Le plus fidèle compagnon de l’homme déserte la capitale

Entre 2002 et 2006, la population de chiens présente dans Paris intra-muros est passée de 190 000 à 147 000 animaux, soit une chute de 22,6 %⁽¹⁾. Interrogé sur cette baisse par l’Agence France Presse (AFP), Yves Contassot, adjoint au maire de Paris, chargé de l’environnement, des espaces verts et du traitement des déchets, a confirmé ces chiffres, tout en précisant qu’il s’agit d’une estimation. Le calcul a en effet été réalisé à partir d’un échantillon représentatif de 4 000 Parisiens.

Peut-être faut-il associer à cette diminution drastique la complexité de la vie des chiens au sein de la capitale. Transports, lieux publics, parcs et jardins interdits, etc. : la liste des espaces accessibles à la gent canine n’est pas particulièrement étoffée.

En lançant le « zéro crotte », la mairie de Paris annonçait-elle le « zéro chien » ?

Depuis que Bertrand Delanöe est maire, les Parisiens propriétaires de chiens sont soumis à des contrôles plus fréquents pour le ramassage des déjections sur la chaussée, sous peine de verbalisation. La politique de la tolérance zéro est en marche : fini la prévention, la municipalité opte, depuis 2002, pour la répression. L’amende est d’ailleurs plutôt salée en cas de non-respect. Le montant de la contravention pour ne pas avoir ramassé les déjections peut aller de 183 à 450 € lors de récidive. Or selon le droit français, si le maire peut librement incriminer, il ne peut prévoir une sanction plus élevée que celle de première classe, qui s’élève à 38 €⁽²⁾. Si, selon l’enquête de l’Institut scientifique et technique de l’animal en ville (Istav), 40,6 % des villes ont adopté un arrêté municipal de verbalisation à l’encontre des propriétaires contrevenants, le montant des amendes varie fortement d’une municipalité à l’autre. A Rennes, ceux qui font acte d’incivisme écopent d’une amende de 11 à 38 €. La même incivilité dans la capitale serait donc plus répréhensible…

Les contraintes ne s’arrêtent pas là. Le petit guide du maître édité par la mairie de Paris rappelle que les chiens doivent être tenus en laisse en toutes circonstances et en tous lieux, même dans le bois de Boulogne. Ainsi, un chien dont le maître vit à Paris toute la semaine ne peut être détaché, ne serait-ce qu’une fois.

L’intégration du chien dans l’écosystème urbain paraît bien complexe et ceci pourrait avoir contraint certaines personnes à se séparer de leur animal ou à en dissuader d’autres d’en acquérir.

• (1) Supplément Paris-Obs du Nouvel observateur du 7/9/2006.

• (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1210 du 21/1/2006 en page 27.