L’infestation par Haemonchus contortus induit une réponse immunitaire de type Th2

La lutte contre les nématodes, parasites gastro-intestinaux, nécessite de développer la sélection des animaux résistants et de faire progresser la connaissance de l’immunisation des hôtes de ces parasites. Une expérimentation menée chez 81 agneaux “INRA 401”, âgés de trois mois, a exploré l’orientation de la réponse immune résultant de l’infestation par Haemonchus contortus (Hc), les cinétiques des effecteurs associés à la réponse immunitaire de type Th2⁽¹⁾ de la muqueuse de la caillette et les effets de la réponse immunitaire cellulaire et humorale chez les populations de nématodes au sein de l’hôte.

Les animaux sont divisés en trois groupes : 24 agneaux témoins ne sont pas infestés par des larves L3 d’Hc (groupe C), 28 ne reçoivent qu’un seul challenge parasitaire (groupe B) et 29 autres (groupe A) sont infestés deux fois à trente-cinq jours d’intervalle (^{voir tableau}).

Tous les résultats expérimentaux sont en faveur d’une réponse immunitaire de type Th2. En effet, une augmentation de la transcription du gène codant pour l’interleukine-4 (IL-4) est observée à la fois dans les ganglions lymphatiques de la caillette et dans la muqueuse fundique de la caillette des animaux infestés, quel que soit leur groupe. En revanche, aucune augmentation des ARN_m IL-4 n’est observée chez les animaux du groupe témoin. De plus, chez les agneaux des groupes A et B, une production d’anticorps IgG et IgA spécifiques du parasite est enregistrée dans le mucus et le sérum, ainsi qu’un important recrutement de cellules éosinophiles, de mastocytes et de globule leucocytes⁽²⁾ au sein de la muqueuse de la caillette.

Chez les agneaux qui ont reçu une seule infestation parasitaire, la hausse des ARN_m IL-4 est graduelle depuis le septième jour post-challenge (JPC) jusqu’au vingt-huitième JPC. En revanche, chez les agneaux qui ont préalablement subi une infestation parasitaire, cette hausse est précoce (dès le troisième JPC), élevée et stable.

Cellules et immunoglobulines dépriment le développement et la fécondité d’H. contortus

En ce qui concerne le recrutement cellulaire (cellules éosinophiles, mastocytes et globule leucocytes) et la sécrétion des immunoglobulines (IgG et IgA), le niveau des réponses finales est similaire pour les animaux des groupes A et B. Néanmoins, le recrutement cellulaire et la sécrétion d’immunoglobulines sont plus précoces chez les agneaux préinfestés. Selon les chercheurs, cette différence pourrait être due à une rapide mobilisation des mécanismes immunitaires après le challenge du groupe A, comparé à celui du groupe B, ou bien à la présence de cellules et d’anticorps résultant de la première infestation.

Le développement des vers et la fécondité des femelles sont plus déprimés chez les agneaux du groupe A (double infestation) que chez ceux du groupe B (une seule infestation). L’altération du développement du parasite et la baisse de la fécondité des vers femelles seraient donc liées à la précocité de la mobilisation des effecteurs, plutôt qu’à l’intensité de la réponse finale.

Une forte corrélation négative existe entre le recrutement des cellules éosinophiles, des mastocytes et des globule leucocytes et, par ailleurs, entre la longueur du ver adulte femelle et le nombre d’œufs in utero. Une corrélation positive est observée entre, d’une part, le nombre de cellules éosinophiles et le nombre de mastocytes et, d’autre part, la proportion relative de vers immatures. De plus, une forte corrélation négative existe entre la quantité de cellules éosinophiles et la proportion de vers adultes. Ces cellules pourraient donc jouer un rôle dans la dégradation du développement du parasite et la diminution de l’excrétion des œufs d’Hc par les fèces des animaux.

Les réponses en anticorps (IgA du mucus et IgG du sérum) sont positivement corrélées à la quantité de vers immatures et négativement corrélés à la longueur des vers femelles et au nombre d’œufs in utero.

• (1) Les cytokines produites au site immunitaire peuvent favoriser une réponse de type Th1 (hypersensibilité) et/ou une réponse protectrice de type Th2 (production d’anticorps de type IgG1, IgA ou IgE). Les interleukines IL-12 et l’interféron IFN-gamma induisent une réponse de type Th1. Les interleukines IL-4 produites par les muqueuses induisent une réponse de type Th2.

• (2) Mastocytes intra-épithéliaux qui ont dégranulé ou sont en train de le faire.

• Source : C. Lacroux et coll. : « Haemonchus contortus (Nematoda : Trichostrongylidae) infection in lambs elicits an unequivocal Th2 immune response », Vet. Res., 2006, n° 37, pp. 607-622.