 - C. André, T. Vilboux, G. Chaudieu, B. Bolze, G. Queney, A. Thomas, E. Maillet, D. Delattre, F. Galibert : « Atrophie progressive de la rétine chez le cocker anglais », Le Point Vétérinaire, 2005, n° 258.
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