La “pharyngite folliculaire” aurait des conséquences sur le tractus respiratoire

La présence anormale de mucus dans la trachée, visualisée à l’endoscopie, est une constatation fréquente, en particulier chez les jeunes chevaux de course. Il en est de même pour la “pharyngite folliculaire”. Ces anomalies ne sont pas toujours accompagnées de signes cliniques évidents et leurs répercussions exactes sur les performances sont mal connues.

La “pharyngite folliculaire” est-elle un mythe ou une réalité clinique ?

La notion de “pharyngite folliculaire” est déjà ancienne : les jeunes chevaux développent souvent une hyperplasie des follicules lymphoïdes pharyngés (HFLP). La muqueuse du nasopharynx est en effet exposée à une multitude d’allergènes. Les tissus lymphoïdes locaux réagissent, stimulant les cellules à mucus et la production d’immunoglobulines locales. Les jeunes chevaux mis à l’entraînement (transport, nouvelle écurie, effectif important, etc.) sont particulièrement sujets à ce genre d’affection. S’il est reconnu que cette “pharyngite folliculaire” n’affecte pas les performances des jeunes individus, plusieurs études montrent qu’elle pourrait constituer un facteur prédisposant d’affections obstructives de l’appareil respiratoire supérieur (comme le déplacement dorsal du voile du palais).

La présence de mucus dans la trachée est souvent subclinique

Cette anomalie, de même que l’augmentation (supérieure à 20 %) du taux de neutrophiles notée lors de l’analyse cytologique du liquide de lavage trachéal prélevé à l’endoscope, sont souvent observées chez les jeunes chevaux de course, sans qu’une toux ou un autre symptôme ait été constaté. Un système de gradation de l’accumulation de mucus dans la trachée du cheval a été validé en 2004 (^{voir tableau}). L’influence de la présence de mucus et d’inflammation de l’appareil respiratoire profond sur les échanges gazeux et le taux de lactates sanguins a été démontrée, mais aucune étude n’avait jusqu’alors mis en évidence la relation entre ces signes cliniques et les performances en course des pur-sang. Une expérimentation⁽¹⁾ a été menée chez cinq cent vingt-cinq pur-sang sains et aptes à la course (âge médian de trois ans) sur un hippodrome de l’Ohio. Ces animaux ont subi une endoscopie mensuelle du pharynx, du larynx et de la trachée, au niveau de laquelle était effectué un prélèvement pour cytologie, pendant neuf mois d’affilée. Le degré d’HFLP et la quantité de mucus (^{voir tableau}) étaient notés et le prélèvement trachéal était évalué par sa turbidité, sa numération et sa formule cellulaire. Les performances en course ont été suivies pendant dix-huit mois. Plusieurs résultats sont significatifs.

• Relations avec l’âge. L’HFLP est significativement associée à l’âge : plus le cheval est jeune, plus l’HFLP est marquée. De même, le degré moyen de mucus dans la trachée diminue avec l’augmentation de l’âge.

• Relations entre l’HFLP, le mucus et la cytologie. Le degré d’HFLP est corrélé au score de mucus dans la trachée : plus elle est sévère, plus il y a de mucus. En revanche, il n’existe pas de relation entre l’HFLP et la cytologie. La cellularité et la neutrophilie du lavage trachéal augmentent avec le score de mucus dans la trachée.

• Effets sur la performance. Un degré élevé d’HFLP est lié à une moindre probabilité de participer à une course. Il en est de même pour le score de mucus trachéal. Une corrélation significative a aussi été montrée entre la cytologie et la participation à une course.

En revanche, le degré d’HFLP n’a pas été lié à la place d’arrivée en course, alors que cette dernière augmentait significativement avec le score de mucus. Aucune corrélation n’existait entre la cytologie et la place d’arrivée.

La présence de mucus est un bon indicateur d’une inflammation des voies aériennes

Cette étude suggère qu’une accumulation modérée à sévère de mucus trachéal est un facteur de risque de contre-performance chez le cheval pur-sang. Le degré d’accumulation de mucus et la neutrophilie du lavage trachéal sont corrélés, mais les anomalies cytologiques et la contre-performance n’ont pas pu être directement reliées, au contraire. Ainsi, une neutrophilie du lavage trachéal en l’absence de mucus n’est pas un facteur de risque et est liée à une plus grande chance de courir. En effet, la neutrophilie du lavage peut être due à un niveau élevé d’exercice. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la corrélation entre lavage trachéal et lavage broncho-alvéolaire (reflétant l’état du poumon lui-même) n’est pas bonne et que la neutrophilie trachéale n’indique pas forcément une inflammation des voies respiratoires profondes.

En résumé, la présence de mucus observée à l’endoscopie est un bon indicateur d’une inflammation significative des voies aériennes, plus que la neutrophilie du lavage trachéal. L’hyperplasie folliculaire pharyngée n’est pas un facteur de risque de contre-performance.

• (1) S.J. Holcombe et coll. : « Effects of tracheal mucus and tracheal cytology on racing performance in thoroughbred racehorses », Equine Veterinary Journal, juillet 2006, pp. 300-304.