Adapter l’alimentation et l’abreuvement contribue à prévenir les coups de chaleur - La Semaine Vétérinaire n° 1229 du 10/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1229 du 10/06/2006

Elevage avicole et période chaude

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou

Augmenter l’apport protéique, vitaminique, énergétique, ainsi que le nombre d’abreuvoirs disponibles sont quelques-unes des solutions à mettre en œuvre lors de fortes températures.

Durant les périodes de fortes chaleurs (températures régulièrement supérieures à 30 °C), le métabolisme des volailles est profondément altéré. Leur croissance est quantitativement et qualitativement modifiée (le dépôt protéique est diminué, le dépôt adipeux est, lui, favorisé). Les pertes et la baisse des performances zootechniques sont surtout dues à l’alcalose respiratoire à l’origine d’un déséquilibre acido-basique et aux carences alimentaires (voir graphique ci-contre).

Chez les volailles, une diminution du gain de poids quotidien est observé de façon générale. Elle s’explique par le ralentissement du métabolisme des animaux et de l’absorption des nutriments au niveau intestinal. La mortalité par coup de chaleur peut être particulièrement élevée. Elle est principalement due à une défaillance cardiaque, associée à des troubles nerveux qui résultent de l’alcalose et de l’hypoxie chronique qui s’installe.

L’augmentation de la température ambiante est aussi à l’origine d’une altération qualitative et quantitative de la ponte. Cette altération provient à la fois de la diminution de l’ingéré énergétique et des autres nutriments et de la réduction de la circulation sanguine dans les organes internes (y compris l’ovaire) au profit des tissus périphériques. Les conséquences de ces perturbations sont une chute de ponte, une diminution du poids des œufs et une fragilité accrue de la coquille en rapport avec l’alcalose et la fuite de calcium.

Par ailleurs, lors d’un stress thermique prolongé, la tendreté de la viande est diminuée, ainsi que le poids de la carcasse. Une baisse de la rétention d’eau de la carcasse s’observe souvent. Elle est à l’origine des saisies fréquentes effectuées à l’abattoir pour cause de viande exsudative.

Au final, les pertes dues aux coups de chaleur peuvent être directes, donc visibles, ou indirectes, donc insidieuses et difficiles à chiffrer. Différents moyens peuvent être utilisés pour lutter contre la canicule. Une alimentation et un abreuvement adaptés, ainsi que des mesures thérapeutiques contribuent à limiter ces effets négatifs pour la production avicole.

La diminution de l’ingéré alimentaire s’échelonne de 1,5 à 4,4 g de 26 à 36 °C

Lors de l’exposition des animaux à la chaleur, la diminution de l’ingéré alimentaire n’est pas négligeable. Quand la température dépasse 26 °C, cette baisse est de 1,5 g par poulet et par jour pour chaque degré supplémentaire jusqu'à 32 °C. Au-delà de ce seuil, la baisse de l’ingéré s’élève à 4,4 g par degré supplémentaire jusqu'à la température de 36 °C. Cette diminution de l’ingéré devient encore plus grave lorsque l’humidité relative augmente également.

Il est donc conseillé, en période chaude, d’accroître l’apport protéique (de 10 à 30 % en général, ce taux dépendant de la nature des protéines) et de surveiller le profil en acides aminés (surtout les acides aminés essentiels chez les poules pondeuses comme la lysine et la méthionine, nécessaires à une bonne ponte). Il convient en outre de sélectionner les matières protéiques les plus digestibles (par exemple, les protéines du soja). Il est aussi préconisé d’adapter les apports en vitamines C et E (voir tableau 1), mais également en calcium, phosphore et vitamine D3 (qui renforcent la résistance des animaux et réduisent les déséquilibres électrolytiques). Par ailleurs, lors de stress thermique, les besoins en énergie augmentent. En effet, les réserves énergétiques sont consacrées à la régulation de la température corporelle, à la croissance, à l’alimentation et à l’activité. Il faut donc prévoir de concentrer l’aliment en énergie via l’ajout de matière grasse (huiles végétales, en moyenne 10 %) dans la formule alimentaire, d’autant que la digestion des lipides libère peu d’extra-chaleur.

La consommation d’eau multipliée par 2 à 3 quand la température passe de 21 à 37 °C

En période chaude, la consommation quotidienne d’eau est pratiquement multipliée par deux lorsque la température passe de 21 à 32 °C. Elle est presque multipliée par trois lors d’un passage de 21 à 37 °C. Le rapport eau/aliment augmente lors de la hausse de la température pour atteindre une valeur voisine de 8 à une température de 37 °C au lieu de 1,8 à 2 entre 18 et 20 °C.

Lors de fortes chaleurs, il faut donc augmenter le nombre d’abreuvoirs afin de permettre un accès facile des volatiles à l’eau. Celle-ci doit être de bonne qualité physico-chimique et bactériologique. Il est facile de faire baisser sa température en mettant de la glace dans la citerne.

Des mesures thérapeutiques peuvent aussi être mises en œuvre pour lutter contre l’alcalose sanguine, maintenir un équilibre acido-basique et combattre la déshydratation en augmentant la consommation d’eau. Des correcteurs de l’équilibre acido-basique, ainsi que les antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont les plus fréquemment utilisés. Les molécules employées pour lutter contre les fortes chaleurs sont à distribuer et à consommer tôt le matin ou tard le soir pour que les volailles puissent affronter la canicule dans les meilleures conditions. Mais elles ne sont pas suffisantes et sont à associer à d’autres mesures visant à réduire la température perçue par les volatiles pour optimiser les chances de réussite.

  • Voir aussi : Emeline Viénot, Prévention des coups de chaleur, Filières Avicoles, 2004, n° 664, pp. 39-53 ; Moncef Bouzouaia, Zootechnie aviaire en pays chauds, Manuel de pathologie aviaire (Eds J. Brugère-Picoux et A. Silim),1992, pp. 53-62.

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