Estimez-vous que la création de centres hospitaliers vétérinaires est utile ?

Nos activités sont complémentaires

Une structure de type “hôpital” va voir le jour dans l’agglomération nantaise. Elle résulte de la fusion de deux importantes cliniques ou j’avais déjà l’habitude de référer certains cas (interventions de chirurgie osseuse ou articulaire complexes, ophtalmologie) et la collaboration a toujours été excellente (contacts téléphoniques puis comptes rendus écrits des actes effectués chez les cas référés). A l’avenir, j’ai l’intention de continuer à utiliser les services de cette structure qui va prochainement faire l’acquisition d’un scanner, pour proposer à ma clientèle des techniques d’exploration que je ne pratique pas moi-même. Exerçant une médecine généraliste au sein de mon cabinet, je pense que nos activités sont complémentaires et un tel partenariat ne peut qu’être profitable aux deux parties, tant que la structure hospitalière s’en tient au traitement du seul cas référé et assure un retour systématique au vétérinaire traitant.

En revanche, il ne serait pas souhaitable que ces établissements se multiplient au sein d’un même département, car ils risqueraient alors de nuire à la médecine de proximité telle que je la pratique. Quant à l’ouverture la nuit, le week-end et les jours fériés, il s’agit d’un service supplémentaire mis à la disposition des confrères qui souhaitent le proposer à leur clientèle. Libre à chacun de l’utiliser ou pas. Il est vrai qu’à Nantes, nous disposons déjà d’un service de garde assuré par un certain nombre de confrères volontaires ainsi que du service d’urgences de l’école vétérinaire, au nord de l’agglomération. Cette nouvelle structure située au sud de la ville complète assez bien, me semble-t-il, la répartition.

Un cas est d’abord référé à une personne

En Ile-de-France, il existe quelques grosses structures, mais une seule réunit tous les critères qui lui permettent de se dénommer « hôpital vétérinaire ». Pour ma part, je suis spécialisé en dermatologie et, malgré tout, je ne vois pas d’un mauvais œil l’ouverture de telles structures. Je ne pense pas non plus que le développement potentiel de ces hôpitaux peut inquiéter les confrères, même s’ils sont installés à proximité. En effet, leurs activités sont complémentaires. Les premiers ont besoin des seconds pour travailler, quant aux seconds, il ne peut être que bénéfique de savoir qu’ils peuvent profiter d’un tel plateau technique. Concernant les vétérinaires spécialisés, je ne pense pas non plus qu’ils doivent s’inquiéter (à moins qu’ils exercent juste à côté !). En effet, on réfère à une personne avant de référer à une structure, et ce, que le vétérinaire spécialisé exerce en cabinet, en clinique ou en hôpital. D’autant que chaque type d’établissement a ses avantages et ses inconvénients, notamment des tarifs généralement supérieurs liés, entre autres, à leurs frais de fonctionnement. De plus, étant donné le faible nombre de vétérinaires spécialisés pour chaque discipline en France, ils incorporent progressivement de telles structures. En revanche, il est évident que chacun doit jouer le jeu et ne pas empiéter sur le type d’activité des confrères. En outre, je pense que nous ne sommes pas assez tenus au courant de toutes les subtilités qui permettent de différencier un hôpital d’une clinique vétérinaire. En résumé, je suis partisan de la création des hôpitaux, mais il est certain que les investissements nécessaires à leur création limiteront spontanément leur développement.

Ces structures ne doivent pas entrer en concurrence directe avec les praticiens généralistes

Je ne suis pas particulièrement favorable au développement massif d’hôpitaux vétérinaires. En région parisienne, une seule clinique porte cette dénomination, mais d’autres structures qui regroupent des vétérinaires spécialistes et assurent les urgences 24 h/24 sont bien implantées. A mon sens, cela rend superflue la création de nouveaux centres hospitaliers. Ceci est d’autant plus vrai que la plupart de mes clients sont mobiles, motivés et ne rechignent pas à effectuer des déplacements si les avantages liés à ce type d’établissement leur sont clairement exposés. Le centre hospitalier dispose d’un plateau technique de qualité ainsi que de vétérinaires ultra-spécialisés à qui je réfère les cas les plus complexes afin de faire bénéficier mes clients de leur compétence et de leur technicité. En contrepartie, les investissements nécessaires à la création d’une telle structure sont importants et se répercutent sur les honoraires demandés. Je préviens donc mes clients, tout en leur précisant que ce coût est justifié. Par ailleurs, j’aimerais que ces hôpitaux respectent une certaine charte (traitement des référés uniquement) afin de ne pas entrer en concurrence directe avec les vétérinaires généralistes que nous sommes, en refusant la réalisation des vaccinations par exemple. Enfin, pour que nous puissions travailler ensemble efficacement, les hôpitaux devront veiller à ne pas négliger la communication avec les confrères, d’autant que nous sommes indispensables à leur bon fonctionnement.