« Les foyers actuels représentent la partie émergée de l’épidémie » - La Semaine Vétérinaire n° 1237 du 16/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1237 du 16/09/2006

Interview. Etienne Thiry, professeur de virologie à Liège

Actualité

Auteur(s) : Thierry Renaud

La Semaine Vétérinaire : Où en est aujourd’hui la progression de la fièvre catarrhale ovine dans les élevages de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne et du nord de la France ?

Etienne Thiry : La maladie progresse, c’est un fait. Non seulement de nouveaux foyers apparaissent, mais nous enregistrons aussi de temps en temps des déclarations de foyers relativement anciens. A l’heure actuelle, étant donné le réchauffement du climat dernièrement, nous pouvons nous attendre à observer une nouvelle poussée de Culicoides avec, vraisemblablement, un nouveau pic intervenant au cours des prochains jours. Lorsque les vecteurs se calmeront à la suite d’une baisse de la température, nous enregistrerons certainement une diminution du nombre de cas, attendue vers la fin du mois.

S. V. : L’identification de la maladie a-t-elle été précoce ? Dans les régions concernées, qui ne constituent pas traditionnellement une zone d’endémie de la fièvre catarrhale, n’a-t-elle pas, dans un premier temps, été confondue avec d’autres affections ?

E. T. : En effet, si l’on essaie d’établir l’historique de cette épidémie via une enquête de terrain, il est clair que des signes cliniques qui peuvent maintenant être attribuables à la fièvre catarrhale ovine ont été identifiés chez les bovins plusieurs semaines avant l’identification du premier cas belge, le 18 août dernier. Nous avons bénéficié, en Belgique, de la découverte de la maladie aux Pays-Bas, et c’est à ce moment-là que nous avons relié un certain nombre de signes cliniques observés chez les bovins à la fièvre catarrhale.

Nous pouvons, sans trop nous tromper, et même sans avoir réalisé une étude exhaustive, dire que des signes cliniques attribuables à cette affection ont été notés dès la fin du mois de juin ou au cours du mois de juillet. Il est clair aussi que les foyers observés à l’heure actuelle représentent vraisemblablement le dessus de l’épidémie et qu’un certain nombre de cas sont certainement passés relativement inaperçus, parce que subcliniques.

S. V. : Concrètement, quels premiers gestes doivent effectuer les praticiens installés dans ces régions s’ils sont confrontés à une suspicion de fièvre catarrhale ?

E. T. : Il faut tout d’abord connaître les éléments du diagnostic différentiel chez les bovins, puisque l’atteinte principale semble concerner cette espèce. Il convient que les praticiens fassent attention aux lésions faciales, c’est-à-dire un œdème érythémateux périoculaire ; des lésions ulcéro-nécrotiques dans la cavité buccale, principalement à l’arrière des incisives et au niveau du bourrelet incisif ; des lésions ulcéreuses, érythémateuses et croûteuses sur le mufle. Dans le cas d’une vache laitière, un œdème et un érythème de la peau de la mamelle et des lésions ulcéro-nécrotiques sur les trayons sont d’autres éléments évocateurs. En outre, des œdèmes sous-glossiens sont notés dans quelques cas. En revanche, une boiterie importante est fréquemment observée. Elle est liée à des œdèmes des membres et du bas des membres d’une part, et à des lésions qui se situent sur la face antérodorsale au-dessus de l’onglon, près des espaces interdigités, d’autre part. Un cas bovin suspect est donc un animal adulte qui présente de l’hypersalivation avec des lésions sur les trayons et une boiterie.

S. V. : L’émergence de ce virus, et plus précisément du sérotype en cause, dans ces régions d’Europe peut-elle s’expliquer d’un point de vue épidémiologique ?

E. T. : Il s’agit de la question qui nous préoccupe le plus. Le virus identifié est de sérotype 8, présent auparavant en Afrique et en Amérique du Sud. Le laboratoire de Pirbright n’a que quelques virus de ce sérotype dans ses collections. Donc, il s’agit d’un événement assez surprenant. D’où vient-il ? Nous l’ignorons encore. Deux sources sont possibles : soit des Culicoides infectés, soit des animaux infectés en phase de virémie qui sont arrivés dans les régions d’Europe du Nord. Des études doivent être menées pour tenter de clarifier les choses. Mais il n’est pas du tout certain, au bout du compte, que les études épidémiologiques parviennent à réaliser ce tracing back, et donc à identifier la réelle source de l’infection.

  • L’interview peut être écoutée en intégralité sur le site Planete-vet.com

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