La durée du travail est l’inconvénient majeur de la profession pour 60 % des confrères interrogés - La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Nathalie Devos

Six heures. C’est la durée moyenne quotidienne, idéalement, que les Français consacreraient à leur travail s’ils en avaient le choix, selon un sondage TNS-Sofres(1). Un rêve, certainement, pour presque 60 % des confrères et des consœurs qui considèrent le temps de travail comme l’inconvénient majeur de leur activité vétérinaire, selon un récent sondage réalisé sur le site Planete-vet.

Il n’existe pas encore d’études finalisées sur la durée moyenne du travail effectif des vétérinaires, mais une enquête est en cours à ce sujet par divers syndicats et organisations qui représentent la profession. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)(2) dispose de chiffres sur les professions indépendantes. Ainsi, d’après l’institut, l’horaire hebdomadaire des professions libérales ou assimilées (dont les professions de santé) est en moyenne de 51,4 heures (contre 38,7 pour les salariés du privé), de 59,9 pour les indépendants qui exercent dans l’agriculture et de 58,3 pour le commerce et les services de proximité.

Un indépendant travaille seize heures de plus qu’un salarié par semaine

C’est la continuité des soins, les gardes, qui sont les plus incriminées dans ces horaires à rallonge. Certes, d’autres professions n’en sont pas épargnées. Un urgentiste, par exemple, qui peut parfois effectuer soixante-dix à quatre-vingts heures de travail hebdomadaire et parfois davantage, n’en est pas exempté. Mais, mis à part le haut degré de stress qu’il faut supporter, la différence avec les vétérinaires libéraux, chefs d’entreprise, réside dans le fait qu’il existe pour les médecins hospitaliers des lois sur la réduction du temps de travail et sur le repos obligatoire après chaque garde, puisqu’ils sont assimilés salariés.

La rémunération du travail accompli est le deuxième aspect mis en exergue par un quart des votants. Toujours selon l’Insee, les indépendants gagnent en moyenne(2) 30 400 € par an. Ce revenu annuel net s’échelonne de 14 000 € dans l’agriculture à 54 400 € pour les professions libérales (dont les professions de santé : 61 300 €). Des chiffres publiés par la Caisse autonome de retraite et de prévoyance des vétérinaires (CARPV) au début de cette année(3) indiquent que le revenu vétérinaire libéral moyen s’est établi à 56 731 € en 2004, soit près de 7 % de plus qu’en 2003. En comparaison, les professions indépendantes (chef d’entreprise, agriculteurs ou professions libérales) ont donc des revenus supérieurs de 45 % à ceux des salariés du privé, mais travaillent 16 heures de plus par semaine. Exercer en libéral sous-entend que le salaire dépend du montant des honoraires, du niveau des charges, mais aussi du volume de travail accompli. Aussi, pour se ménager du temps, gardes partagées et grandes structures de type centre hospitalier sont des solutions possibles.

  • (1) Réalisé pour le magazine Vivre Plus, du 3/9/2006.

  • (2) Insee Première n° 1084, juin 2006.

  • (3) Voir la Semaine Vétérinaire n° 1212 du 4/2/2006, pp. 12-13.

réactions Internet

Réglementation excessive

On peut penser qu’on travaille trop, qu’on ne gagne pas assez et même que les confrères voisins sont parfois trop peu confraternels, voire que l’on subit tout à la fois.

Mais quand à cela s’ajoute une réglementation totalement inadaptée à la profession, alors que celle-ci est cautionnée ou mise en place par nos instances professionnelles, alors là, oui, on peut vraiment en avoir assez. Sans oublier que cette réglementation engendre partiellement, du moins, les autres inconvénients.

Philippe Boudart

Management et croquettes ?

Ce qui me dérange le plus, aujourd’hui, c’est l’évolution de notre activité vers le management. De nos jours, il faut gérer minutieusement tous les postes de dépenses et de revenus.

La vente de nourriture est d’ailleurs devenue un complément de ce dernier. Or cela ne m’intéresse pas. Je suis avant tout un prescripteur et non un « propharmacien » et moins encore un vendeur de croquettes. Cette évolution est plus subie que souhaitée par nombre de confrères de ma génération.

Hervé Daniel

Trop de pression

Plus que la rémunération elle-même, c’est son rapport avec les horaires et les responsabilités en général qui me semble disproportionné. Si l’on considère la pression liée à la clientèle, celle que subit tout chef d’entreprise, aussi bien financière que relationnelle, et enfin les astreintes, je considère que nous sommes plutôt mal rémunérés. Surtout si l’on se compare à des professions équivalentes en ces termes et à niveaux de compétence et de responsabilité équivalents, de type avocats, notaires, etc.

Gérard Delahaye
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