La symptomatologie peu spécifique des maladies parasitaires complique le diagnostic différentiel - La Semaine Vétérinaire n° 1240 du 07/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1240 du 07/10/2006

Entérites en élevage avicole

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou*, Khaled Kaboudi**

Le recours aux examens parasitologiques et à l’autopsie est essentiel pour cibler les mesures thérapeutiques et prophylactiques à mettre en œuvre.

La présence d’entérites dans un élevage avicole pose des problèmes de diagnostic, clinique et différentiel. En effet, diverses causes, entre autres parasitaires, peuvent être à l’origine de telles maladies dont la symptomatologie est peu spécifique. Malgré la gravité assez variable d’une entité à l’autre, il est évident que les affections parasitaires chez les volailles représentent une contrainte pour l’amélioration de la production et peuvent même provoquer des pertes importantes, comme les coccidioses, si l’intervention n’est pas rapide et efficace. De cela découle l’importance majeure de la bonne démarche diagnostique et du recours obligatoire aux examens parasitologiques afin de cibler les mesures thérapeutiques et prophylactiques.

Les maladies parasitaires à l’origine d’entérites chez la poule et la dinde sont nombreuses et impliquent principalement des nématodes et des protozoaires (voir tableau). Les volailles malades extériorisent tout d’abord des signes généraux non spécifiques, tels que de l’anorexie, de l’apathie et une dégradation de l’état général, ce qui induit donc une altération des performances zootechniques (indice de consommation, gain moyen quotidien, ponte, etc.).

Les nématodoses incluent capillariose, ascaridiose et hétérakidose

L’infestation par les nématodes est souvent à l’origine d’une entérite catarrhale. Les parasites les plus fréquemment identifiés et les mieux connus sont les capillaires, les téniasis et les ascarides.

La capillariose est définie comme l’infestation du tractus digestif des oiseaux par des parasites monoxènes et hématophages du genre Capillaria. Deux espèces fréquentes parasitent les voies digestives supérieures et l’intestin grêle, C. obsignata et C. caudinflata.

Quant aux ténias, au moins vingt-cinq variétés réparties en cinq familles sont capables de parasiter les différentes portions de l’intestin des volailles. Tous les ténias passent par un hôte intermédiaire qui infeste l’animal lorsqu’il l’ingère (escargot, limace, ver de terre, mouche, fourmi, etc.). Davainea proglottina et Raillietina sp. sont parmi les cestodes les plus rencontrés.

L’ascaridiose est, pour sa part, une infestation de l’intestin grêle des volailles par de nombreuses espèces d’Ascaridia, parasites monoxènes, dont A. galli principalement, qui peut être un vecteur potentiel de Salmonella Enteritidis.

L’action pathogène de ces parasites est à l’origine d’une altération de l’absorption des électrolytes, des vitamines et des oligoéléments à la suite de l’obstruction intestinale.

Enfin, l’hétérakidose est une infestation des caecums des volailles par des parasites du genre Heterakis, vecteur habituel de l’agent de l’histomonose. La diarrhée ne se déclenche, généralement, que lors d’une infestation massive. Elle est associée le plus souvent à une typhlite nodulaire subaiguë. Les nodules sont perceptibles dans l’épaisseur de la muqueuse des caeca, rappelant les lésions de la tuberculose et de la coligranulomatose.

Coccidioses et histomonose font partie des protozooses

L’infestation par les protozoaires est à l’origine d’entérites hémorragiques, qui accompagnent les coccidioses, ou d’entérites nécrotiques, observées lors d’histomonose.

Les coccidioses sont des protozooses affectant plusieurs espèces d’oiseaux, notamment les galliformes. Elles sont dues à l’action pathogène de multiples espèces de coccidies, principalement du genre Eimeria, dont la localisation intestinale diffère. L’infestation se fait par l’ingestion des ookystes, très résistants dans le milieu extérieur. Les volailles mortes, au bout de cinq à sept jours, présentent des lésions qui varient selon l’espèce de la coccidie en cause. Provoquée par un protozoaire flagellé, Histomonas meleagridis, l’histomonose est, quant à elle, une maladie qui inflige de lourdes pertes aux éleveurs de dindes. Elle cause parfois des ravages parmi les poulets. Le parasite en cause, parfois véhiculé par Heterakis gallinarum, attaque le caecum et le foie des oiseaux. Le parasite en question peut se localiser éventuellement dans la bourse de Fabricius, comme l’ont confirmé, pour la première fois, Cortes et coll. (2004) chez des poulets atteints d’histomonose.

Du diagnostic parasitologique macroscopique et microscopique au diagnostic sérologique

Les prélèvements, représentés principalement par les matières fécales et le contenu intestinal, peuvent être conservés dans du formol à 10 %.

L’examen macroscopique des matières fécales et des contenus intestinaux est indispensable. En effet, la consistance, le méléna et la présence de vers entiers (ascarides, ténias) ou de segments de ténia peuvent orienter le diagnostic.

L’examen microscopique peut être direct ou indirect. L’examen direct des fientes ou du contenu intestinal, après la dilution dans une goutte d’eau, est une méthode rapide et simple. Il permet souvent le diagnostic des parasites mobiles et la visualisation des œufs et des petits nématodes (Heterakis, capillaires). Quant aux techniques indirectes, il en existe différents types.

Celle de flottation consiste à diluer les fientes dans un liquide dense de telle sorte que, sous l’action de la pesanteur ou d’une centrifugation, les œufs montent et se concentrent à la surface du liquide, où il est possible de les recueillir. La technique de sédimentation se révèle simple à réaliser, mais elle prend du temps (dix à douze heures). Elle est préférée pour l’identification des œufs denses (cestodes, trématodes).

Le recours à d’autres moyens de diagnostic a été développé chez les volailles. C’est ainsi que, récemment, Martin-Pacho et coll. (2005) ont mis en œuvre un test Elisa pour le diagnostic d’une ascaridiose expérimentale chez les poules pondeuses. Préparé à base de l’antigène somatique du parasite, le test utilisé a permis de détecter les immunoglobulines G (IgG) dès la première semaine de l’infection. Le titre en anticorps sériques corrèle positivement avec le taux des œufs du parasite excrétés dans les fèces des poules. D’autres méthodes de diagnostic peuvent être employées, notamment la culture sur milieux spécifiques, tel que le Dwyer’s medium, qui permet la confirmation d’une histomonose au bout de vingt-quatre heures.

Plus récemment, les techniques moléculaires (PCR, séquençage, etc.) trouvent de plus en plus leur intérêt dans le diagnostic des maladies parasitaires ; elles visent plutôt à développer les moyens prophylactiques(1).

  • (1) Huber et coll. : 2005.

    Bibliographie, critères de détermination des œufs d’helminthes et principales molécules utilisées dans le traitement des entérites parasitaires chez les volailles peuvent être consultées sur Planete-vet.com (rubrique “Bibliographie”, taper “SV-1240-50”).

Précisions

Le parasitisme n’est pas toujours associé à la maladie. En effet, la présence d’œufs ou d’ookystes dans les matières fécales ne reflète pas toujours la gravité de l’infestation, mais surtout la fécondité, le stade évolutif du parasite et le statut immunitaire de l’hôte. Ainsi, la présence d’un faible nombre d’œufs de capillaires dans les fientes peut être associé à une maladie sévère, étant donné la pathogénicité de ce parasite. En revanche, la présence de quelques ascarides adultes dans les intestins des volailles peut être à l’origine de l’excrétion d’une quantité importante d’œufs dans les fèces, mais n’engendre pas forcément une maladie clinique sévère.

K. A. et K. K.
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