« Les contrôles doivent être renforcés en matière d’importation, de vente, d’Internet »

La Semaine Vétérinaire : Quelles évolutions vous paraissent souhaitables en matière de législation relative à la prévention des morsures et des attaques accidentelles de chiens ?

Geneviève Gaillard : Il ne m’apparaît pas judicieux d’ériger dans la loi des catégories de chiens auxquelles seraient imposées des restrictions. En outre, les nouvelles races susceptibles d’apparaître au fil du temps ne seraient pas “traitées”. Par ailleurs, les personnes qui souhaiteraient contourner ces dispositions en auraient tout le loisir en procédant à des croisements !

Le seul bon sens résiderait, tout au plus, dans la distinction entre “petits” et “gros” chiens (avec un seuil à définir pertinemment), des mesures différenciées s’appliquant aux premiers et aux seconds. En effet, la morsure d’un yorkshire est moins mutilante que celle d’un setter ou d’un berger allemand.

En revanche, la loi peut définir des conditions d’élevage et de détention des animaux. Elle peut créer des obligations par et pour les propriétaires : de formation, de visites, de contrôle des rapports entre maîtres et chiens, de bon équilibre comportemental des animaux.

S. V. : Ne se heurte-t-on pas également à une difficulté d’application ?

G. G. : La loi peut interdire certaines pratiques, sachant qu’il est alors indispensable de faire appliquer ces mesures sur le terrain. Elle oblige déjà les maîtres à tenir leurs animaux muselés et en laisse dans les lieux publics. Or combien en voyons nous se promener sans ce type d’équipement ?

Une donnée de taille vient toutefois relativiser la pertinence de ce type de dispositions. Ainsi, les accidents répertoriés tendent à démontrer que les morsures interviennent en grande majorité au sein de la sphère privée, et non dans des lieux publics.

Je pense donc que la loi peut cadrer, encadrer et organiser des contrôles qui doivent être renforcés, en particulier en matière d’importation de chiens, de vente de la main à la main ou via des journaux gratuits et sur l’Internet. Mais cela n’empêchera pas un labrador ou un boxer, chiens hors catégorie 1 ou 2, de mordre.

S. V. : Que faire lors d’utilisation de l’animal à des fins criminelles ?

G. G. : Il convient de renforcer le volet pénal en étant plus sévère vis-à-vis des infractions et des délits commis au moyen de chiens dont la fonction devient celle d’une arme par destination, et en restreignant, par exemple, la possibilité de détenir de gros chiens pour les personnes possédant un casier judiciaire.