L’arrivée sur le terrain des fonds promis à Pékin tarde - La Semaine Vétérinaire n° 1221 du 08/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1221 du 08/04/2006

Influenza aviaire. Lutte contre l’épizootie

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

L’argent destiné à aider les pays africains (cinq sont désormais officiellement touchés(1)) à lutter contre la grippe aviaire et éviter sa propagation peine à arriver. Pourtant, à la mi-janvier dernier, suite à la conférence de Pékin (Chine), 1,9 milliard de dollars avait été promis par des bailleurs de fonds pour aider les pays touchés par l’épizootie. « Aujourd’hui, alors que les systèmes d’alerte et de surveillance doivent être financés de toute urgence, nous apprenons qu’au Mali, par exemple, alors que les procédures et le savoir-faire existent, il n’y a pas d’argent pour payer l’essence de la mobylette du technicien vétérinaire chargé d’inspecter les élevages qui se trouvent à 30 ou 40 km de la capitale », s’est insurgé Jean-Marie Le Guen, président de la mission d’information sur la grippe aviaire, lors d’une table ronde organisée à l’Assemblée nationale le 8 mars dernier. « Non seulement les pays qui font des efforts sont découragés, mais la politique internationale est décrédibilisée », a-t-il déploré, accusant notamment la Banque mondiale d’être incapable de mettre à la disposition des pays les plus concernés un minimum de fonds.

30 millions d’euros sont attendus pour venir en aide à l’Afrique

De son côté, notre confrère Bernard Vallat, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), explique que la Banque mondiale travaille à la mise en place de programmes nationaux au profit des pays qui en ont le plus besoin, notamment en Afrique. Son conseil d’administration vient de décider d’affecter 500 millions de dollars à la couverture des engagements pris à Pékin, mais il s’agit majoritairement de procédures de prêts. Or de nombreux pays, compte tenu de leur situation, répugnent à s’endetter davantage. Jusqu’à présent, le fonds fiduciaire destiné à recevoir les dons de l’Union européenne et des bailleurs de fonds bilatéraux n’a réceptionné que 50 millions sur le milliard promis. « Cette situation n’est pas le fait de la Banque mondiale, mais bien des bailleurs de fonds bilatéraux ou régionaux (comme l’Union européenne, le plus mauvais élève) qui n’ont pas tenu leurs engagements », souligne donc Bernard Vallat.

Notre confrère précise que 30 millions d’euros destinés à l’Afrique sont attendus, sans être encore affectés. Par ailleurs, il met en exergue le problème de l’organisation gouvernementale en Afrique. « Les fonctions publiques ont été démembrées et déstabilisées par des ajustements structurels. Si les pays africains se sont effectivement mobilisés et ont pris en considération les messages des organisations internationales, les services vétérinaires sont incapables de mettre en œuvre une législation, aussi bonne soit-elle. Nous avons eu la satisfaction de constater qu’après avoir contribué à déstabiliser les fonctions publiques en Afrique, la Banque mondiale voudrait maintenant revenir en arrière et nous aider à améliorer la gouvernance. Malheureusement, cela prendra des années. » Ce à quoi Jean-Marie Le Guen rétorque « qu’on a beau jeu de critiquer le défaut de gouvernance de l’Afrique. En la matière, celui de l’Europe est gravissime. Je ne voudrais pas qu’à force d’exiger des critères de gouvernance et de transparence absolue, l’argent n’arrive jamais sur le terrain ».

Tous se rejoignent néanmoins sur un point crucial, la nécessité d’agir vite et de faire parvenir de l’argent aux pays touchés, notamment en Afrique. Selon Bernard Vallat, ce continent s’installe dans l’endémicité, comme l’Asie où de nouveaux foyers animaux et même humains continuent d’être détectés trois ans après l’apparition du virus H5N1 HP. « Il est donc important de débloquer des fonds d’urgence et surtout de financer parallèlement des améliorations structurelles pour lutter contre les maladies animales. Dans le cas contraire, ces fonds seront rapidement dilapidés et il faudra s’attendre à d’autres crises dans les mois à venir. » Et Jean-Marie Le Guen de conclure : « Nous aurions tort de sous-estimer les lourdes conséquences d’un retard et d’un manquement de notre part dans le déblocage des aides d’urgence, en termes tant de santé que de crédibilité de nos politiques sur la scène internationale. »

  • (1) Les pays africains qui ont officiellement notifié la présence de la maladie sur leur territoire sont le Nigeria, le Niger, l’Egypte, le Cameroun et le Burkina Faso (pour ce dernier, la notification date du 3/4/2006).

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