La liste positive occulte l’aspect scientifique

Il est déroutant de constater qu’un analogue de GnRH récemment mis sur le marché est inscrit sur la liste positive, alors qu’un analogue plus ancien et la GnRH naturelle restent sur la touche. Quelle peut être la motivation de la commission chargée d’actualiser cette liste ?

Si l’on considère l’esprit de la liste dérogatoire et les propriétés de la GnRH, cette mesure est absurde : soit la GnRH (ou analogue) est un médicament à visée thérapeutique et sa présence sur la liste positive est incohérente, soit la GnRH (ou analogue) peut être considérée comme un moyen de maîtriser l’œstrus des femelles bovines et l’absence de la totalité des spécialités concernées est également incohérente.

Par ailleurs, l’implant Crestar SO®, mis sur le marché fin août 2005, prévoit l’utilisation de buséréline (Receptal® ) au moment de la pose. Il s’agit donc bien, dans ce cas, de l’utilisation d’un analogue de GnRH dans un but zootechnique (protocole de maîtrise de l’œstrus). Même si, à ma connaissance, Receptal® n’a pas fait l’objet d’une modification d’AMM pour cette nouvelle indication, il est légitime de penser que la commission d’AMM a validé l’utilisation d’un analogue de GnRH dans un protocole de maîtrise de l’œstrus en autorisant la mise sur le marché de Crestar SO®. Pourquoi un analogue de GnRH est-il inscrit sur la liste positive et non un autre ?

L’explication de cette décision est probablement d’ordre sémantique : les monographies de Cystoreline®, Fertagyl® et Receptal® font état, dans l’espèce bovine, de « traitement » et non de « prévention » ou « d’induction ». On peut alors comprendre que ces trois spécialités ne correspondent pas à des médicaments préventifs. Cependant, certains antiparasitaires, présents sur la liste positive, ne disposent que de l’indication « traitement ». On note là encore une incohérence. Que peut-on conclure de cette mise à jour de la liste des médicaments accessibles aux groupements ? Malheureusement, que la rédaction et le choix des mots ont plus de poids que l’aspect biologique et zootechnique. On peut seulement déplorer que l’aspect scientifique et la réalité du terrain soient occultés par l’utilisation judicieuse de termes plus efficaces que d’autres : « induction » est plus puissant que « traitement ».