Est-il nécessaire de rendre obligatoire une année de stage en activité ? - La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006

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Cela retarderait d’un an l’indépendance financière

Cécile Soyer, praticienne à Paris.

J’ai été particulièrement satisfaite que ma transition vers la vie active passe par deux ans d’internat à Maisons-Alfort. Ils m’ont permis de me confronter à mes premiers cas en étant rassurée par l’encadrement des équipes enseignantes. La densité des cas traités, la semi-autonomie dans la prise en charge des animaux, la disponibilité des enseignants et des chargés de clinique m’ont permis d’acquérir une première expérience, mais aussi et surtout la confiance en moi qui me manquait pour affronter la clientèle. Personnellement, ces deux années m’étaient nécessaires. Néanmoins, imposer un stage d’un an est arbitraire. Chacun, selon sa propre expérience, est prêt ou non à la sortie de l’école.

De plus, l’interne bénéficie d’une rémunération partielle qu’il complète souvent par des gardes effectuées dans le privé. Un stage d’un an prolongerait d’autant la vie étudiante et retarderait l’indépendance financière. Il me semble difficile de l’imposer… Nombre de cabinets et de cliniques vétérinaires savent accueillir les nouveaux diplômés et compléter leur formation tout en leur fournissant un emploi rémunéré. Cependant, tous les stages du monde ne remplaceront jamais la prise en charge personnelle et complète des animaux : il est nécessaire de se confronter à la réalité à un moment donné. Chaque étudiant motivé a bien compris qu’un poste d’auxiliaire au début de la scolarité, puis les gardes et les assistanats pendant les vacances permettent de se confronter à la réalité du métier. Le reste s’appelle l’expérience et vient seulement avec les années.

Cela ne doit pas être synonyme de main-d’œuvre gratuite

Agnès Michelet, praticienne à Saintes (Charente-Maritime).

Une année de stage avant de se lancer dans la “vraie vie” peut paraître à première vue bénéfique pour l’étudiant fraîchement sorti de l’école, qui manque de cette fameuse expérience que tout employeur recherche.

En ce qui me concerne, je suis plutôt partisane du système déjà mis en place lors de la T1-pro, c’est-à-dire une alternance entre cours, pratique à l’école et stages. J’ai peur qu’une année entière de stage dans une structure privée signifie rapidement, pour certains, un an de main-d’œuvre gratuite. La solution serait peut-être qu’elle se déroule dans plusieurs endroits, permettant ainsi au stagiaire d’avoir différentes approches de la clientèle, tout en apportant son aide.

Malgré tout, j’ai la conviction que la plupart des stages en clientèle restent au stade de l’observation et sont moins formateurs qu’une année d’internat. Même avec la meilleure volonté du monde, les praticiens sont moins disponibles et ont plus d’hésitations à céder le bistouri ou la sonde échographique au stagiaire qu’un enseignant dans une école. Inversement, il est plus difficile pour un stagiaire de se lancer dans la réalisation d’un acte poussé dans une clientèle qui n’est pas la sienne que dans une école où il y a toujours quelqu’un pour lui apprendre, lui montrer le geste et corriger l’erreur si besoin.

Le stage de dernière année ne suffit pas

Anne Decuyper, praticienne à Eygurande (Corrèze).

Je suis tout à fait pour. Il est en effet regrettable de voir les carences de plus en plus importantes des jeunes vétérinaires en pratique. Ils ne réalisent pratiquement plus d’actes pendant leurs études, par manque de cas et d’encadrement en clinique. Les petits stages de la dernière année ne suffisent pas.

Les jeunes diplômés ont beaucoup de mal à effectuer des actes classiques comme des injections intraveineuses, des perfusions, sans parler des vêlages, des matrices et autres.

Personnellement, j’accueille des vétérinaires débutants et je les forme (faute de trouver des praticiens qualifiés qui veulent venir s’installer dans ma belle région pourtant désertée par la profession). Avant de considérer le jeune confrère comme autonome, je compte au moins trois mois de formation pendant lesquels “l’apprenti” est en permanence avec moi, puis entre deux et quatre mois d’assistanat. Durant cette période, il peut m’appeler en cas de problème.

En sortant des écoles, les jeunes vétérinaires exigent souvent 2 000 € nets et des horaires agréables.

Or ils ne rapportent rien, ils font perdre du temps et parfois des clients (ceux-ci apprécient en effet rarement que leurs animaux servent de “cobayes”).

En outre, pendant tout ce temps, je suis moi-même de service vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pour ma part, lorsque je fais une formation, je paye.

Et cher, en général. Eux, ils veulent être rémunérés.

C’est le monde à l’envers ! Je suis d’accord pour les payer, mais à condition qu’ils travaillent.

Encore faut-il en être capable. En raison de la pénurie de volontaires pour exercer en rurale, nous n’avons d’autre choix que de prendre des débutants et de les former. Mais c’est dur à avaler…

J’ai également des échos de jeunes diplômés engagés dans des grosses structures. Dans ce cas, ils sont responsables de petits boulots (vaccins, prophylaxie, délivrances, parfois perfusions de veaux), ce qui n’est guère stimulant. Après un an de travail (réel celui-là), ils n’ont réalisé aucun vêlage, ne se sont occupés d’aucune vraie maladie et ne sont toujours pas autonomes. Alors, c’est à leur tour de râler !

Mais je comprends leur employeur : tant qu’à les payer, autant leur donner du travail facile et considéré comme une corvée. Veut-on former des armées de “piqueurs” ou des vétérinaires de terrain ?

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