L’écureuil roux et son cousin gris se disputent les mêmes territoires - La Semaine Vétérinaire n° 1222 du 15/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1222 du 15/04/2006

Deux espèces en conflit

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Alain Zecchini

La compétition, notamment alimentaire, conduit à la disparition progressive de l’écureuil roux en Europe.

L’écureuil gris (Sciurus carolinensis) figure, à juste titre, sur la liste de l’Union mondiale pour la nature des « cent pires espèces invasives du monde ». Originaire d’Amérique du Nord, il poursuit sa progression en Europe au détriment de l’écureuil roux (Sciurus vulgaris). Il a déjà colonisé les trois-quarts de la Grande-Bretagne, la moitié de l’Irlande et de larges zones dans la province piémontaise en Italie.

Tous les avis des autorités scientifiques concordent : le seul moyen de mettre un terme à l’invasion de cet animal est de l’éradiquer. Mais un premier problème se présente. Les écureuils, d’une manière générale, bénéficient d’un fort capital de sympathie. Les autorités nationales des pays concernés ont des difficultés à convaincre leur opinion publique du bien-fondé de leur élimination.

L’écureuil gris est porteur d’un virus qui décime son cousin en deux semaines

En Amérique du Nord, l’écureuil gris s’intègre parfaitement à son environnement et ne pose aucun problème. Il a été introduit en Europe (Angleterre en 1876, Ecosse en 1892, Irlande en 1911 et Italie en 1948), mais sur l’ancien continent, avec moins de contraintes, il n’a pas tardé à proliférer, aux dépens de l’écureuil roux.

En effet, il est le réservoir d’un virus inconnu jusque-là, responsable d’une forme de variole. Celle-ci infecte l’écureuil roux et l’emporte en deux semaines. En outre, sa physiologie digestive est plus efficace. Il s’accommode des glands et des noisettes non mûrs. Ainsi, l’écureuil roux est désavantagé en termes de compétition alimentaire.

Par ailleurs, l’impact écologique de l’envahisseur est important sur les forêts et leur exploitation. Il écorce les arbres pour se nourrir des tissus conducteurs de sève, ce qui entrave la croissance et facilite la pénétration d’insectes et de champignons pathogènes. En Grande-Bretagne, en Irlande et en Italie, quantité d’arbres sont touchés. Les hêtres et les sycomores italiens paient le plus lourd tribut. C’est l’ensemble de la chaîne alpine qui est menacée. L’écureuil gris met en péril également plusieurs espèces d’oiseaux en s’attaquant aux œufs et aux oisillons.

En Grande-Bretagne, il ne reste qu’environ 160 000 écureuils roux (dont 120 000 en Ecosse et à peine un millier dans le Pays de Galles) pour plus de deux millions d’écureuils gris. En Irlande et en Italie, la disparition progressive de l’écureuil roux est également constatée. Dans le Piémont italien, son aire de répartition s’est contractée de 46 % entre 1970 et 1990, puis de 55 % de 1990 à 1996 et, depuis cette dernière date, elle continue de décroître. Elle ne doit donc pas représenter plus de 20 %, et peut-être moins, de la superficie d’origine.

Il devrait prochainement franchir les Alpes et coloniser l’Hexagone

Face à cette menace, les politiques suivies sont disparates. Les campagnes de piégeage ou d’abattage en Grande-Bretagne ne donnent pas les résultats escomptés. Ainsi, le gouvernement britannique a récemment décidé d’instaurer seize réserves d’écureuils roux (Angleterre et Pays de Galles) dans lesquelles tout écureuil gris repéré est supprimé. En Ecosse, des mesures similaires vont être suivies (instauration de sanctuaires). En Italie, une campagne d’éradication en 1997, pourtant efficace, a été arrêtée par décision de justice. Désormais, l’élimination est considérée comme impossible par les spécialistes. Mais la Convention de Berne reste d’un avis contraire. Sa plus récente recommandation (décembre 2005) demande instamment à l’Italie de supprimer l’écureuil gris dans la vallée de Ticino (province de Novara), « afin d’empêcher l’extension de l’espèce en Suisse et dans d’autres Etats voisins ». En effet, la couverture boisée des Alpes représente un continuum écologique favorable à la progression de l’envahisseur. La France pourrait être atteinte en trente ou quarante ans, estimait-on en 1999. Toutefois, il est fort probable que ces importuns feront leur apparition dans l’Hexagone bien plus tôt. En effet, depuis 2000, leur rythme de colonisation s’est accéléré en Italie, passant de 17,2 km par an à 250 km par an. L’écureuil roux n’est pas au bout de ses peines. Deux autres espèces invasives d’écureuils (en Italie, l’écureuil de Finlayson, Callosciurus finlaysonii, et en France, dans la région d’Antibes/Grasse, l’écureuil à ventre roux ou callosciure roux de Pallas, Callosciurus erythraeus) représentent d’autres menaces potentielles…

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