L'acte vétérinaire se définit au niveau européen

La définition de l'acte vétérinaire fait l'objet d'une réflexion au niveau européen. Le congrès de la Federation of Equine Veterinary Associations (Feeva), organisé le 12 octobre dernier dans le cadre du congrès de l'Association vétérinaire équine française (Avef), à Versailles (Yvelines), a été l'occasion d'échanges entre les intervenants des différents pays sur ce thème. La réflexion arrive aujourd'hui à maturité, comme l'a souligné notre confrère Christophe Buhot, président de l'Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP).

A l'heure actuelle, il n'existe pas de définition de l'acte vétérinaire. La directive européenne 2005/36 définit seulement la qualification professionnelle. « Il revient aux différents Etats membres de définir ce qu'est l'acte, a expliqué notre confrère. La profession souhaite une harmonisation. » Ce débat est important, car cet acte engage la sécurité du consommateur, des denrées alimentaires, ainsi que la qualité du service rendu aux propriétaires. Il soulève aussi la question de l'exercice illégal. Dernier point, il garantit un haut niveau de bien-être animal et de santé humaine.

« Au début, nous avions listé les différents actes, a commenté Christophe Buhot. Il était assez difficile de les trier. Il existe autant de situations différentes que de pays. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur les principes, selon deux axes : comment définir l'acte vétérinaire et étudier la possibilité de délégation. » L'acte vétérinaire peut ainsi regrouper quatre caractéristiques. La première est qu'il se rapporte à tous les sujets matériels ou intellectuels qui ont un objectif de diagnostic, de traitement, de prévention de maladies ou de détermination du statut de santé de l'animal. La deuxième est qu'il concerne toutes les interventions qui affectent l'intégrité physique d'un animal et, troisième point, toutes les interventions qui sont, ou qui peuvent provoquer une douleur. Enfin, il couvre toutes les interventions invasives (cela inclut, par exemple, l'exploration des cavités).

Christophe Buhot s'est ensuite attaché à présenter les acteurs en présence, soulignant la notion de formation et d'enseignement, de compétence, de contrôle sous la supervision d'un vétérinaire, de niveau de responsabilité et de besoins de la société. Ces points sont actuellement en cours de rédaction. Leur présentation et le débat consécutif auront été finalisés d'ici à la prochaine assemblée générale de l'UEVP afin qu'ils puissent y faire l'objet d'une adoption. L'European Union of Veterinary Hygienists (UEVH), l'European Association of State Veterinary Officers (EASVO) et l'European Association of Veterinarians in Education Research and Industry (EVERI) feront aussi part de leurs spécificités. Une position finale pour l'ensemble de la profession sera édictée par la Fédération des vétérinaires européens (FVE). « Nous ne recherchons pas une situation de monopole, mais il y a aujourd'hui trop d'acteurs. Cela a pour conséquence l'affaiblissement des organisations vétérinaires de santé publique et une érosion de la confiance des consommateurs. »

Il convient de rester vigilant en matière de médecines non conventionnelles

Les médecines non conventionnelles ont aussi été abordées lors de cette journée. Certains intervenants ont souligné le nécessaire maintien de la vigilance dans ce secteur. En effet, lorsqu'une brèche est ouverte, il est alors difficile de la refermer, comme l'a montré l'expérience française en matière d'insémination artificielle.

« L'acte vétérinaire doit être fondé sur des bases scientifiques, a affirmé Marco Eleuteri (Italie). Ces disciplines ne le sont pas. Nous n'y sommes pas opposés, mais nous pensons qu'elles doivent suivre la même voie que les autres médecines : en termes d'enseignement, etc. » Certains intervenants ont aussi mis en évidence la nécessité de réaliser des études dans les domaines concernés. « Si les vétérinaires ne sont pas capables de fournir ces services, les propriétaires auront tendance à se tourner vers d'autres acteurs », a, pour sa part, estimé Joe Collins (Irlande), un avis que partage David Foley, secrétaire général de l'American Association of Equine Practitioners (AAEP).

Malgré les avancées, le dopage équin est toujours un sujet de controverses

Le meeting Feeva a également été l'occasion d'évoquer le dopage. Notre confrère, Michael Duee (trésorier de la Feeva, Allemagne) a rappelé son évolution depuis la détection de cas aux jeux Olympiques d'Athènes. Il a notamment mis en exergue les travaux et l'évolution de la “task force” de la Fédération équestre international (FEI). Plusieurs avancées positives ont eu lieu, mais ce sujet a également donné lieu à des controverses. Notre confrère a rappelé que les temps de détection indiqués par l'European Horserace Scientific Liaison Committee (EHSLC) ne sont pas synonymes de temps de retrait. « Pour décider des temps de retrait, une marge de sécurité doit être ajoutée », a-t-il souligné. Dans le secteur des courses, la communication s'est accrue sur les temps de détection de plusieurs substances. Dans celui des sports équestres, la FEI communique sur la medicine box. L'organisation permet aussi la réalisation de tests de détection quand une substance a été administrée, afin de savoir si elle a été éliminée ou non. Mais elle doit alors faire partie d'une liste définie.

Notre confrère allemand a par ailleurs insisté sur la nécessité de l'harmonisation en termes de dopage.