Faut-il encadrer la délégation des actes de base aux éleveurs ? - La Semaine Vétérinaire n° 1224 du 06/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1224 du 06/05/2006

Entre nous

FORUM

Nous travaillons en amont sur la prévention

Jean-Yves Thiercy, praticien à Saint-Désiré (Allier).

Dans notre clientèle allaitante, nous ne sommes absolument pas confrontés au problème des éleveurs qui réalisent certains actes chirurgicaux illégaux sur leurs animaux. Nous organisons des réunions annuelles et envoyons presque tous les mois un petit texte technique sur l’actualité pour travailler en amont sur la prévention. La plupart de nos éleveurs ont confiance en nous et, même si quelques-uns “bidouillent” seuls dans leur coin, ils nous appellent souvent. Certains d’entre eux savent perfuser les veaux, mais aucun ne le fait. Ils ont compris qu’il valait mieux nous solliciter. De même, je leur explique absolument tout ce que je fais sur leurs animaux et les ordonnances sont détaillées. En ce qui concerne certains actes, comme le parage des pieds ou les écornages, nous leur avons montré la façon de procéder et ils se débrouillent bien, tout en nous appelant au moindre souci. En revanche, certains actes, comme les césariennes, ne sont pas de leur ressort. Ils ont beaucoup plus à gagner en affinant leur travail d’éleveur, en améliorant leur technicité, en appliquant simplement nos conseils de prévention, bref, en pratiquant leur métier. Leur marge de progression technique est encore grande ; c’est à nous de le leur prouver tous les jours.

Un bémol toutefois : il me semble que tout ceci devient plus “délicat” avec la nouvelle génération d’éleveurs. Quelques-uns croient tout savoir, mais, avec du temps et plus de patience, nous arrivons généralement à leur montrer l’intérêt d’écouter les conseils du vétérinaire et de travailler ensemble.

Je suis opposé à la réalisation de ces actes par les éleveurs

Xavier Huguet, praticien à Azerables (Creuse).

A ma connaissance, peu d’éleveurs de notre clientèle effectuent des actes médicaux ou chirurgicaux sur leurs animaux. J’ai juste eu vent d’un cas isolé, où l’éleveur tentait seul de remettre des matrices en place. Des clients nous demandent parfois de leur montrer comment effectuer certains gestes tels que la mise sous perfusion des veaux, etc. Nous leur expliquons systématiquement qu’il n’est pas dans leur intérêt de réaliser ces actes qui demandent une certaine expérience et qui, de plus, comportent une certaine part d’aléas, qu’il faut alors savoir maîtriser.

D’une façon générale, je suis opposé à ce que les éleveurs puissent réaliser, même sous notre encadrement, des actes relevant d’une activité médicale. En revanche, je suis tout à fait favorable au développement de formations de perfectionnement aux actes infirmiers dispensées aux éleveurs (contention, injections sous-cutanées et intramusculaires, examen clinique de base, etc.). Dans le cadre du conseil et de la prescription de médicaments au comptoir hors examen clinique, il est en effet beaucoup plus efficace d’avoir face à soi un éleveur qui sait si son animal présente une hyperthermie, s’il rumine ou non, ou encore s’il est déshydraté plutôt que d’affronter un client pour lequel sa vache “n’est pas bien”. Par le biais de ces formations, le praticien peut donner les clefs qui leur permettront d’apprécier s’ils peuvent traiter seul leur animal ou si un recours au vétérinaire est préférable.

Il vaut mieux fixer des limites

Gaël Gounot, praticien à Fougères (Ille-et-Vilaine).

Nous savons tous que les éleveurs pratiquent un certain nombre d’actes chirurgicaux ou médicaux sur leurs animaux (80 % d’automédication en Bretagne selon une étude GIE Lait-Viande réalisée en 2003).

Je pense qu’il vaut mieux encadrer ce type de pratique tout en posant des limites. Depuis la création des primes “hérode”, les éleveurs ne nous appellent plus, ou alors trop tard, pour soigner les veaux. L’échec est alors quasi constant à la suite de nos interventions et ils ont donc arrêté de nous contacter. Dans ce contexte, au vu des monceaux de veaux à l’équarrissage, j’opte pour une notion de bien-être animal et j’organise pour les éleveurs de ma clientèle des formations au cours desquelles ils apprennent à mieux utiliser les médicaments et à réaliser des intraveineuses. Au cours de ces séances, je leur rappelle les bienfaits de la prévention, notamment en ce qui concerne les diarrhées des veaux ou encore les fièvres de lait. A ce propos, je leur signale qu’il est préférable de ne pas avoir à faire de perfusions (l’utopique “non-pathologie”) et qu’il convient d’envisager le problème depuis son origine (prévention des diarrhées par vaccination plutôt qu’un traitement sans réfléchir, de même pour les fièvres vitulaires et l’alimentation).

C’est pourquoi je pense qu’il vaut mieux leur donner des conseils pratiques et leur apprendre à bien utiliser les médicaments (notamment penser aux vaccins, plutôt qu’utiliser mal à propos les antibiotiques). En termes de médication et de pathologie, la visite sanitaire annuelle est un moment idéal pour comptabiliser les interventions, et proposer de mettre en place des plans de lutte (qui intègrent des moyens de prophylaxie). Nous, praticiens, avons les mêmes remarques à nous faire quand nous intervenons chez des éleveurs pour une pathologie récurrente (par exemple, quand un tiers des vaches d’un éleveur ont une fièvre de lait) : il faut mettre en place des moyens de prévention (par exemple, corriger l’alimentation des vaches taries), plutôt que systématiquement traiter sans apporter de solutions de confort.

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