Le cap du “premier rempla” suscite des appréhensions chez les futurs diplômés

Des représentants de l’association Vétos-Entraide ont rencontré les étudiants de l’école de Nantes le 11 avril dernier, dans le cadre du cycle itinérant de soirées-débats initié à l’ENVT le 1^er mars, une intervention ayant ensuite eu lieu à Alfort le 3 avril. Ces séries de conférences, intitulées « Vétérinaire : de la passion à la réalité ! », sont développées à l’initiative de notre confrère Timothée Audouin (N 04, praticien mixte) pour toutes les promotions. L’objectif est d’offrir aux étudiants des témoignages de praticiens sur leurs expériences, et leur révéler ce que les “anciens” auraient bien aimé entendre durant leurs études. Peut-être est-ce un moyen d’éviter d’éventuelles déceptions et sentiments d’échec ressentis par certains une fois entrés dans la vie active.

Quatre confrères, tous sortis de Nantes, ont animé bénévolement la soirée dans leur ancienne école : Pierre Delgove (N 89, praticien canin à Saint-Grégoire, Ille-et-Vilaine), Cyril Berg (N 98, praticien mixte à Ancenis, Loire-Atlantique), Gilles Désert (N 84, praticien canin à Rennes, Ille-et-Vilaine) et Timothée Audouin. L’auditoire, moins nombreux qu’à Toulouse et Alfort (peut-être en raison de l’absence de résidence étudiante sur place), a permis des échanges plus riches. A la sortie, les participants, enthousiastes, se sont d’ailleurs engagés à promouvoir cette soirée auprès de leurs camarades lors de sa prochaine édition.

Aider les étudiants à se poser les bonnes questions avant la sortie de l’école

Bien que la dernière conférence (école de Lyon) soit repoussée à la prochaine rentrée scolaire, un premier bilan du ressenti des étudiants peut déjà être dressé au vu des commentaires recueillis via une enquête de satisfaction. Dans l’ensemble, les futurs diplômés ont jugé les sujets choisis intéressants, « d’autant qu’ils ne sont pas assez abordés au sein de l’école ». « Cela m’a ouvert les yeux. J’ai pris conscience que notre métier-passion n’apporte pas forcément toutes les satisfactions que l’on peut attendre », selon l’un d’eux. « C’est bien de nous exposer la réalité, même si c’est stressant. Je me pose plusieurs questions depuis quelque temps et il est rassurant de constater que je ne suis pas le seul », « cela conduit à s’interroger sur les sujets importants, car il n’est pas facile de se connaître et de savoir ce qui est le plus important pour soi », « cela m’enlève quelques idées préconçues sur le métier, comme celle qui consiste à penser qu’avoir une spécialisation est une sécurité », estiment d’autres étudiants.

Toutes les promotions étaient représentées lors de ces soirées, ce qui rendait difficile le choix des thèmes à développer pour coller aux préoccupations de chacun : « Je suis en T1 Pro et je regrette de ne pas avoir pu assister à ce genre de conférence avant… en arrivant à l’école ! », témoigne un étudiant toulousain. Certains ont toutefois ressenti un certain pessimisme à l’issue de la conférence : « Attention de ne pas faire peur aux futurs vétérinaires en développant trop d’aspects négatifs. Laissez-nous vivre notre passion ! »

La confrontation d’expériences avec les intervenants, chacun relatant son propre parcours durant les débats, a été particulièrement appréciée. « Ces sujets ne sont pas forcément faciles à aborder avec des vétérinaires que nous connaissons peu », remarque ainsi un autre étudiant de Toulouse.

Les élèves ont également suggéré des sujets qu’ils souhaiteraient voir développer lors des prochaines éditions, comme la gestion de la concurrence, la façon de mener de front carrière et vie privée, les problèmes (isolement, intégration, etc.) qui peuvent être rencontrés pendant les études, la fidélisation de la clientèle, la gestion des premières euthanasies, l’intérêt de la spécialisation (CES, CEAV, etc.) en sortant de l’école ou plutôt après quelques années de pratique, les changements d’orientation, la façon de réagir face à un client difficile, etc. Cette liste, non exhaustive, montre l’étendue des interrogations concrètes qui hantent les étudiants avant leur entrée sur le marché professionnel.

Le succès remporté par cette première “tournée” dans les écoles pousse l’association Vétos-Entraide à espérer que l’opération se renouvellera, tous les deux ans environ (afin de cibler un nouveau public).