Les dorsalgies touchent les chevaux de sport quelle que soit la discipline - La Semaine Vétérinaire n° 1227 du 27/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1227 du 27/05/2006

Examen du dos

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ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins-Pesson

L'expression clinique de ces affections, sous-estimées, est particulièrement variable.

Chez le cheval, le “mal de dos” est souvent invoqué pour expliquer des troubles locomoteurs mal identifiés, rappelle notre confrère Jean-Marie Denoix. Mais la pathologie dorsale réelle est souvent sous-estimée. » Selon l'activité sportive, différents signes sont observés : défaut d'incurvation, défense au sanglage et au montoir, baisse de performances, irrégularité des allures, etc.

Des études biomécaniques montrent que les zones du dos les plus sollicitées sont les jonctions thoraco-lombaire et lombo-sacrale pour les mouvements de flexion et d'extension, ainsi que la région thoracique moyenne pour les mouvements de rotation et de latéro-flexion.

L'observation, en quatre temps, est complétée par un examen locomoteur global

L'inspection du garrot, des régions thoracique moyenne, thoraco-lombaire, lombaire et du tuber sacrale se réalise tout d'abord de profil, pour identifier des déformations de l'axe épineux, puis obliquement (en comparant les côtés droit et gauche) pour rechercher des amyotrophies. Elle est complétée par une inspection vue d'en haut pour apprécier les déviations dorsales et par un examen visuel rapproché pour identifier des lésions cutanées.

Le deuxième temps correspond à la palpation superficielle, puis profonde, pour évaluer les déformations et la sensibilité de l'axe épineux et rechercher des contractures musculaires.

Avec la pression de l'axe épineux et du tuber sacrale, l'examinateur identifie des sites de sensibilité. « La palpation digitale punctiforme consiste à stimuler la peau avec l'extrémité de l'index pour obtenir une contraction réflexe localisée du muscle longissimus, qui induit un léger mouvement d'extension et de latéro- flexion, évaluant ainsi le degré d'excitabilité et de myorelaxation du cheval », explique Jean-Marie Denoix.

La mobilisation dorsale constitue le dernier temps de l'examen. Elle étudie l'amplitude de déplacement et la sensibilité du cheval à la suite de neuf mouvements vertébraux induits par l'examinateur (flexion et extension thoraciques, flexion et extension thoraco-lombaires et lombo-sacrales, latéro-flexion thoraco-lombaire droite et gauche, et latéro-flexion cervicale droite et gauche). Ces techniques de mobilisation dorsales doivent être standardisées, répétables et non agressives pour évaluer précisément l'intensité de la douleur, les restrictions de mobilité et leur localisation.

Le recours à l'imagerie est indispensable pour établir un diagnostic précis

L'examen radiographique du dos du cheval requiert un appareil puissant (de 80 à 100 kW) ou numérique. Une fois l'animal sous légère sédation, cinq clichés permettent d'évaluer la colonne thoraco-lombaire de T1 à L4.

Les conflits de processus épineux (CPE) constituent la lésion la plus fréquemment identifiée via la radiographie, particulièrement chez les pur-sang anglais. La région thoracique moyenne et caudale est la plus souvent touchée (T10-T18). Selon le degré de contact entre les processus épineux et la sévérité des remaniements osseux, différents grades (de 1 à 4) sont décrits.

Les clichés peuvent également révéler des enthésopathies du ligament supra-épineux. Pour leur part, les fractures des processus épineux sont principalement détectées dans la région du garrot. Il convient de ne pas les confondre avec un noyau apophysaire radiotransparent, parfois présent même chez les adultes.

Les articulations synoviales intervertébrales épi-axiales (Asive) sont le siège d'arthropathies généralement rencontrées en régions thoraco-lombaire et lombaire. A la radiographie, elles sont représentées par des remaniements osseux, une modification de l'espace articulaire, une ankylose ou une fracture. Il n'existe pas de prédisposition d'âge ou de race. « Les lésions des Asive sont beaucoup plus fréquemment associées à des douleurs dorsales que les conflits de processus épineux, insiste Jean-Marie Denoix. En outre, la relation entre la sévérité de l'image radiographique et l'expression clinique est à établir selon la race. Ainsi, à niveau de gêne clinique similaire, les lésions chez le trotteur sont toujours plus discrètes que chez les pur-sang. »

Les lésions radiographiques des corps vertébraux et des disques intervertébraux sont beaucoup plus rares. Les malformations vertébrales, le plus souvent situées en région thoracique, ont une expression clinique variable. Parfois, des lésions dégénératives de spondylose (prolifération osseuse) sont rencontrées au niveau de la face ventrale des vertèbres thoraciques, particulièrement chez des chevaux de sport âgés de plus de dix ans. Chez ces derniers, une raideur marquée, un défaut d'incurvation ou un refus du saut sont couramment décrits.

Pour les dorsalgies, l'échographie est une technique diagnostique complémentaire

En utilisant diverses sondes linéaires ou convexes à fréquences variables, plusieurs entités pathologiques sont identifiables à l'échographie, comme les desmopathies/enthésopathies du ligament supra-épineux, les conflits et les fractures de processus épineux, l'ostéoarthrose des processus articulaires et des articulations synoviales intervertébrales, les fractures de côtes et certaines myopahies du muscle longissimus. « Les limites de cette technique sont essentiellement liées à l'impossibilité d'évaluer l'architecture osseuse et à l'absence d'accès ventral de l'axe vertébral », rappelle toutefois Jean-Marie Denoix.

Les injections thérapeutiques échoguidées ont récemment permis d'améliorer sensiblement la précision et l'efficacité du traitement. Elles sont réalisées en regard du site lésionnel, après une préparation stérile de la région et de la sonde échographique (enveloppée dans un gant stérile.) Le parcours de l'aiguille est suivi sur l'écran de l'échographe jusqu'à la structure lésée (articulation synoviale intervertébrale épiaxiale dorsale ou cervicale, articulation lombo-sacrale ou sacro-iliaque par exemple).

  • Article réalisé d'après les conférences de F. Audigié, D. Carnicer, D. Didierlaurent, J.-M. Denoix, S. Jacquet et H. Pasquet présentées lors de la journée de Roissy organisée par l'Association vétérinaire équine française (Avef), le 25/2/2006.

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