Le cadmium chinois a pu contaminer 2,5 à 3 % des aliments complets en 2005

Alerte au cadmium chinois. Fin décembre 2005, une contamination importante en cadmium est décelée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans un aliment minéral pour bovins fabriqué en juin de la même année.

L’enquête révèle, début 2006, que des quantités importantes d’aliments pour animaux – 2,5 à 3 % du tonnage annuel des aliments complets commercialisés – ont pu aussi être fortement contaminées par la même source, à des teneurs comprises entre 2 et 60 mg/kg. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) est saisie le 9 février dernier⁽¹⁾. Ses experts estiment alors que la consommation du foie et des reins (les abats qui concentrent le cadmium) des animaux « ne présente pas de risque sanitaire pour le consommateur ».

Sur le terrain, l’enquête permet de retrouver l’origine du cadmium. Il provient de sulfate de zinc importé en septembre 2004 de Chine en quantité importante (120 tonnes) par une société des Côtes-d’Armor. 68 tonnes de ce produit ont été commercialisées auprès de dix fabricants d’aliments de sept départements français.

Ce sulfate de zinc est destiné à être incorporé en faibles quantités (comme oligo-élément) dans les aliments du bétail.

Les foies et les reins sont retirés de la chaîne alimentaire

Les analyses confirment la présence de cadmium dans des aliments déjà fabriqués. Les aliments contaminés encore présents dans les entreprises sont consignés, analysés et retirés du marché. Ceux déjà livrés sont tracés afin de permettre l’identification des élevages concernés. Les services vétérinaires, informés des lieux de livraison, prennent les mesures nécessaires pour retirer de la chaîne alimentaire le foie et les reins des animaux susceptibles d’avoir été contaminés.

En outre, du côté des importations, des contrôles systématiques des teneurs en cadmium sur tous les lots de sulfate de zinc importés de Chine sont réalisés, pour vérifier qu’ils ne dépassent pas la teneur maximale autorisée de 10 mg/kg.

Le cadmium ne s’accumule pas dans le muscle, le lait et les œufs

Pour l’Afssa, « il n’apparaît pas possible de prédire un niveau de contamination en cadmium du foie ou des reins d’un animal à partir d’un niveau de contamination alimentaire » de l’ordre, dans le cas présent, de quelques milligrammes par kilo, voire dizaines de milligrammes, pendant le premier semestre de l’année 2005. Chez deux truies de réforme ayant consommé pendant près de deux mois un aliment contaminé à environ 15,5 mg/kg, les valeurs en cadmium relevées dans les deux foies sont de 1,09 mg/kg et 1,84 mg/kg. Certes, elles dépassent les teneurs maximales autorisées (TMR) fixées par un règlement européen à 0,5 mg/kg dans le foie, 1,5 mg/kg dans les reins et 0,05 mg/kg dans les muscles. Toutefois, compte tenu du faible tonnage des aliments contaminés (2,5 à 3 %) et de la probabilité « négligeable » pour un consommateur d’ingérer plusieurs fois de suite des abats contaminés pendant une longue période, l’Afssa conclut à une absence de risque sanitaire.

L’agence souligne aussi que le cadmium ne s’accumule pas dans les autres produits animaux (muscle, lait et œufs).

• (1) Avis de l’Afssa du 17/2/2006 (consultable sur www.afssa.fr) relatif à une demande d’appui scientifique et technique concernant la contamination de denrées alimentaires d’origine animale par du cadmium provenant de la contamination de suppléments minéraux (sulfate de zinc) entrant dans la composition des aliments pour animaux.