Depuis trente ans, je me réserve le droit de refuser une euthanasie

Depuis plus de trente ans que j’exerce, je me suis toujours accordé le droit de refuser une euthanasie (sans jamais me soucier de ce qu’en pensent les instances ordinales). La dernière fois, c’était il y a près de deux ans. Un client voulait en finir avec un vieux chien « qui n'en pouvait plus ». A mon arrivée sur place, j’ai aperçu un vieux colley endormi au fond du jardin. Il n’a pas réagi à ma venue et j’ai vite compris pourquoi : il était sourd !

Mais quand nous nous sommes approchés, il s’est levé tranquillement et est venu m’accueillir en frétillant. Un interrogatoire succin m’a convaincu qu’il ne souffrait d’aucun trouble majeur (à part la surdité…). Ma décision a donc été immédiate : clause de conscience !

L’explication avec le propriétaire a été assez amère, voire acide, mais le Doléthal® est resté dans son flacon. Deux ou trois jours plus tard, mon auxiliaire m’a téléphoné alors que j’étais en voiture. La « dame de l’euthanasie refusée l’autre jour » était passée à la clinique pour laisser une bouteille de champagne en remerciement pour avoir sauvé son chien ! Un an plus tard, ces mêmes personnes m’ont de nouveau appelé pour la même raison, pour le même chien. Il était grabataire depuis une semaine, incapable de faire un mouvement sans émettre un gémissement. Je n’ai alors pas osé leur dire qu’ils auraient dû m’appeler plus tôt…