La prise en charge d'une urgence n'autorise pas l'improvisation - La Semaine Vétérinaire n° 1227 du 27/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1227 du 27/05/2006

Gérer les urgences au quotidien

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Isabelle Goujon

Fonctions : Royal Veterinary College (North Mymm, Hertfordshire, Royaume-Uni).
D'après une conférence présentée lors d'une réunion organisée par l'Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) à Arras (Pas-de-Calais), en octobre 2005.

Les situations qui engagent immédiatement le pronostic vital de l'animal nécessitent une intervention dans les minutes qui suivent.

L'arrêt cardio-respiratoire, qui survient notamment au cours d'une anesthésie de routine, est la situation qui impose l'intervention la plus rapide. En effet, après quatre à six minutes, un cerveau privé d'oxygène subit des dommages irréversibles. La mort est alors inexorable. Les détresses respiratoires, le status epilepticus (convulsions ininterrompues), le coup de chaleur, les défaillances peropératoires et postopératoires, le syndrome dilatation-torsion, la dystocie, les polytraumatismes et les hémorragies exigent également une réaction rapide. Seule une connaissance préalable des principaux signes de détresse vitale (voir tableau 1), une excellente préparation de l'équipe soignante et la disponibilité immédiate du matériel et des médicaments adéquats permettent d'envisager une réanimation rapide, efficace et éventuellement couronnée de succès.

Qu'elles s'annoncent par téléphone, surviennent en cours d'intervention chirurgicale ou se présentent spontanément à la clinique, les “urgences vraies” doivent impérativement être distinguées de situations dont la gestion peut être différée. Parmi ces dernières figurent notamment les urgences relatives (troubles digestifs, fractures, luxation du globe oculaire, etc.) ou encore les cas mal appréciés par un propriétaire affolé ou particulièrement exigeant.

Le praticien, confronté à tous types d'urgences dans sa pratique quotidienne, doit pouvoir les gérer au mieux. Même si la notion de « non assistance à personne en danger » du Code pénal ne s'applique pas aux animaux, le Code de déontologie prévoit en effet une « obligation de soins à l'animal en péril » et la « continuité des soins ». Cependant, contrairement à ce que les propriétaires imaginent parfois, le vétérinaire n'est pas redevable d'une obligation de résultat, mais bien de moyens. Cela implique, entre autres, qu'il doit disposer d'un matériel adéquat, en bon état, et effectuer une anamnèse complète pour recueillir le maximum d'informations utiles à la prise en charge de l'animal.

Préparer le propriétaire, le personnel et le matériel adéquat

L'affichage en salle d'attente des numéros de téléphone, des horaires, du fonctionnement des systèmes de gardes et d'urgence, des centres antipoisons et de la liste des taxis canins peut soulager les clients anxieux. Par ailleurs, la sensibilisation orale à diverses prédispositions (le syndrome de dilatation-torsion de l'estomac chez les chiens de races de grande taille, les coups de chaleur et les dystocies chez les brachycéphales, etc.) évite certaines situations ou permet une meilleure gestion par le propriétaire.

Lorsque l'urgence est annoncée par téléphone, un certain nombre de questions peuvent être posées au maître afin d'orienter le diagnostic et d'optimiser l'accueil de l'animal dès son arrivée. Il est extrêmement dangereux de minimiser la situation et de dissuader le propriétaire de se déplacer en se fondant uniquement sur ses dires. Se fier aux impressions visuelles d'un novice n'est pas suffisant. Par exemple, un examen superficiel de certaines plaies de morsure ne révèle pas leur gravité. Ainsi, des lacérations profondes peuvent être à l'origine d'un pneumothorax. De multiples situations impliquent donc un transport immédiat de l'animal vers une structure vétérinaire (voir encadré). En attendant l'arrivée à la clinique, il est utile de donner quelques conseils au propriétaire pour la mise en œuvre des premières mesures conservatoires : mouiller l'animal en cas de coup de chaleur, le museler lorsque la douleur ou le stress font courir des risques aux intervenants (situation fréquente), le placer sur une planche rigide lors de polytraumatisme et de suspicion de lésion du rachis. Lors d'hémorragie, un pansement plus ou moins compressif, constitué par exemple de linges propres, peut être appliqué sur la plaie. En revanche, la pose d'un garrot est à éviter. En cas de crise de convulsions, le praticien doit conseiller de laisser l'animal au calme et dans la pénombre en évitant toute manipulation.

Certains “bons réflexes” sont à mettre en place à la présentation de l'animal

Traiter une urgence ne consiste pas à assurer le “minimum vital” mais, au contraire, à faire le maximum. L'ensemble du personnel soignant doit être sensibilisé et préparé à faire face à ce type de situation. La connaissance préalable d'un certain nombre de notions théoriques peut ainsi permettre aux auxiliaires de s'intégrer beaucoup plus efficacement au sein de l'équipe de réanimation. Des listes consultables, des schémas anatomiques et des cahiers de procédures peuvent être rédigés.

Il existe un lien réel entre la qualité du plateau technique et les chances de succès du traitement de l'urgence. Il est nécessaire de consacrer à ce type d'intervention un matériel spécifique complet et facilement déplaçable (agents pharmacologiques, appareils de surveillance, d'anesthésie volatile et d'assistance respiratoire). Même si une trousse contenant un matériel minimal peut sembler suffisante, un chariot sur lequel les éléments sont agencés de façon logique et fonctionnelle permet de gagner du temps et donc d'obtenir une efficacité optimale dans la réanimation.

Quelques molécules “essentielles” constituent la pharmacie d'urgence

Certaines listes de molécules dépassent largement le cadre de l'urgence et reprennent de manière exhaustive le contenu de la pharmacie d'un hôpital humain. Il est possible de les restreindre à quelques-unes essentielles, dont les posologies et le mode d'action, faciles à mémoriser, permettent d'agir rapidement en cas de détresse vitale (voir tableau 2).

Traiter les urgences avec anticipation et rigueur permet d'intégrer naturellement des situations vitales dans le quotidien de la clinique. Même si de nombreuses études montrent que seulement 10 à 20 % des animaux chez lesquels une réanimation cardio-respiratoire est instaurée rentrent chez eux, aucun ne peut survivre si tous les moyens adéquats ne sont pas mis en œuvre.

Transport immédiat vers une clinique

Un certain nombre d'urgences nécessitent de transporter l'animal immédiatement vers une structure vétérinaire :

- traumatismes en général, blessures importantes, fractures ouvertes, hémorragies de toute nature ;

- tous les états de choc ;

- intoxications par ingestion ;

- détresses ou difficultés respiratoires ;

- difficultés de miction ;

- crises convulsives, coma ;

- crise diabétique ;

- essais de vomissement infructueux ;

- diarrhée hémorragique profuse chez le chiot ;

- mise bas difficile (deux heures d'efforts infructueux) ;

- coup de chaleur ;

- paralysie de survenue brutale, etc.

I. G.
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