Piercing, tatouage, vêtements inhabituels, qu’ont donc les jeunes recrues ? - La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006

Vie de l’entreprise

Gestion

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Auteur(s) : Philippe Michon

Environ 30 % de la population active est née après 1977. Les goûts des jeunes recrues potentielles sont souvent à des années lumières de ceux de leurs vétérinaires employeurs et s’éloignent à mesure que l’écart d’âge augmente. L’une des caractéristiques de la nouvelle génération, qui désoriente ses aînés, est d’avoir des signes de reconnaissance originaux. Ses membres ressentent une forte attirance pour un marquage distinctif au premier coup d’œil. Comment réagir quand le jeune vétérinaire ou l’auxiliaire arbore un piercing à l’arcade sourcilière ou un tatouage dans le cou lors de l’entretien d’embauche ? Les recruteurs des différentes sociétés ont des attitudes diverses, mais tous les conseils en management préconisent le dialogue et la compréhension. Certains optent pour une demande de signes extérieurs plus discrets, comme des piercings transparents durant les heures de travail.

Certaines grandes entreprises insèrent le jeune tôt, grâce à des jobs d’été ou des stages

Cette génération présente un « narcissisme communicatif »(1), avance le sociologue Jean-Luc Excousse au, et leurs signes extérieurs d’individualité interloquent leurs aînés, qui voient là l’expression de la fainéantise, du cynisme ou du désabusement. Le vétérinaire recruteur se pose d’emblée la question de savoir si l’individu hors norme qu’il a en face de lui ne va pas lui causer plus de difficultés que la moyenne. Ce particularisme génère également l’interrogation de leur capacité de s’intégrer à l’équipe en place. De plus en plus de sociétés comme Xerox ou L’Oréal cherchent de ce fait à nouer le contact avec les recrues potentielles dès l’école pour faciliter leur éventuelle intégration. De jobs de vacances en stages, le futur salarié apprend chaque jour les rouages de son entreprise potentielle et les plus motivés sont aisément identifiables.

Les jeunes sont plus sensibles que leurs aînés aux enjeux sociaux et solidaires

Les enquêtes sur la relation des moins de trente ans à leur travail montrent que les deux tiers en retirent un sentiment d’accomplissement. Ils manifestent un fort besoin de considération et proposent une sorte de contrat à leur patron : « Traitez-moi comme un individu digne d’attention et en échange je m’investirai. » Plus ils sont jeunes, plus ils sont exigeants sur l’engagement social et solidaire de la structure dans laquelle ils évoluent. Ces jeunes salariés obligent désormais à revoir la politique hiérarchique de la clinique vétérinaire : un projet réussi implique de les considérer davantage comme des partenaires que comme des salariés.

Les opportunités de formation et les possibilités d’évolution offertes sont impératives pour s’assurer une équipe dévouée. Cette motivation est aussi importante que l’aspect financier. Les ressources humaines doivent évoluer vers des relations humaines. Devant les promesses non tenues, les jeunes recrues ont rapidement intégré qu’ils peuvent uniquement compter sur eux-mêmes pour mener à bien leur carrière. Cela constitue une véritable antithèse à la sacro-sainte culture d’entreprise et à son précepte de sacrifice au profit de la structure.

  • (1) J. -L. Excousseau, La Mosaïque des générations, éditions d’Organisation, 2000.

  • Source : M. L. Pierson, Valoriser votre image, éditions d’Organisation, 2002.

L’employeur peut imposer la tenue vestimentaire

Alors que la France est encore conservatrice, les pays anglo-saxons prennent des libertés avec le dress code. Le salarié est de plus en plus indécis sur la façon de s’habiller : décontracté mais pas trop, confortable mais présentable, parfaitement propre mais peu salissant. En France, la tenue vestimentaire peut être imposée par le dirigeant de l’entreprise dès que cet impératif est lié à la tâche à accomplir et à un contact avec la clientèle (arrêt dit « bermuda » du 28 mai 2003). Le vêtement est un vecteur de communication important pour le vétérinaire. Il doit correspondre à ce que le client est venu chercher.

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