Il faut déconseiller d’emmener les perroquets ou les chats en vacances dans les pays à risque - La Semaine Vétérinaire n° 1234 du 15/07/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1234 du 15/07/2006

Voyage et influenza aviaire

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Auteur(s) : Nathalie Devos

Si la réglementation n’interdit pas l’accès des chats aux zones touchées par le H5N1 HP, mieux vaut l’éviter.

Emmener son chat ou encore son cacatoès pour les vacances dans des pays lointains peut paraître incongru. Pourtant, certains propriétaires peuvent y songer.

Dans le cas particulier où la destination est un pays touché par l’influenza aviaire ou à risque, le praticien peut être amené à répondre à leurs inquiétudes. Leurs animaux peuvent-ils “attraper” l’influenza aviaire ? Peuvent-ils la leur transmettre à leur tour ?

L’annonce des trois chats retrouvés morts et porteurs du virus H5N1 en Allemagne en février dernier, sur l’île de Rügen (où de nombreux cadavres d’oiseaux sauvages atteints ont succombé) avait en effet semé la panique chez les propriétaires d’animaux.

Notre consœur Jeanne Brugère-Picoux expliquait, en mars dernier(1), que dans des conditions expérimentales, le chat ne s’est pour l’instant pas révélé très sensible aux essais de transmission réalisés dans les années soixante-dix et quatre-vingt à partir des virus influenza isolés dans différentes espèces : H3N2 chez l’homme, H7N3 chez le dindon et H7N7 chez le phoque. Dans ces essais, il n’avait été observé qu’un épisode de fièvre sans troubles respiratoires. Mais Jeanne Brugère-Picoux ajoute que, « après des observations suspectant une contamination mortelle par le virus H5N1 chez des chats thaïlandais, il importe de vérifier cette sensibilité inhabituelle des félidés domestiques. Cela a fait l’objet d’une étude expérimentale menée par l’équipe de Kuiken (2004), qui montre une sensibilité du chat au virus H5N1 inoculé par voie intratrachéale et une transmission horizontale intra-espèce possible ». Quoi qu’il en soit, si elle reste rare, la contamination des chats a été observée sur le terrain. Aussi, à la suite des cas allemands, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a été saisie pour évaluer le risque représenté par les chats vis-à-vis de cette maladie. D’après ses experts(2), le risque d’infection d’un chat existe et il est d’autant plus important que les contacts directs, étroits et prolongés de cet animal avec des oiseaux infectés (en particulier malades et morts) sont nombreux. Mais ils ajoutent que dans les conditions rencontrées dans les régions touchées par l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène due au sous-type H5N1, l’analyse de la situation ne permet pas de mettre en évidence une circulation de ce virus dans l’espèce féline. Par ailleurs, l’Afssa souligne que les contaminations humaines qui sont notées dans certains pays touchés par la maladie sont imputables à une cohabitation étroite et prolongée des hommes avec des volailles atteintes, dans des conditions d’hygiène médiocres. A ce jour, aucune contamination liée à une exposition des hommes avec des carnivores domestiques ou sauvages n’a été rapportée. Le risque d’infection de l’homme à partir du chat peut être estimé, selon les experts de l’Afssa, comme nul à négligeable. Dans l’état actuel des connaissances, le chat est considéré comme un cul-de-sac épidémiologique vis-à-vis du H5N1.

Quant aux chiens, aucun cas expérimental ni naturel de contamination par le H5N1 HP n’a été rapporté.

Emmener son chat dans un pays où sévit la grippe aviaire est donc possible réglementairement parlant (sous réserve du respect des conditions nationales exigées), mais la contamination des chats ayant été observée, mieux vaut ne pas prendre de risque.

Voyager avec des oiseaux dits de compagnie s’avère plus difficile et beaucoup plus risqué. En effet, presque toutes les espèces d’oiseaux sont considérées sensibles au virus H5N1 HP. La décision de la Commission européenne du 27 octobre 2005(3) a restreint les mouvements de ces animaux en provenance des pays touchés par l’épizootie à destination de l’Union. Donc, même si le pays destinataire n’interdit pas l’entrée sur son territoire de ce type d’animaux (consulter l’ambassade de ce pays en France pour le savoir), ils ne pourront pas revenir en Europe si le pays est déclaré touché par la maladie. Par ailleurs, la réglementation européenne sur les mouvements d’oiseaux de compagnie en provenance de pays tiers est contraignante. L’introduction d’oiseaux de compagnie accompagnant leurs propriétaires au sein de l’Union en provenance de ces pays est conditionnée par un isolement de trente jours dans le pays de provenance ou par une quarantaine de trente jours dans l’Etat membre de destination (coût élevé) ou par une vaccination à l’aide d’un vaccin H5 ou enfin par un isolement pendant au moins dix jours avant leur départ avec un test sérologique permettant de détecter la présence du virus.

Enfin, outre les mesures sanitaires en vigueur à l’égard des mouvements d’animaux, certaines espèces protégées (parmi lesquelles des oiseaux) doivent obéir à une réglementation spécifique qui relève, en France, du ministère de l’Ecologie et du Développement durable.

Pour toutes ces raisons, il est donc fort peu conseillé aux particuliers de voyager avec leurs oiseaux domestiques.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1216 du 4/3/2006 en page 19.

  • (2) Avis du 3/3/2006 sur l’évaluation du risque sanitaire représenté par les chats en tant que vecteurs du virus de l’influenza aviaire H5N1 HP d’origine asiatique pour les autres espèces animales et pour les personnes en contact avec les chats.

  • (3) Décision 2005/759/CE modifiée concernant certaines mesures de protection en relation avec l’influenza aviaire hautement pathogène dans certains pays tiers et les mouvements en provenance des pays tiers d’oiseaux accompagnant leur propriétaire.

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