L’administration de principes actifs par aérosol pourrait élargir la gamme de traitements - La Semaine Vétérinaire n° 1223 du 22/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1223 du 22/04/2006

Pathologie respiratoire équine

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins-Pesson

Elle permet d’élever la concentration dans le liquide broncho-alvéolaire.

1 DES AÉROSOLS LORS DE TROUBLES RESPIRATOIRES.

L’administration de principes actifs par aérosol est une voie rarement utilisée chez le cheval. Pourtant, celle-ci pourrait élargir la gamme des traitements disponibles en pathologie respiratoire en contournant les difficultés liées aux autres voies d’administration (effets secondaires, biodisponibilité limitée, coût élevé, etc.).

Une étude (voir bibliographie 1) rapporte les effets de l’administration d’un antibiotique par aérosol, la marbofloxacine (300 mg). L’innocuité sur la fonction respiratoire est testée chez six chevaux sains. Des tests de la fonction pulmonaire sont réalisés avant, puis après l’administration de l’antibiotique. Ils ne révèlent pas de modifications significatives, ce qui indique que ce dernier n’a pas modifié la fonction respiratoire des chevaux sains.

La concentration pulmonaire en marbofloxacine dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire, après l’administration de l’aérosol, est ensuite comparée à celle relevée dans le sang après une injection intraveineuse de 2 mg/kg. Dans le quart d’heure qui suit, la concentration dans le liquide broncho-alvéolaire est 5,5 fois plus élevée avec l’aérosol que la concentration sanguine après l’intraveineuse, alors que le dosage initial en marbofloxacine était plus faible. En outre, avec l’aérosol, les concentrations sanguines en antibiotique sont peu élevées, suggérant un passage systémique réduit.

Ces résultats prometteurs suggèrent que les effets secondaires pourraient être limités par cette voie d’administration. « Toutefois, souligne l’un des auteurs, d’autres études sont nécessaires avec des traitements longs chez des chevaux sains et d’autres chez des chevaux souffrant de pneumonies, dont les zones pulmonaires lésées sont mal ventilées. Cela peut aussi poser un problème de santé publique en raison de la dispersion dans l’air de la marbofloxacine, inhalée par les manipulateurs. »

2 UN CONCENTRÉ ENRICHI EN LUZERNE CONTRE LA POUSSE.

Denis Bedoret (centre de médecine sportive de l’université de Liège, Belgique) rappelle que « la pousse ou obstruction récurrente des voies respiratoires, anciennement appelée emphysème, est une maladie inflammatoire de nature allergique initiée par l’inhalation de poussières organiques, dont les sources les plus fréquentes sont la litière et le foin. La réduction de l’exposition aux poussières constitue la base de la prévention et du traitement des crises ».

En alternative au retrait du foin et à l’utilisation d’ensilage d’herbe préfanée, Denis Bedoret et ses collaborateurs (voir bibliographie 2) ont testé un concentré enrichi en fibres de luzerne en brins courts (Horsival®). Pendant six semaines, un lot de chevaux poussifs en crise a reçu cet aliment, alors que l’autre lot de chevaux poussifs recevait un concentré associé à de l’ensilage d’herbe. A l’issue de cette période, un examen clinique, un lavage broncho-alvéolaire et des tests de la fonction pulmonaire n’ont pas permis de montrer de différence significative entre les deux groupes concernant l’amélioration de la condition respiratoire. Toutefois, l’appétence de l’aliment enrichi en fibres était bonne et le temps consacré à l’ingestion d’une unité fourragère cheval (UFC) bien plus élevé par rapport à l’ensilage d’herbe. L’aliment fibreux permet donc de compenser, partiellement au moins, les troubles de comportement observés lors de substitution du foin par des pellets de luzerne déshydratée et constitue aussi une alternative à l’emploi d’ensilage d’herbe dont la conservation est problématique.

3 UNE BIOPSIE PULMONAIRE AU PISTOLET.

Les indications de la biopsie pulmonaire chez le cheval sont la détermination de la nature et de la sévérité de lésions pulmonaires interstitielles ou de masses pulmonaires (suspicion de néoplasme). Cet examen est réalisé chez un cheval debout et tranquillisé, soit par voie transcutanée, soit par voie transendoscopique via la trachée et les bronches. Mais Monica Venner (école vétérinaire d’Hanovre, Allemagne) souligne que « le procédé endoscopique permet rarement d’obtenir des prélèvements de qualité suffisante » (voir bibliographie 3).

Pour prélever un site spécifique, il est conseillé de positionner des marqueurs radio-opaques sur le thorax selon les lésions visibles à la radiographie. Dans le cas de lésions pulmonaires diffuses, le site préférentiel de la biopsie transcutanée est le 8e ou 9e espace intercostal, proximalement à la côte. Deux types d’instruments sont disponibles : un pistolet à biopsie, une aiguille True Cut ou une aiguille propulsive. Un diamètre de 14 G permet d’obtenir un échantillon de bonne qualité histologique. Le prélèvement s’effectue en fin d’inspiration.

L’auteur a comparé les effets secondaires à la suite de l’utilisation de l’aiguille True Cut ou du pistolet à biopsie chez cinquante chevaux. L’apparition de toux, d’épistaxis, de pneumothorax est rare. L’examen endoscopique post-biopsie et l’examen post mortem des chevaux a révélé que le pistolet à biopsie induit des hématomes pulmonaires significativement moins volumineux que l’aiguille True Cut.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - T. Art, B. de Moffarts, E. Van Erck, M. Becker, D. Bedoret, P. Lekeux : « Administration par inhalation de marbofloxacine chez le cheval sain, effets sur la fonction respiratoire », conférence présentée lors des journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef) à Angers, en octobre 2005.
  • 2 - D. Bedoret, T. Art, B. de Moffarts, E. Van Erck, C. Tual, A. d’Hollander, P. Lekeux : « Prévention des crises grâce à l’utilisation d’un concentré riche en fibres chez le cheval poussif », conférence présentée lors des journées annuelles de l’Avef à Angers, en octobre 2005.
  • 3 - M. Venner : « Quand et comment réaliser une biopsie pulmonaire chez le cheval ? », conférence présentée lors des journées annuelles de l’Avef à Angers, en octobre 2005.

VOIR AUSSI

• Pratique vétérinaire équine, 2004, numéro spécial “Toux et pathologie respiratoire”, ouvrage collectif.

• D. Bedoret et coll. : « Utilisation d’un concentré riche en fibres pour la prévention des crises chez le cheval poussif », Pratique vétérinaire équine, vol. 38, n° 149, pp. 57-63.

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