La réintroduction du vautour fauve dans les gorges du Verdon est une réussite - La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006

Protection animale

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Maëlle Gouix

Le vautour fauve (Gyps fulvus) fait l’objet d’un programme de réintroduction en Haute-Provence depuis 1999.

Ce grand rapace, dont l’envergure peut atteindre 2,8 mètres et qui peut peser une dizaine de kilos, porte une collerette blanche et un plumage brun. Il est souvent observé planant aux abords des falaises où il niche. Il s’agit d’un nécrophage strict dont l’alimentation dépend étroitement de l’activité pastorale. Au XIXe siècle, le vautour fauve vivait dans toutes les régions qui bordent la Méditerranée, en particulier dans les moyennes montagnes du sud de la France. Le développement des armes à feu et l’utilisation d’appâts empoisonnés l’ont presque décimé. Sa réintroduction a débuté en 1981 dans les Causses. Cette première mondiale a ouvert la voie à d’autres projets, dont celui de l’association Vautours en Haute-Provence. De 1999 à 2004, quatre-vingt-onze vautours fauves ont ainsi recouvré la liberté au village de Rougon, qui surplombe les gorges du Verdon.

La technique de réintroduction consiste à créer une colonie captive. Les jeunes vautours sont récupérés dans des centres de soins espagnols ou pyrénéens, puis élevés ensemble pendant trois ans en volière. Ces années de captivité sont destinées à limiter la dispersion après la libération, à permettre l’imprégnation du milieu et à établir la cohésion du groupe. Sur le site, un charnier est alimenté deux fois par semaine de cadavres de petits ruminants, déposés dans des conteneurs par les éleveurs de la région, puis collectés par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Le développement de placettes d’alimentation, charniers individuels à proximité des élevages, favorisera par la suite l’autonomie alimentaire des vautours.

Leur nidification en falaise ne met pas les rapaces à l’abri de toutes les menaces

Le repas des rapaces, ou curée, est l’occasion pour Sylvain Henriquet, responsable du programme Vautour de la LPO-Paca, d’effectuer comptage et observations. Il dresse un constat positif. La colonie de vautours est bien fixée sur le site et s’y reproduit. La présence du vautour fauve favorise la fréquentation du secteur par d’autres espèces, dont le petit vautour percnoptère (Neophron percnopterus). Les éleveurs accueillent volontiers le vautour et assurent son alimentation. Par ailleurs, l’intérêt qu’il suscite constitue un moteur de développement du tourisme de la nature dans la région. Sylvain Henriquet déplore en revanche les électrocutions des vautours sur les lignes à haute tension et le dérangement des couples nicheurs par les activités de type escalade et parapente.

Le nouveau projet de réintroduction qui a débuté l’an passé à Rougon concerne désormais le plus grand rapace diurne d’Europe, le vautour moine (Aegypius monachus), particulièrement menacé à l’échelle européenne.

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