Quand “véto” rime avec “bricolo”, l’ingéniosité n’a d’égale que l’économie

Si certains prototypes peuvent faire l’objet d’une commercialisation (crochet O’Tom® ou collier Lune®), la plupart des astuces ne profitent généralement qu’à un petit nombre de confrères. Alors, en attendant la mise en place d’un enseignement postuniversitaire pour vétérinaire bricoleur, il existe quelques solutions faciles à mettre en pratique.

1 EN CONSULTATION.

Afin de faciliter le respect des prescriptions, notamment lorsque le dosage des médicaments varie dans le temps (corticothérapie à jours alternés par exemple), notre confrère Kelly Broz a élaboré un calendrier journalier vierge pour ses clients. Il lui suffit alors de remplir les cases correspondant à chaque jour avec la dose appropriée pour chacun des médicaments. Un pilulier utilisé en complément peut même permettre au propriétaire de vérifier qu’il les a bien délivrés.

2 SOIN DES YEUX.

Certaines races canines ont fréquemment les yeux chassieux. L’enlèvement de ces sécrétions accumulées au niveau du canthus interne est facilité par l’emploi d’un peigne à puces. Une solution nettoyante pour les yeux peut être associée pour ramollir les dépôts autour des paupières. De la même manière, ce peigne pourra être utilisé pour individualiser les fils de suture cutanée parmi les croûtes ou les poils au moment de leur retrait.

3 CONTENTIONS ET PRÉCAUTIONS.

La contention d’un chat est parfois délicate et l’usage d’une muselière adaptée peut devenir nécessaire. Notre confrère Terry Jones a découvert un moyen de calmer un chat “grognon” : il pulvérise du Féliway® à l’intérieur de la muselière. Les chats se calment rapidement après sa mise en place, et le restent même après son retrait.

Au cours de l’examen des dents d’un chien par exemple, des confrères texans utilisent un crochet à ovariectomie pour dégager la joue et examiner les molaires. C’est là un bon moyen pour ne pas risquer de se faire mordre.

4 PIPETTES.

Lors d’examen cytologique en dermatologie et gastro-entérologie, des débris fécaux ou auriculaires peuvent se décoller de la lame et contaminer les différents pots de colorants. Pour éviter cela, il est possible remplir avec chaque colorant des pipettes jetables comme celles fournies pour les tests rapides Elisa ou bien des pipettes de sérum physiologique vides. Ainsi, au lieu de la plonger dans le pot, quelques gouttes suffisent pour inonder l’ensemble de la lame. En outre, les pipettes sont réutilisables pour d’autres examens.

5 CHAQUE SONDE À SA PLACE.

Du côté de la salle de chirurgie, quelques aménagements peuvent également faciliter la vie du praticien. Il est toujours désagréable de ne pas trouver rapidement la bonne taille de sonde endotrachéale au moment de l’intubation d’un animal. Plusieurs systèmes de rangement sont ingénieusement utilisés par des confrères, comme un range-papiers en plastique qui permet d’intercaler et d’inscrire chaque taille de sonde. Des praticiens américains de l’Ohio se sont quant à eux inspirés du système de suspension des verres à pied dans certains bars. Pour cela, des tuyaux en PVC de 3 cm de diamètre sont entaillés sur toute leur longueur (la dimension de l’entaille varie selon celle de la sonde). Ensuite, chaque tube est vissé sur une planche en bois de façon à être placé à l’endroit adéquat. Ce système de rangement à rails permet en outre un bon séchage des sondes et n’abîme pas la tubulure. Ainsi, chaque place a sa sonde et chaque sonde est à sa place !

6 INTUBATION.

Pour fixer le tube endotrachéal, chacun a son petit truc : lien, sparadrap, etc. Une solution consiste à réaliser un moyen de contention à l’aide d’une ancienne tubulure de perfusion et de deux bouts de seringue à insuline. La tubulure est pliée en deux et placée au travers des deux bouts de seringue, créant ainsi deux boucles. Celle du bout est placée autour de la sonde endotrachéale, puis le premier morceau de seringue est poussé au contact de la sonde (^{voir photo}). Une fois l’animal intubé, la seconde extrémité de la seringue est poussée jusqu’au contact du museau ou des oreilles.

7 BOUILLOTTES.

Afin de lutter contre l’hypothermie peropératoire et postopératoire, des confrères américains réutilisent les poches en plastique une fois vides (type Cubitainer®) comme bouillottes pour les animaux opérés ou hospitalisés. Peu coûteuses, souples, elles épousent facilement le corps de l’animal (^{voir photo}). Mais attention à bien choisir le plastique, car ses griffes pourraient transpercer la bouillotte. Il est également possible de réutiliser les packs de réfrigérants reçus avec la livraison de vaccins comme bouillottes. Une fois dégivré, chaque pack est réchauffé avec précaution au four à micro-ondes avant de devenir une source de chaleur pour un animal en hypothermie (^{voir photo}). Autre recyclage utile : placer sous le corps de l’animal du plastique à bulles gonflées d’air entouré d’une taie d’oreiller. Il suffit par exemple de récupérer les emballages à bulles utilisés pour protéger les produits livrés au cours de leur transport. Ensuite, la taie d’oreiller part au lavage, alors que la livraison suivante apporte le “matelas à bulle” de rechange.

Au moment de faire le pansement, si la bande adhésive ne colle pas suffisamment, rien de plus simple : il suffit de passer le rouleau au four à micro-ondes quelques dizaines de secondes. La chaleur ramollit la colle et la rend plus adhérente.

8 SÉCURITÉ.

Certains médicaments comme la kétamine nécessitent d’être conservés sous clé. Afin d’éviter d’égarer ou de partir avec la clé dans la poche, il suffit d’avoir recours à une petite armoire à code. Ce type de rangement est vendu dans les magasins de bricolage. La clé est alors placée dans l’armoire à code, dans le bureau. Seules les personnes ayant la combinaison y ont accès, et donc aux médicaments. En outre, le code peut facilement être modifié en cas de changement de personnel. Enfin, un porte-clés assez lourd évitera au praticien de partir avec.

• Source : Veterinary medicine, 2004.