L'interdiction du commerce du cacatoès soufré a porté ses fruits en Indonésie

Depuis sa mise en vigueur en 1975, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) subit régulièrement des critiques : elle serait inadaptée à protéger efficacement les espèces en danger, elle entraverait la liberté du commerce et, lorsqu'elle classe des espèces dans la protection maximale de l'annexe I (interdiction du commerce international), elle attirerait davantage l'attention des trafiquants sur elles.

Mais ces critiques pèsent peu au regard de la réussite de cette convention. Si la « liberté du commerce » qui existait avant sa création avait continué à s'appliquer, quantité d'animaux et de plantes auraient déjà disparu.

Le cacatoès soufré est classé « en danger critique d'extinction »

Un exemple récent confirme que cette convention peut contribuer à sauver un animal d'une fin programmée. En Indonésie, le cacatoès soufré (Cacatua sulphurea) a décliné dangereusement durant les années 1970 et 1980, au point d'être classé « en danger critique d'extinction » sur la liste rouge de l'Union mondiale pour la nature (UICN), en raison principalement de son commerce (légal et illégal) comme « animal de compagnie ». En 1994, un quota zéro d'exportation a été institué suivi, en 2004, par le classement de l'espèce en annexe I de la CITES.

Vers une préservation d'espèces vouées encore récemment à une disparition certaine

Une comparaison a été faite des niveaux d'abondance d'une sous-espèce, le cacatoès à huppe orange (Cacatua sulphurea citrinocristata) entre 1992 et 2002, donc avant et après l'instauration du moratoire⁽¹⁾.

Les mêmes portions de forêt, sur l'île de Sumba, ont été recensées. En 1992, la population était estimée à 3 200 individus, avec une exploitation annuelle de 1600 individus, peut-être davantage… Autant dire que cet oiseau était condamné à court terme. Mais en 2002, les effectifs étaient remontés. La densité était passée à plus de quatre individus au km², contre deux individus en 1992. La taille des groupes était aussi bien plus importante.

Les chercheurs se gardent de tout triomphalisme, soulignant que ces nouvelles densités restent faibles par rapport à celles d'autres sous-espèces. Du temps sera nécessaire pour que le niveau de la population se stabilise. Le braconnage n'a pas non plus totalement disparu, même s'il est davantage contenu. Néanmoins, le bilan est largement positif. Des mesures d'accompagnement sont également indispensables à la survie des espèces menacées, comme la protection, enfin décidée, des forêts où vit cet oiseau, ainsi que des campagnes de sensibilisation à l'égard des populations autochtones, pour leur faire comprendre l'intérêt de conserver la biodiversité.

• (1) A. Cahill, J. Walker et S. Marsden : « Recovery within a population of the critically endangered citron-nested cockatoo Cacatua sulphurea citrinocristata in Indonesia after 10 years of international trade control », Oryx, vol. 40, n° 2, avril 2006.