Cinq étapes indispensables composent le plan de nettoyage/désinfection des poulaillers - La Semaine Vétérinaire n° 1242 du 21/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1242 du 21/10/2006

Bâtiments et lutte contre les agents infectieux

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou

Nettoyage, désinsectisation et lutte contre les rongeurs, suivis d'une décontamination, d'un vide sanitaire et, éventuellement, d'une deuxième désinfection doivent être mis en œuvre après le départ des animaux.

L'élevage plus ou moins intensif des volailles facilite les infections virales, bactériennes et parasitaires, qui provoquent à la fois morbidité, mortalité, diminution des performances zootechniques et pertes économiques. Dans ce contexte, il est impératif de lutter contre la persistance des agents infectieux, qui peut être longue dans l'environnement immédiat des volatiles. En effet, des bactéries, par exemple les colibacilles, sont capables de survivre dans le sol, la boue et le fumier de trente-cinq à cent vingt jours. Le virus de la maladie de Marek, quant à lui, peut résister dans les poussières jusqu'à cent douze jours. Par conséquent, le seul moyen de briser le cercle de l'infection est d'appliquer à chaque fin de bande un nettoyage méticuleux qui est suivi d'une désinfection avant le vide sanitaire.

Il est donc important que la conception ainsi que l'aménagement des bâtiments et de leurs abords permettent des opérations de nettoyage et de désinfection efficaces. Les circuits d'aération, d'abreuvement, d'alimentation, de collecte d'œufs et d'évacuation des déjections doivent être, dans la mesure du possible, facilement démontables ou accessibles pour autoriser leur nettoyage et leur désinfection.

Le programme de nettoyage/désinfection mené après le départ des volailles se compose de deux étapes successives :

- la première phase consiste à éliminer les sources et les réservoirs des micro-organismes grâce au nettoyage, à la désinsectisation et à la lutte contre les rongeurs ;

- la seconde phase a pour objectif la décontamination et le vide sanitaire qui est suivi d'une deuxième désinfection, le plus souvent par fumigation, après la remise en place du matériel, lui même nettoyé et désinfecté, et de la litière (voir photo 1).

Un nettoyage, même bien effectué, supprime seulement 70 à 90 % des germes présents

Le nettoyage est une étape essentielle de la maîtrise sanitaire des maladies. L'élimination mécanique de toutes les souillures du bâtiment, de haut en bas, est impérative. Il est fortement conseillé d'utiliser un matériel de nettoyage à haute pression pouvant projeter de l'eau chaude, voire très chaude, car cette dernière améliore nettement le nettoyage. Il est souvent utile d'ajouter un détergent pour bien éliminer les souillures grasses et collantes. Un nettoyage, même particulièrement bien effectué, ne supprime que 70 à 90 % des germes présents. D'où l'intérêt de la désinfection pour détruire les germes résiduels (10 à 30 %).

La désinsectisation détruit les parasites externes (acariens, etc.) et les insectes nuisibles aux volailles (mouches, ténébrions) qui peuvent diminuer les performances zootechniques, voire véhiculer des agents infectieux dangereux (salmonelles, colibacilles, etc.). La désinsectisation doit se faire dans l'heure qui suit le départ des animaux, dans la mesure du possible. Un traitement en pulvérisation est à appliquer sur toutes les parois et sur la litière. Les insecticides actuellement employés sont les carbamates (surtout contre les insectes rampants), les organophosphorés (contre les acariens) et les pyréthrinoïdes de synthèse.

La lutte contre les rongeurs est la troisième étape du processus de lavage et de nettoyage. Les rongeurs sont des commensaux habituels des bâtiments d'élevage de volailles, surtout en hiver, où ils sont attirés par la nourriture disponible et les abris tempérés. Outre les nuisances qu'ils provoquent chez les volatiles (stress, agitation, réservoirs d'agents infectieux, etc.), ils détériorent et dégradent les installations (parois, isolants, etc.) et gaspillent la nourriture des volailles. Les espèces de rongeurs les plus répandues sont la souris grise, le mulot, le rat gris ou rat d'égout, les rats noirs. Il est rare de rencontrer plusieurs espèces ensemble (concurrence biologique). Les poisons utilisés contre les rongeurs, aussi appelés rodonticides, sont en général des substances hyperprothrombinémiantes ou anticoagulantes qui agissent par blocage de la vitamine K, inhibant la synthèse de la prothrombine en thrombine, ce qui entraîne la mort par hémorragie interne au bout de quelques jours (quatre à quinze selon les molécules). Il s'agit habituellement de dérivés soit de la coumarine, soit de l'indanédione. Ils sont commercialisés sous forme d'appâts ou de poudre de piste. Tous sont obligatoirement colorés en rouge ou en bleu.

