Les T1pro toulousains se mettent en conditions réelles de l'audit sanitaire - La Semaine Vétérinaire n° 1242 du 21/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1242 du 21/10/2006

Formation des étudiants. Mammites et qualité du lait

Actualité

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

Les futurs vétérinaires ont réalisé des expertises globales d'élevages présentant des problèmes de mammites.

Etre prêt, dès la sortie de l'école, à proposer du conseil en élevage, et notamment à réaliser des “audits mammites”. Tel est l'un des objectifs de la formation dispensée dans le cadre du T1pro bovin toulousain. Pour l'atteindre, comme les quatre années précédentes, les futurs confrères et consœurs ont complété leur formation de deuxième cycle en réalisant eux-mêmes une expertise globale d'un problème de mammites dans des élevages proposés par des praticiens partenaires. Une partie de cette formation (deux jours) a la particularité d'associer des étudiants vétérinaires et de futurs techniciens (étudiants de la licence professionnelle “les métiers du conseil en élevage”). « Les étudiants de ces deux filières apprennent à se connaître et découvrent leurs points forts respectifs, explique Dominique Bergonier, maître de conférence à l'école de Toulouse. L'éleveur peut en effet faire appel à d'autres professionnels de l'élevage que son vétérinaire pour le conseiller, tels que les contrôleurs laitiers, les inséminateurs ou les spécialistes en bâtiment. Ils ont en général une bonne connaissance technique de leur domaine spécifique, un mode de rémunération indirect de leurs prestations et une proximité naturelle avec le producteur. Pour développer les audits ou les suivis d'élevages, le praticien doit intégrer cet état de fait, connaître ses futurs partenaires et tendre vers une nécessaire complémentarité du conseil. »

« Techniquement, il doit être le plus pertinent possible dans ses domaines propres, explique notre confrère.Epidémiologie des infections, thérapeutique, hygiène, bactériologie, cytologiedulait, etc., ajoute-t-il. Méthodologique ment, il doit convaincre l'éleveur qu'il se différencie des autres intervenants par une capacité d'approche globale des problèmes : le praticien est à même, de par sa formation et son expérience, de proposer une approche intégrée ou une synthèse des différentes données techniques spécifiques. »

Cinq élevages de la périphérie toulousaine ont fait l'objet d'un audit

Durant les quatre semaines initiales de formation des T1pro, quatre journées sont consacrées aux mammites et à la qualité du lait. Outre la présentation de la démarche “GTV Partenaire” par Bertrand Faroult, une journée a été dédiée à des ateliers pratiques sur le thème « traite mécanique et mammites » : structure et fonctionnement de la machine à traire, contrôle Optitraite et études de cas. Les deux autres journées, les 5 et 6 octobre, ont été consacrées aux “audits mammites”.

Chaque étudiant a réalisé en groupe, encadré d'un spécialiste, son propre audit d'un élevage présentant des problèmes de mammites ou de comptages cellulaires en réponse à la proposition d'un confrère. « Cinq élevages ont fait l'objet de cette procédure sur la même période de deux jours, encadrée par des enseignants de l'école ou des intervenants spécialisés de l'Institut de l'élevage ou de Merial », précise Dominique Bergonier. Par ailleurs, l'intervention en élevage elle-même a précédé deux demi-journées consécutives de travail en groupe et une demi-journée de restitution collective des premières conclusions de l'audit, à l'école, aux différents professionnels concernés : éleveurs, praticiens et contrôleurs laitiers. Des comptes rendus définitifs ont été rapidement envoyés par courrier. « L'implication des praticiens des départements limitrophes est donc déterminante dans cette formation », souligne notre confrère. La formation aux “audits mammites” complète celles dispensées tout au long de l'année sur les thèmes du conseil en alimentation, de la reproduction et, bien entendu, de la pathologie infectieuse, parasitaire, etc. L'activité ambulatoire, particulièrement dynamique en “pathologie du bétail”, s'adresse régulièrement aux D3, T1pro et internes.

« Profiter de la dynamique “bilan sanitaire” »

La réforme de la politique agricole commune et la nécessité accrue de rentabilité des ateliers laitiers ont ouvert la voie à de nouveaux comportements de gestion globale des élevages et probablement à un certain renouvellement de l'intérêt et des méthodes du conseil.

Du côté vétérinaire, une visite sanitaire annuelle obligatoire, associée à un bilan volontaire et à un programme de formation des éleveurs, a été instaurée en 2005. La visite sanitaire 2006-2007 insistera en particulier sur la tenue du registre d'élevage. Ce point clé permet d'aborder ensuite, avec l'éleveur, les questions importantes de la prévalence réelle des mammites, souvent sous-estimée dans d'autres documents, et des traitements.

Les modules volontaires et de formation peuvent également être considérés comme un tremplin pour le cabinet rural ou mixte. Le bilan sanitaire volontaire vise en effet à développer, entre autres, la prévention et à sécuriser et raisonner l'emploi des médicaments.

Ces deux aspects ont des applications importantes dans le domaine des mammites. Ces maladies polyfactorielles ne peuvent être maîtrisées par la seule antibiothérapie curative et donnent lieu, dans les élevages, à une multiplication de traitements antibiotiques suivant des schémas parfois fantaisistes, ce qui expose la production à des positivités en résidus inhibiteurs.

Il importe de profiter de cette nouvelle dynamique du bilan sanitaire, en plus de l'évolution générale de la filière laitière française, pour la traduire durablement en actes de conseil.

Dominique Bergonier
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