Le changement des pratiques professionnelles permet de construire un assainissement durable - La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006

Syndrome dysgénésique respiratoire porcin

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Deux années de vaccination de masse et de respect continu des règles de biosécurité raisonnées et expliquées à l’équipe de travail ont abouti à l’arrêt de la circulation du virus dans un élevage de la Beauce.

Lorsque les résultats économiques ne sont pas bons, il n’y a plus d’autre choix que celui de l’assainissement », a argumenté un couple d’éleveurs de porcs lors des Rencontres internationales de production porcine (RIPP) organisées en mars dernier à Loudéac (Côtes-d’Armor). Les modalités de contrôle et d’éradication de l’infection par le virus syndrome dysgénésique respiratoire porcin (SDRP) ont été abordées à l’occasion de ce symposium. Ont ainsi été successivement traités les caractéristiques biologiques et épidémiologiques du virus, les moyens de stabiliser un élevage infecté, l’importance du respect des règles de biosécurité spécifiques. Des témoignages concernant des expériences françaises et espagnoles de stabilisation et d’éradication du SDRP dans un élevage sans le vider ont efficacement illustré les différents points clés de cette méthode. Assainir par une autre voie que le dépeuplement-repeuplement, en l’occurrence un assainissement bande par bande, a été le pari tenté et réussi par ce couple d’éleveurs bretons, installé en Beauce.

Adaptation des cochettes et vaccination de masse sont primordiales

Pour l’année 2002, les résultats techniques de cet élevage naisseur-engraisseur de quatre cents truies acquis le 1er mai 2003 se caractérisent par un taux de 3,9 % de pertes pendant le sevrage, auxquelles s’ajoutent 5,6 % de pertes pendant l’engraissement et une croissance faible. L’audit sanitaire réalisé en avril 2003 révèle la présence du circovirus de type II, la circulation du virus SDRP chez les truies et les porcs en engraissement, la circulation d’Actinobacillus pleuropneumoniæ sérotype 2 en engraissement, ainsi que des signes de rhinite, également chez les porcs en engraissement. Compte tenu du rôle favorisant du virus SDRP au regard de l’expression clinique des autres affections, l’objectif posé est au minimum d’assainir l’élevage vis-à-vis du SDRP, via une réforme des truies par bande complète au sevrage et leur remplacement par des bandes de cochettes “saines”.

La méthode et l’accompagnement, pilotés par notre confrère Patrick Pupin, de Synthèse Elevage (Ille-et-Vilaine), repose sur la qualité sanitaire des cochettes introduites dans l’élevage, la qualité hygiénique de leur transport et un plan de vaccination rigoureux (voir protocole), associés au strict respect des règles de biosécurité. L’approvisionnement de sept lots de plus de soixante cochettes toutes les trois semaines permet une livraison directe depuis l’élevage multiplicateur, sans contact possible avec d’autres animaux. Une quarantaine, permettant d’accueillir deux lots de soixante cochettes, est aménagée dans une ancienne grange. La qualité et la durée de la quarantaine (six semaines) font partie des points essentiels à la maîtrise d’une infection par le virus SDRP.

L’observance des règles de biosécurité passe par un changement durable des pratiques

« Il faut une grande motivation, ne commettre aucun impair, ne pas compter son temps. Le droit à l’erreur n’existe pas, ont déclaré les éleveurs. Il est nécessaire de toujours garder en tête quels sont les animaux contaminés, les non contaminés, quelle tenue utiliser. Il est indispensable aussi que les salariés aient bien compris les protocoles. » Le strict respect des mesures de biosécurité devant durer au minimum un an, la ténacité est en effet de règle.

La situation géographique de l’élevage et la disposition des bâtiments (voir plan en page 41) sont en faveur du respect des règles hygiéniques à observer. Selon notre consœur Françoise David, la contamination est possible sur 150 mètres, même si seulement 1 % de l’air contaminé est introduit dans le bâtiment.

Dans le bâtiment réservé aux truies gestantes du cas décrit, les cochettes saines sont isolées des truies de l’ancien cheptel, dites contaminées, par une bâche en plastique. Cela évite tout contact nez à nez (voir photo). Une tenue complète est réservée aux soins des cochettes gestantes. Le même principe prévaut pour le matériel d’injection et de soin, lequel est spécifique de chaque secteur. « La voie intramusculaire est extrêmement contaminante, cent fois plus que la voie nasale », a précisé Françoise David. Par ailleurs, il convient de veiller à ce que le soigneur ne passe pas du côté dit contaminé au côté dit non contaminé.

En outre, une désinfection d’ambiance est mise en œuvre tous les jours dans le bâtiment des truies gestantes. D’autre part, après le départ des truies de l’ancien cheptel, les cases sont nettoyées et désinfectées.

Le même protocole est appliqué pour les couloirs après chaque transfert de truies ou de porcelets, ainsi que pour les salles de sevrage et d’engraissement après chaque départ des animaux. En effet, le post sevrage est le secteur à haut risque et représente le point critique de ce programme. Les mesures de biosécurité, le changement de tenue, l’emploi de matériel spécifique, etc., sont donc mis en œuvre entre les porcelets sains et contaminés. La lutte contre les rongeurs et les insectes est également renforcée, avec, entre autres, la suppression d’une mare.

Décembre 2004 signe le départ des derniers porcs charcutiers issus de l’ancien troupeau de truies. Les analyses PCR (polymerase chain reaction) de sérums de porcelets sevrés (trente porcelets issus de trente truies juste avant le sevrage) et les analyses PCR et sérologiques de sérums d’animaux sentinelles non vaccinés (un verrat et deux cochettes) attestent alors de l’absence de circulation du virus SDRP au sein du troupeau reproducteur. Les contrôles PCR des amygdales et des ganglions trachéobronchiques et inguinaux de quatre truies de réforme sont également négatifs.

Les contrôles sérologiques des porcs charcutiers de quatre cases d’engraissement non vaccinés mettent aussi en évidence l’absence de circulation du virus sauvage au sein du secteur engraissement. Une analyse sérologique positive en mars 2005, suivie d’une PCR, fait apparaître des PCR SDRP positives. Mais un séquençage du virus démontre qu’il s’agit du virus vaccinal.

En janvier 2006, à la suite des contrôles sérologiques négatifs d’une bande de porcs charcutiers non vaccinés, la décision d’arrêter la vaccination SDRP, soit la dernière étape vers l’acquisition du statut indemne de SDRP, est prise. Quant aux résultats GTE, ils sont éloquents (voir tableau). L’amélioration de la marge sur le coût alimentaire et les produits vétérinaires s’élève à 426 €. L’âge à 105 kg passe de 174 à 160 jours de 2002 à 2005. Pour sa part, le taux de pertes entre le sevragevente et les saisies diminue de 10 % en 2002 à 2 % en 2005.

« Nous avons continué d’appliquer les gestes de biosécurité. Nous n’allons jamais directement du post sevrage/engraissement en maternité. Si c’est nécessaire, nous prenons une douche et changeons de tenue. Nous avons conservé les modalités d’introduction des cochettes, ont souligné les éleveurs. Oui, il nous est arrivé de douter, mais un coup de fil au vétérinaire qui nous a accompagnés et tout repart. »

Un récent audit a montré l’effet “sanitaire” positif de ces mesures. En effet, les analyses sérologiques concernant Actinobacillus pleuropneumoniæ (APP) sérogroupe I et sérotype 2 chez les porcs charcutiers sont actuellement négatives. Par ailleurs, les signes cliniques d’APP et les lésions à l’abattoir sont devenus inexistants.

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