La désinfection fait partie de la deuxième phase du programme de nettoyage/désinfection. Elle suit toujours la phase de lavage et de nettoyage du bâtiment et du matériel et ne doit jamais dépasser un délai de vingt-quatre heures. Il est essentiel de rappeler aux éleveurs que seules les surfaces propres sont à désinfecter, car les résidus organiques inhibent l'action des désinfectants en protégeant les agents infectieux.

Sept principaux types de désinfectants sont utilisés pour la désinfection

La désinfection peut se faire de diverses façons : par pulvérisation, aérosol, nébulisation, thermonébulation, etc. Il existe sept principaux types de désinfectants chimiques utilisés dans le secteur de l'aviculture.

Les premiers sont les dérivés du phénol. Le phénol naturel est un produit toxique corrosif dont l'odeur est forte et qui possède une activité germicide médiocre. La chimie a modifié les phénols naturels par synthèse (aryphénols, phénols halogénés, alkylphénols, etc.) en supprimant leur toxicité et leur mauvaise odeur et en améliorant leur activité antimicrobienne (surtout vis-à-vis des Gram positif). Ainsi, ils sont devenus actifs sur toutes les formes végétatives des bactéries, ainsi que sur les spores. Ils sont souvent associés à des détergents ou à des mousses. Leur emploi est indiqué pour la désinfection du bâtiment, du matériel d'élevage, dans les pédiluves et les rotoluves.

Pour leur part, les ammoniums quaternaires sont des composés aminés à fort pouvoir tensioactifs. Il s'agit de produits virucides et bactéricides (sur les Gram positif et négatif). Ils présentent l'avantage de n'être ni toxiques, ni irritants, ni corrosifs. De plus, ils sont stables à la chaleur (130 °C). En revanche, ils sont fréquemment inactivés par les matières organiques, les détergents anioniques, les eaux dures et la chaux. Ils sont généralement associés à d'autres désinfectants.

Les aldéhydes (formaldéhydes, glutaraldéhydes, glyoxal) sont des produits corrosifs et irritants, essentiellement employés sous forme gazeuse. Le formol, par exemple, est un désinfectant à large spectre, peu onéreux, mais irritant et incompatible avec les insecticides. Il est utilisé le plus souvent avec les ammoniums quaternaires pour la désinfection des locaux et du matériel. Il sert aussi à la désinfection des œufs avant l'incubation, à celle des incubateurs vides et en fonctionnement et à celle des éclosoirs vides et en fonctionnement. Cependant, en raison de leurs effets carcinogènes chez l'homme, ces molécules seront bientôt interdites.

L'iode, elle, peut être utilisée sous forme de iodophore, un agent organique solubilisant qui, combiné à l'iode, le libère progressivement sous forme active dans l'eau. Il est particulièrement efficace, mais coûte assez cher.

La désinfection peut également se faire grâce aux composés chlorés. Parmi ces derniers, les hypochlorites sont peu chers, mais peu stables dans des conditions de conservation ordinaires, il faut toujours penser à réaliser des préparations extemporanées. Ils sont inactivés par la chaleur et neutralisés par les matières organiques auxquelles ils se combinent. Leur action se détériore rapidement lorsque des modifications de pH surviennent. Les composés chlorés sont essentiellement employés dans l'eau de boisson, pour une meilleure maîtrise bactériologique.

Pour la désinfection des sols, deux produits sont préconisés. Le premier est la soude caustique qui dissout les matières organiques et élimine les agents pathogènes grâce à son pH basique (supérieur à 12). Elle est incompatible avec les insecticides. Il est possible de l'utiliser à 1 % (500 l pour 1 000 m2). Le second produit est la chaux vive, poudre caustique particulièrement efficace utilisée telle quelle.

Le vide sanitaire constitue la dernière étape du processus de nettoyage/désinfection. Il correspond au temps nécessaire pour le séchage du bâtiment, qui peut être amélioré par le chauffage. Il est possible de l'accompagner d'une désinsectisation supplémentaire si cela se révèle nécessaire. Le vide sanitaire dure au moins quinze jours. Quant à l'arrivée des poussins, elle se prépare trois à quatre jours à l'avance par la mise en place de la litière, du matériel d'élevage, du chauffage, etc., (voir photo 2) pour un meilleur démarrage de la bande.

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