88 % des confrères n’ont bénéficié d’aucun arrêt de travail pour maladie ou accident l’an passé - La Semaine Vétérinaire n° 1237 du 16/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1237 du 16/09/2006

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

L’absence d’arrêt de travail pour maladie ou accident est de règle dans la profession : près de 90 % des confrères et consœurs qui ont répondu au sondage sur le site Planete-vet.com ont été fidèles au poste l’année dernière. Les contraintes financières liées à l’entreprise libérale expliquent en partie ce taux, de même que le souhait de ne pas désorganiser le travail de la structure et de ne pas surcharger l’exercice de son ou de ses collègues. En effet, les praticiens se heurtent souvent à un problème lorsqu’ils souhaitent recruter rapidement des remplaçants autonomes.

La profession n’est pas particulièrement “protégée” contre les risques de maladie ou d’accident. Ainsi, la liste des dangers professionnels auxquels s’exposent les salariés en milieu vétérinaire urbain(1), recensée par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), est loin d’être anodine : mycoses (teignes et épidermophyties), zoonoses bactériennes et virales (maladie des griffes du chat, pasteurellose, tuberculose, brucellose), zoonoses parasitaires (toxoplasmose, leishmaniose, giardiose, babésiose, tæniasis, toxocarose), ectoparasitoses (gales, puces, etc.), dermites allergiques ou d’irritation, rhinites et broncho-pneumonies d’origine allergique, risques liés aux gaz et aux vapeurs anesthésiques, aux rayonnements ionisants et aux risques accidentels.

En outre, lors d’une activité en milieu rural ou semi-rural, les risques comprennent non seulement les morsures, les griffures, les piqûres et autres coupures, mais également les accidents liés à la manipulation des gros animaux (équidés et bovins) et à l’utilisation de la voiture. A cela s’ajoute l’épuisement émotionnel qui peut, dans certains cas, mener au burn out syndrom. Ce dernier se caractérise par des troubles de l’humeur, ainsi que des symptômes plus psychiques et comportementaux que physiques. Son installation est progressive, due à de multiples stress professionnels. Il survient chez des individus engagés dans une relation d’aide à autrui.

La vigilance est de mise, particulièrement en raison de la méconnaissance qu’ont les médecins du travail des risques de maladie spécifiquement liés à l’exercice vétérinaire.

  • (1) « Conditions de travail et risques professionnels dans les cliniques, » Documents pour le médecin du travail de l’INRS, 2003, n° 94.

réactions Internet

Fracture entre deux générations

J’ai manqué deux heures en vingt-deux ans d’activité, fidèle au poste quel que soit mon état de santé. Je tiens à souligner la fracture énorme entre « l’ancienne génération », à laquelle j’appartiens, et la nouvelle. Certains estiment avoir le droit à des « congés » maladie, en plus de leurs congés annuels ! Certes, les revenus des libéraux sont moindres qu’auparavant, mais notre formidable métier doit nous faire accepter les contraintes qu’il impose. Je me souviens m’être arrangé, du temps où j’étais ALD, pour me faire opérer de la jambe pendant mon mois de congé, pour ne pas chambouler l’organisation de mes patrons. L’état d’esprit « ouvrier CGTiste » m’est insupportable, ou alors qu’on ne réclame pas un statut de cadre…

Gilles Chave

Au boulot, même malade

J’ai été arrêté quelques jours l’année dernière, car j’avais alors un ALD.

N’ayant pu le garder pour des raisons économiques, il est probable que dorénavant je ne m’arrêterai plus.

En effet, étant donné l’exigence de la clientèle, le respect des rendez-vous donnés, la nécessité d’assumer les contraintes financières, la conscience professionnelle, la difficulté de trouver un remplaçant au pied levé, j’irai au boulot, même malade. Vive les prérogatives et la protection sociale du libéral !

Philippe Boudart
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