Un corps étranger peut être à l’origine de prolapsus chez les reptiles - La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006

Affection du cloaque chez un iguane vert

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Emmanuel Risi

La cœliotomie exploratrice permet de visualiser un cæcum rempli et dilaté par une masse de 3 sur 1,5 cm.

Un iguane vert (Iguana iguana) est présenté en consultation pour une masse apparue sous la queue en région cloacale. L’animal est jeune, a été acheté en animalerie et pèse 60 g. Cet iguane vit dans un environnement adapté (terrarium de 150 x 100 x 40 cm, hygrométrie de 70 %, lampes UVB et chauffantes à 27-28 °C, bassin). Son alimentation est composée de fruits (agrumes, bananes, pommes) et de légumes (tomates, salades, concombres). La masse est apparue trois jours auparavant et aucun excrément n’a été observé depuis. L’animal est anorexique depuis deux jours.

A l’examen clinique, une masse rouge, sèche et partiellement nécrosée est observée à la sortie du cloaque. La cavité buccale (muqueuses, langue, choanes), la tête, les membres et la peau sont passés successivement en revue. La densité osseuse est normale (absence de signes d’hypocalcémie et d’ostéodystrophie) et aucun corps étranger n’est visible à la radiographie. Une masse indurée est palpée en région abdominale, sans localisation précise. La masse prolabée présente une lumière qui peut être cathétérisée. L’aspect de la muqueuse suggère un prolapsus du cloaque et d’une portion du côlon (voir photo 1). Les tissus sont légèrement desséchés et en voie de nécrose en surface, mais l’organe ectopié est encore viable (bonne recoloration des muqueuses à la pression et congestion passive moyenne).

Le traitement de cette affection est chirurgical.

Une cœliotomie est entreprise pour rechercher la cause de l’occlusion et réduire le prolapsus. Une origine sous-jacente (hypocalcémie, insuffisance rénale, cloacite et/ou colite à flagellés, occlusions intestinales, occlusion cæcale, rétention d’œuf, masses intestinales ou cœlomiques) doit également être recherchée et traitée.

L’iguane est anesthésié à l’aide d’un mélange tilétamine-zolazépam à la dose de 7 mg/kg. Une nouvelle injection, d’une demi-dose, est nécessaire en cours d’intervention. Pendant l’opération chirurgicale, l’animal est placé en décubitus dorsal sur une plaque chauffante et l’abdomen est désinfecté à l’aide de povidone iodée. Une incision cutanée paramédiale est réalisée (présence d’une veine ventrale à éviter en position médiale).

Le prolapsus est réduit grâce à une traction prudente du côlon vers la cavité cœlomique

L’exploration des organes laisse apparaître un cæcum rempli et dilaté par une masse de 3 cm de long sur 1,5 cm de large. Il s’agit d’une occlusion cæcale par un corps étranger, probablement à l’origine du prolapsus cloacal. Une cæcotomie est alors réalisée. Le cæcum est extériorisé et entouré de compresses stériles (voir photo 2). Une incision est réalisée le long de sa paroi, le plus loin possible de sa jonction avec l’intestin. La masse est retirée par pression. La paroi du cæcum est inspectée pour rechercher tout signe de nécrose. Un surjet simple au fil monofilament résorbable décimale 1,5 permet ensuite de refermer le cæcum. Les instruments chirurgicaux souillés sont remplacés par des instruments stériles. Le prolapsus est réduit en effectuant une traction prudente du côlon vers la cavité cœlomique (voir photo 3). Etant donné la finesse de la paroi du côlon, aucune pexie n’est réalisée. Le retrait du corps étranger est jugé suffisant pour éviter tout risque de récidive. La peau et la fine paroi musculaire sont suturées grâce à des points en U éversants (fil tressé résorbable décimale 2) afin de permettre la bonne cicatrisation des écailles. En période postopératoire, l’animal est placé dans un terrarium chauffé et le réveil est rapide. Le corps étranger retiré est une masse compacte formée de feuilles avalées par l’iguane dans son terrarium (plantes de décoration, voir photo 4).

A la fin de l’intervention, l’iguane reçoit une injection de marbofloxacine par voie intramusculaire dans le biceps brachial (10 mg/kg). Pendant son hospitalisation (trois jours), l’animal reçoit, une fois par jour, une injection de marbofloxacine par voie intramusculaire, puis par voie orale, à la même dose de 10 mg/kg, pendant quatre jours.

Dès le lendemain, l’iguane défèque normalement. Il est nourri par gavage pendant l’hospitalisation (purée de légumes et de fruits). L’appétit est normal trois jours après et aucun signe d’infection postopératoire ni aucune récidive du prolapsus ne sont observés. Il est conseillé au propriétaire de placer les plantes de décoration à l’extérieur du terrarium ou de s’assurer de leur caractère comestible.

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