Le chiot passe d'un attachement intraspécifique à un attachement interspécifique

Deux études expérimentales de la relation du chiot à la mère et au propriétaire ont été réalisées par Florence May, Bertrand Deputte et Claude Béata chez 59 chiots âgés de six semaines, issus de douze portées d'une part, et chez 58 chiots adoptés depuis moins d'un mois d'autre part. Tous les sujets ont été testés, selon le paradigme de la situation étrange, en étant successivement séparés puis réunis avec la figure d'attachement. Il apparaît que dès six semaines, le chiot séparé de la mère et de la portée « présente une réelle aptitude à se comporter avec une chienne étrangère comme avec la mère ». Il semble également exister « une réelle variabilité comportementale entre les portées ainsi qu'entre les chiots à l'intérieur des portées ».

Quatre types de relations du chiot à l'homme sont mis en évidence. Dans les deux premiers groupes, l'adoption se passe bien, les chiots s'adaptent et s'intégrent au nouvel environnement exclusivement humain, mais ils diffèrent par leur réaction à la séparation. Les uns manifestent une certaine détresse au départ et à l'absence du maître, les autres réagissent au contraire par une attente sereine. La majorité de ces derniers ont passé les premières journées et nuits près du maître.

Dans le troisième groupe, les chiots présentent des mâchonnements constants en l'absence du propriétaire et une réaction exacerbée à son retour. Ils sont décrits comme « anxieux oraux ». La plupart de ces chiots ont été séparés rapidement de l'homme, la première nuit ou la première journée après l'adoption.

Le dernier groupe est constitué de chiots qui montrent une intolérance à la séparation. Ils semblent avoir vécu une séparation traumatisante lors de l'adoption et la présence d'une personne leur est nécessaire.

Mieux vaut ne pas provoquer de séparations importantes les premières nuits

A partir de ces observations, quelques conseils pourraient être donnés lors de l'adoption du chiot :

- l'animal ne s'adapte à l'homme que si une sociabilisation a été réalisée dès le plus jeune âge ;

- il convient de respecter les besoins naturels du chiot. Celui-ci vient d'un environnement chaleureux, avec la mère et la portée. Il a besoin de retrouver un nouveau groupe social et de s'y intégrer ;

- mieux vaut ne pas susciter de séparation importante les premiers jours de l'adoption ;

- pour lui apprendre à rester seul, il semble efficace de laisser le chiot s'adapter pendant une semaine environ, puis de pratiquer des séparations progressives. Une adoption le dimanche, suivie d'une semaine où le chiot est laissé seul la journée, risque de conduire à un attachement anxieux.

Le tempérament du chiot reste un paramètre non mesurable, mais assurément non négligeable.

• Source : « L'attachement : bases théoriques », conférence de Florence May présentée lors du congrès annuel de l'Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), qui a eu lieu du 2 au 4 décembre 2005 à Toulouse.