Les espèces semblables sont de fausses jumelles, démasquées par la biologie moléculaire - La Semaine Vétérinaire n° 1227 du 27/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1227 du 27/05/2006

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Auteur(s) : Alain Zecchini

Malgré l'ensemble de leurs similitudes morphologiques, elles se différencient génétiquement.

Dans la nature, les espèces semblables, ou jumelles, sont répandues. Leur apparence peut être identique, leur comportement équivalent et parfois elles vont jusqu'à coexister dans le même habitat. Cependant, elles sont génétiquement différentes. Jusqu'à l'avènement de la biologie moléculaire, il était difficile de les individualiser. Le concept morphologique qui regroupait les populations semblables au sein de la même espèce a été supplanté par le concept biologique, aux arguments plus convaincants. Une espèce est un groupe de populations interfécond, dont la reproduction est isolée d'autres groupes. Quelles que soient les similitudes ou les différences morphologiques entre les groupes, d'un point de vue génétique, leur signature est propre et leur divergence avec leur ancêtre résulte de l'isolement reproductif.

Les espèces jumelles sont retrouvées plus fréquemment chez les invertébrés

Seules les analyses moléculaires permettent de différencier réellement des espèces jumelles. Toutefois, les particularités morphologiques, physiologiques, éthologiques et écologiques, même minimes, sont également utilisées. Ce travail de différenciation est nécessaire d'une façon générale pour la connaissance de la bio-diversité. Il est particulièrement justifié lorsque des problèmes de nuisances se posent, tels que la prédation des cultures ou la transmission de maladies. Les espèces jumelles existent chez les plantes, mais sont surtout étudiées chez les animaux. Peu de mammifères ou d'oiseaux sont concernés. Les batraciens, les amphibiens et les poissons le sont davantage, mais les invertébrés sont les plus nombreux, en particulier les lépidoptères, les diptères, les coléoptères, les orthoptères et les hyménoptères.

En 2002, une nouvelle espèce de gerbille, Gerbillus rupicola (petit rongeur d'Afrique et du Proche-Orient), est identifiée au Sahel grâce à son caryotype. Elle ressemble fortement à un membre de la même famille, G. campestris. Elle est suspectée d'être un vecteur important de zoonoses.

En 2003, le statut spécifique de deux coléoptères, des bruches, ravageurs du haricot, est établi. Il s'agit d'Acanthoscelides obtectus et d'A. obvelatus. Leur morphologie est comparable, mais leurs cycles de vie diffèrent. L'un s'attaque au haricot sauvage, l'autre à la variété cultivée. Toutefois, ils peuvent coexister dans le même habitat où une seule de ces deux espèces de haricots est présente.

Un travail commencé aux Etats-Unis à la fin des années quatre-vingt détermine les espèces jumelles du groupe des Anopheles quadrimaculatus, moustique nuisible à l'homme. Trois d'entre elles sont authentifiées. Elles présentent des différences dans le micro-habitat de leurs larves et dans leur résistance aux insecticides.

Le comportement nuptial distingue deux espèces de drosophiles

A Madagascar, une population de microcèbes (lémuriens) a pris le rang d'espèce, en 2000, sous le nom de Microcebus griseorufus. Elle fréquente la forêt épineuse, quand son espèce jumelle, M. murinus, habite la forêt galerie, dans la même réserve naturelle de Berenty.

En Caroline du Nord, aux Etats-Unis, deux mésanges sont semblables. Mais si l'espèce Baelophus ridgwayi est limitée à son habitat de genévriers, l'espèce B. inomatus peut le partager, alors qu'elle vit habituellement dans les bois de chênes. Les mouches sont particulièrement étudiées, car elles fournissent des sujets d'expérimentation faciles. Les drosophiles Drosophila melanogaster et D. simulans, identiques macroscopiquement, présentent quelques variations dans les génitalia, ensemble des organes génitaux, des mâles. Les différences d'ADN ne sont que de 4 à 8 %, mais les disparités de comportement sont plus marquées. Les phéromones émises par les femelles pour attirer les mâles sont dissemblables, de même au niveau des chants alaires (chants de parade nuptiale) de ces derniers.

Chez le vers marin polychète Scoloplos armiger, les deux espèces séparées en 2003 (pour le moment nommées “type I” et “type S”) sont chacune inféodées à une zone, délimitée par les marées. Une autre espèce marine, l'algue Gracilaria chilensis, a aussi fait l'objet d'une analyse génétique, en 2004. Dans les eaux de la Nouvelle-Zélande, il s'agit bien de deux espèces, G. chilensis et G. tenuistipitata, qui étaient difficiles à singulariser jusque-là. Les deux populations sont marquées par des variations morphologiques au niveau de la taille du thallus notamment et fréquentent des habitats différents.

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