Les conditions d'élevage et l'éducation du chien dépassent la question des races “dangereuses” - La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006

Prévention et sensibilisation

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Auteur(s) : Marine Neveux

Une bonne sociabilisation du chiot semble primordiale aux yeux de nombreux professionnels.

La France n’a pas été le seul pays touché par l’actualité sur les chiens “dangereux” au cours de ces derniers mois. Et les mesures envisagées prennent parfois des aspects variés. La Suisse, notamment, a connu des drames qui ont conduit le canton de Genève à décréter durant l’été que tous les chiens devaient être tenus en laisse et muselés dans les parcs (les autres, ceux de la liste des chiens dits “dangereux”, doivent l’être partout). En France, un accident survenu à proximité de Toulon a amené le maire de la commune à déclarer que tous les chiens de 1re et 2e catégories ne pouvaient plus sortir dans la municipalité (obligation donc de rester chez eux)… Cet arrêté a été suspendu par le tribunal administratif le temps du recours.

Les élevages doivent être au coeur de la prévention des dérives comportementales

Sortir de la catégorisation raciale ou morphologique est pourtant le souhait de plusieurs intervenants en lien avec l’animal de compagnie.

« Nous savons que toutes les races de chiens placées ou élevées dans de mauvaises conditions sont potentiellement agressives et dangereuses », insiste notre consoeur Geneviève Gaillard. « Du point de vue des filières officielles, je souligne que les élevages sont le berceau de l’assise comportementale des chiens », poursuit-elle. Certains intervenants de la filière souhaitent interdire la reproduction chez les particuliers et réserver les annonces aux professionnels, mais ces propositions ne recueillent pas l’adhésion. « Limiter la reproduction chez les particuliers ne constitue pas non plus une bonne solution, car ils ont des chiens plutôt équilibrés », estime Claude Beata, président de Zoopsy et vétérinaire comportementaliste. Un point de vue que rejoint Gérard Arthus, président de la Société centrale canine (SCC).

C’est l’effort de communication et d’information qui est mis en valeur, autant par les ministères que par les différents acteurs.

Les modalités de commercialisation souffrent encore d’un manque de contrôle

« Nous souhaitons valoriser les conditions d’élevage pour optimiser une bonne sociabilisation des chiots », explique Jean-Paul Petitdidier, viceprésident de la SCC. Ce dernier met aussi en avant la création de certifications et d’un guide de bonnes pratiques relatif à l’élevage. « Un guide des bonnes pratiques de la commercialisation est aussi nécessaire. » Jean-Paul Petitdidier s’interroge aussi sur la problématique des marchands de chiens. Rien ne réglemente actuellement la durée pendant laquelle un chiot reste en vente dans un magasin. « Est-ce favorable à une bonne socialisation qu’un chiot reste en vitrine pendant plusieurs semaines ? », s’interroge le vice-président de la SCC.

« La loi du 6 janvier 1999 a pointé du doigt des races, mais nous savons que la problématique des chiens dangereux peut concerner n’importe quelle race ou apparentée. En outre, le chien de race représente environ 150 000 sujets sur les 900 000 chiens vendus chaque année. La problématique est donc beaucoup plus large et a de multiples facettes », explique Anne-Marie Le Roueil, présidente du Syndicat national des professionnels du chien et du chat (SNPCC).

« L’éleveur de chien de race n’a aucun intérêt à ce que ses animaux ne soient pas bien dans leur tête. Il existe une démarche de qualité. Si les petites annonces qui ne répondent pas à la réglementation, de même que les ventes furtives par des personnes peu scrupuleuses pouvaient être supprimées, une partie du problème serait déjà réglée ».

Le manque d’information sur le chien de race est pointé par certains intervenants.

« Les éleveurs connaissent leurs chiots, diffusent des conseils et des documents légaux et peuvent orienter les propriétaires vers un vétérinaire ou un éducateur. Quand il existe une bonne pratique d’élevage, la socialisation est faite », poursuit Anne-Marie Le Roueil.

Face aux drames récents, les éleveurs de rottweilers et d’american staffordshire ont réagi. Ainsi, les premiers sont plutôt favorables au fait de passer les chiens qui ressemblent à des rottweilers en 1re catégorie afin qu’ils ne nuisent pas aux caractéristiques et à l’image de la race.

Un travail de sensibilisation pourrait être mené en amont de la vente du chien

« Des procédures pourraient permettre d’informer les futurs propriétaires bien en amont de l’acquisition d’un animal. Chaque acteur doit être sensibilisé à la notion d’engagement et de qualité pour que l’animal arrive dans une famille de façon harmonieuse », explique Jean-Luc Vuillemenot, secrétaire général de l’Association française d’information et de recherche sur l’animal de compagnie (Afirac). « Nous devons travailler sur l’information des propriétaires, avec des étapes techniques, comme le bilan comportemental. Et, pour tout ce qui est lié à l’éducation, il convient d’encourager le maître à travailler à la connaissance pratique des modes de fonctionnement de son chien avec un professionnel ou un amateur éclairé. Il faut valoriser et encourager les écoles de chiots, les mairies, les vétérinaires, les clubs canins, etc. », préconise-t-il.

Un message qui doit être unique et cohérent. « Je suis certain qu’entre les vétérinaires et les éducateurs, une collaboration et même une complémentarité sont possibles. Elles supposent que les éducateurs canins reconnaissent le statut de vétérinaire comportementaliste et son expertise sur les troubles du comportement avant de mettre en place une méthode d’éducation ou d’évolution des procédés du chien, déclare Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Ces procédures et ces thérapies peuvent éventuellement être mises en oeuvre par un éducateur, mais un diagnostic par un vétérinaire doit les précéder. »

Ce relais pourrait exister au niveau des collectivités territoriales, d’autant qu’il arrive aux maires de se heurter à un déficit de connaissance des textes et à un déficit de suggestions, de propositions et de partenariat.

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