Les tumeurs de la cavité buccale chez le jeune animal évoluent rapidement

Le cancer chez le jeune animal est rare, mais il est souvent plus agressif et d'évolution plus rapide que chez l'animal âgé, d'où l'importance, pour le praticien, de le diagnostiquer et de le prendre en charge rapidement. Ceci est d'autant plus vrai dans le cas des tumeurs de la cavité buccale pour lesquelles la chirurgie est souvent invalidante. Cependant, cette observation est à nuancer par le fait que les tumeurs buccales chez le jeune ne sont pas toujours malignes.

Les tumeurs de la cavité buccale rencontrées chez les jeunes chiens et chats peuvent se développer à partir de nombreuses structures : ligament péridentaire (épulis), lame dentaire à l'origine de la fabrication de la dent (tumeurs odontogènes comme le fibro-améloblastome), épithélium malpighien (carcinome épidermoïde, papillome), système mélanique (mélanome bénin). Des mélanomes malins, des fibrosarcomes et des lymphomes T peuvent également être observés. Le diagnostic différentiel est à réaliser avec les kystes ou les hamartomes (explosion de la lame dentaire qui cesse de progresser).

Les tumeurs odontogènes se développent à partir de restes embryologiques de la lame dentaire. Ces restes, qui sont localisés le long de l'arcade dentaire, peuvent subir une évolution pathologique et se développer sous la forme de tumeurs, en subissant ou non une différenciation des tissus semblable à ce qui se passe lors de l'odontogenèse. Bien que d'origine embryologique, certaines de ces tumeurs ne deviennent visibles que chez l'animal adulte. Les quelques tumeurs ayant classiquement une expression clinique chez le jeune animal sont détaillées ci-dessous.

Les tumeurs odontogènes bénéficient d'un bon pronostic après une exérèse

L'améloblastome est une tumeur bénigne caractérisée par une évolution intra-osseuse à partir de restes embryonnaires. Il se traduit cliniquement par une boursouflure de la mâchoire. Sur les clichés radiographiques, la structure osseuse qui entoure la dent apparaît lacunaire, en association avec une inflammation périphérique touchant la gencive. Le bilan d'extension est à réaliser au niveau maxillaire et la chirurgie doit être réalisée avec une marge de sécurité de 0,5 à 1 cm. Le fibro-améloblastome touche principalement le jeune chat. Il s'agit d'une tumeur inductive qui produit dentine et émail. Cliniquement, la mâchoire (en général le maxillaire rostral) est déformée. Le pronostic de ces deux types de tumeur est bon après une exérèse. Les tumeurs produisant de l'amyloïde (tumeur odontogène calcifiante) se caractérisent par une importante douleur liée à la croissance de la tumeur sans expression extérieure.

La croissance du carcinome épidermoïde papillaire est fulgurante

Le carcinome épidermoïde papillaire aurait une prévalence plus importante chez le labrador, selon des études américaines. Son évolution est particulièrement rapide avec une multiplication de sa taille par trois en dix jours. Cependant, le pronostic est plutôt favorable avec un traitement agressif qui consiste en une exérèse large (marges de 1 à 2 cm), voire une maxillectomie ou une mandibulectomie partielle et un traitement de radiothérapie adjuvant. Le rôle inducteur d'un papillomavirus est évoqué dans la formation de la tumeur.

Les tumeurs malignes indifférenciées du jeune ont, quant à elles, une évolution dramatique avec une adénopathie marquée et une progression spectaculaire. Le traitement des tumeurs de la cavité buccale chez le jeune est le même que chez l'animal âgé, si ce n'est qu'il faut alors prendre en considération la rapidité d'évolution. Des traitements adjuvants peuvent se révéler nécessaires après la chirurgie lorsque les marges d'exérèse ne sont pas saines. Le recours à la radiothérapie externe ou à la chimiothérapie, en particulier pour le carcinome épidermoïde, le fibrosarcome ou le mélanome, peut être utile. L'alimentation entérale fait partie de l'arsenal thérapeutique envisageable comme chez tout chien cancéreux, dans la mesure où il s'agit de maladies souvent anorexigènes. Il convient également de gérer la douleur qui peut être particulièrement importante au niveau de la cavité buccale.

Les tumeurs de la cavité buccale chez le chiot peuvent cependant être considérées comme rares. Elles se développent dans un contexte embryologique et épidémiologique spécifique. Leur diagnostic doit être précoce et le bilan d'extension rigoureux étant donné leur rapidité d'évolution.