Les éléphants de parc de Hwange sont victimes de la surpopulation et de la sécheresse - La Semaine Vétérinaire n° 1225 du 13/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1225 du 13/05/2006

Pachydermes du Zimbabwe

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Marc Boulet

Au-delà de la mortalité des animaux, le surpeuplement a des conséquences désastreuses sur l’écologie.

Dans le parc national de Hwange, au Zimbabwe, la population d’éléphants sauvages est estimée à 75 000 alors que sa capacité optimale est d’environ 45 000 animaux.

Le parc de 14 650 km2 est alimenté par de nombreux points d’eau artificiels qui fonctionnent à l’aide de pompes Diesel. En raison de la présence d’eau, la population animale s’est fortement accrue et a ravagé des zones surpâturées. Les scientifiques du parc parlent de 30 000 éléphants de trop.

Pour réduire les populations de pachydermes et calmer le désarroi des agriculteurs dont les cultures sont régulièrement détruites, ils pratiquent le culling, une technique qui consiste à abattre toute une famille d’éléphants. Depuis 1998, la presse internationale s’émeut de ces actions et les condamne.

La surpopulation déstructure l’organisation sociale des groupes de pachydermes

Une accélération vertigineuse du processus de dégradation écologique a été observée entre 2003 et 2005. La première raison de cette catastrophe est la faible pluviométrie des trois dernières années. Les points d’eau naturels, qui d’ordinaire persistent pendant la saison sèche, étaient à sec dès octobre 2005, alors que les premières pluies n’arrivent que fin novembre. Parallèlement à la sécheresse, la faillite du système économique a tari les pompes à gazole nécessaires au fonctionnement des points d’eau.

En outre, les hommes ont modifié de façon radicale les terres jouxtant la réserve. Les pachydermes, en surpopulation, n’ont pas la possibilité de se répartir sur les territoires aux alentours, colonisés par les hommes.

Toute la structure sociale est désorganisée. Les femelles adultes, d’ordinaire mères attentives et protectrices, repoussent leur progéniture autour des points d’eau et dans la bousculade, de nombreux petits de l’année n’en réchappent pas.

Les groupes familiaux sont déstructurés : des éléphants de six ou sept ans se retrouvent seuls, errant dans la savane. Sans le groupe, ils sont voués à une mort certaine.

Les autorités évoquent seulement une cinquantaine d’éléphants morts

Autour des points d’eau, de véritables charniers, avec au minimum quatre ou cinq cadavres, offrent un triste spectacle. Les vautours ne peuvent même plus jouer leur rôle d’éboueurs.

Dans un article du quotidien d’Etat The Herald du 30 octobre dernier, les autorités zimbabwéennes parlent pudiquement d’une cinquantaine d’éléphants morts.

Sur le terrain, mon équipe a constaté une catastrophe d’une plus grande ampleur. En safari à pied, elle a déploré la présence chaque jour de nouveaux cadavres autour des points d’eau, mais également en pleine brousse.

Le nombre qu’elle a estimé s’élevait déjà à une centaine en une semaine, et seulement sur une petite partie du parc (environ 10 % de la surface).

Une grosse tuméfaction localisée sur un membre, associée à une boiterie, nous a fait suspecter des cas d’anthrax. Ces mêmes éléphants étaient retrouvés morts les jours suivants. L’information retransmise aux autorités du parc est restée sans suite et sans nouvelles officielles.

Beaucoup d’autres espèces ont souffert de cette sécheresse. Par exemple, les vautours ont subi des pertes importantes. Cependant, par crainte de l’anthrax, aucune autopsie n’a été réalisée.

La seule consolation vient des rhinocéros noirs, dont la population semble se maintenir à un groupe de soixante-six adultes recensés dans le parc.

Les pachydermes ont détruit des forêts entières et mettent l’écosystème en péril

Au-delà de toutes ces mortalités d’éléphants, c’est la transformation irréversible du biotope qui alarme.

Des forêts entières ont disparu sur une durée de trois ou quatre ans, détruites par les éléphants. Ceux-ci font partie d’un vaste écosystème dont l’équilibre est en péril.

Des solutions radicales sur la population des pachydermes sont à prendre rapidement. Un niveau cohérent d’animaux, en accord avec la superficie du parc, doit être maintenu, avant que Hwange ne devienne un deuxième cimetière des éléphants, comme le fut le parc de Tsavo au Kenya en 1975, tristement rebaptisé Starvo(1).

  • (1) To starve : mourir de faim.

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