Sur quels critères principaux choisissez-vous votre laboratoire pharmaceutique ?

Des liens d’amitié influencent mon choix

A l’époque où la législation n’était pas aussi stricte, certains laboratoires m’ont laissé de mauvais souvenirs, car ils n’ont pas toujours été corrects avec nous en favorisant les pharmaciens et les groupements. Aujourd’hui, je travaille essentiellement avec un laboratoire. La principale raison de mon choix actuel : le directeur du marketing est l’un de mes anciens assistants.

J’attache une importance particulière à la visite des délégués. Avec certains d’entre eux, j’ai même tissé des liens d’amitié, ce qui, bien évidemment, influence mon choix. Je reste insensible aux offres promotionnelles. En revanche, j’apprécie que l’on me présente les études qui ont été réalisées sur tel ou tel produit. Cet aspect technique et scientifique me permet d’évoluer dans ma profession, ce qui me semble particulièrement bénéfique.

Généralement, je suis fidèle aux laboratoires avec lesquels je travaille. Même si j’écoute attentivement les arguments des uns et des autres, il n’y a presque aucune chance que je change de firme. Il m’arrive même d’avoir des altercations avec certains délégués que je juge “agaçants”. Personnellement, je n’utilise pas les produits qu’ils me proposent, mais si mes associés y tiennent, je respecte leurs choix.

L’implication de certains grands laboratoires dans notre profession, leurs éventuels parrainages lors de congrès ou manifestations et l’image de pseudo-confraternité qu’ils tentent de dégager ne me touchent absolument pas.

Je m’intéresse d’abord à l’aspect technique du produit

Je travaille principalement avec deux laboratoires, mais cette fidélité “apparente” est loin d’être définitive, mes choix étant susceptibles de changer à tout moment. Ma sélection est principalement guidée par l’aspect technique des produits proposés. Je pense qu’en utilisant les molécules les plus efficaces, le client est satisfait et nous reste fidèle.

J’aime que la qualité technique des produits soit étayée par des études scientifiques sérieuses et, si possible, indépendantes. J’apprécie également que leur efficacité soit reconnue par mes pairs.

La rencontre avec les délégués n’est pas déterminante dans mon choix. Lorsqu’ils sont sympathiques, cela ne m’influence pas (ou alors de façon inconsciente). Mais, à l’inverse, s’il s’agit d’individus désagréables ou qui tentent de m’induire en erreur, cela m’influence négativement. Si je suis sensible aux stricts arguments commerciaux (prix, promotions, etc.), je n’apprécie pas du tout les arguments non soutenus par des preuves, les omissions volontaires grossières quant aux aspects négatifs des produits (contre-indications, coûts réels, etc.) et, globalement, tout argumentaire dont la savante rhétorique bien huilée vise à nous induire en erreur.

Nous examinons davantage les prix

Actuellement, je constate que les laboratoires pharmaceutiques ont tendance à nous proposer des produits sans autorisation de mise sur le marché (AMM) pour lesquels l’objectivité des essais cliniques est incertaine et la validité scientifique aléatoire, mais qui sont néanmoins présentés comme développant une activité de type médicamenteux.

Quant aux médicaments, même en prenant en considération les sujétions particulières à notre profession, force est de constater que certaines molécules sont proposées en médecine vétérinaire à des prix qui sont sans commune mesure avec l’équivalent en médecine humaine.

Dans le cas des chiens de grande taille, par exemple, le montant d’un traitement peut parfois atteindre des sommes qui deviennent vite indécentes pour les propriétaires. Dans ce cas-là, il m’arrive, en toute conscience, de prescrire des médicaments destinés à l’usage humain. Sans compter que les laboratoires pratiquent des ajustements tarifaires qui sont souvent hors de proportion avec le taux d’inflation.

L’arsenal thérapeutique à la disposition des vétérinaires canins est désormais mieux étoffé et l’arrivée de certaines molécules dans le domaine public devrait permettre au jeu de la concurrence de s’exercer pleinement.

Ainsi, nous avons la possibilité d’être beaucoup plus regardants sur les prix que par le passé. Désormais, nous étudions de près les offres promotionnelles qui nous sont faites et nous décortiquons les tarifs de chaque laboratoire avant d’arrêter notre choix. Par exemple, pour les vaccins, alors que nous étions fidèles au même laboratoire depuis une quinzaine d’années, nous venons d’en changer.

Par ailleurs, la visite des délégués tient une place importante. Même si elle n’est pas déterminante dans notre décision, elle joue toujours un rôle non négligeable, notamment en termes de gestion des contrats, ainsi que pour la présentation des nouveautés et des promotions.