Une diarrhée chronique n’exclut pas une intussusception - La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006

Pathologie intestinale chez le chiot

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Cette affection, généralement rencontrée chez le jeune animal, ne se limite pas à une symptomatologie aiguë. Le diagnostic est souvent tardif.

L’intussusception est un anglicisme qui qualifie l’invagination d’un segment du tube digestif dans un segment adjacent. L’intussuscipiens désigne la portion du tube digestif qui accueille l’intussusceptum. Généralement rencontrée chez le jeune (80 % de chiots), l’intussusception se réalise presque toujours dans le sens du péristaltisme : l’intussuscipiens se situe en aval de l’intussusceptum. Tous les étages du tube digestif peuvent être atteints par cette affection, mais les intussusceptions intestinales sont les plus fréquentes. Elles sont jéjuno-jéjunales, jéjuno-iléales, iléo-coliques, cæco-coliques et colo-coliques. La localisation la plus souvent rencontrée est au niveau de la valvule iléo-cæcale.

L’échographie est l’examen d’imagerie de choix pour confirmer le diagnostic

La principale cause d’intussusception est un hyperpéristaltisme du segment intestinal concerné. Il peut être induit par de nombreux facteurs comme une parvovirose, une intoxication aux organophosphorés, la présence d’un corps étranger, un parasitisme important ou une tumeur. L’intussusception provoque alors une occlusion puis une ischémie de l’intussusceptum, qui entraîne son autolyse.

La palpation abdominale suffit généralement à conclure lors de forte suspicion diagnostique. Cependant, une intussusception peut déclencher des signes cliniques frustes. Une diarrhée chronique constitue parfois un signe d’appel. En effet, il n’est pas rare de diagnostiquer des intussusceptions chez des animaux amaigris et qui présentent de la diarrhée depuis plusieurs semaines. Le taux de mortalité après l’intervention chirurgicale s’élève environ à 30 %. Il est essentiellement dû à un diagnostic tardif et donc à des lésions devenues irréversibles sur une longueur intestinale trop importante.

La forte suspicion clinique est souvent confirmée par l’imagerie, notamment l’échographie qui montre une image caractéristique en cocarde. La radiographie est assez décevante, car elle ne met en évidence que des images d’iléus. Quant à l’endoscopie, elle ne permet qu’exceptionnellement de conclure.

50 à 80 % de l’intestin concerné par l’intussusception peuvent être préservés

Le seul traitement envisageable est la chirurgie. Plus l’intestin est préservé, plus le pronostic devient favorable. Une intussusception récente et rapidement diagnostiquée autorise souvent une dévagination sans entérectomie. Elle doit être progressive et prudente. Seules les portions saines et non ischémiées sont à conserver. Cependant, il est rare de pouvoir s’abstenir d’une entérectomie, qui doit alors être la moins étendue possible.

Lors d’une conférence sur ce thème, notre confrère Jack-Yves Deschamps a insisté sur la nécessité de préserver la partie de l’intestin qui reçoit l’intussuscipiens, non ischémié ni nécrosé, afin de prévenir le syndrome de l’intestin court. Mais surtout, il a expliqué comment préserver 50 à 80 % de la partie engagée, l’intussusceptum, si elle n’est pas nécrosée. Seule la région terminale (ou col de l’intussusception) doit être fréquemment excisée. En effet, une fibrose pariétale dans cette zone de transition empêche toute évagination.

L’entéroplication, quoique controversée, permet de prévenir les récidives

L’intervention consiste à pratiquer une incision de l’anse de l’intussuscipiens, sur le bord antimésentérique, le plus cranialement possible (voir photo 1). La portion invaginée est alors extériorisée par l’orifice créé (voir photo 2). Une pression sur l’apex de la portion engagée permet de la dévaginer au maximum (voir photo 3). Le col est souvent nécrosé et doit alors être excisé. Le reste de l’intussusceptum est ensuite facile à dévaginer (voir photo 4). L’intestin est suturé classiquement.

Après l’excision de la portion engagée nécrosée (voir photo 5), cette technique permet de conserver 80 % de la longueur d’intestin concernée par l’intussusception : 50 % sont constitués par l’intussuscipiens et 30 % par l’intussusceptum dévaginé.

La chirurgie doit aussi contenir un temps de prévention. L’entéroplication, ou suture en accordéon de l’intestin sur lui-même, permet de prévenir les fréquentes récidives, même si certaines études tendent à montrer des complications et un inconfort chez les animaux traités. Il semble intéressant de différencier alors deux types d’intussusception selon leur ancienneté. Si l’invagination est récente, l’hyperpéristaltisme est toujours présent. Les récidives sont alors plus fréquentes, ce qui autorise à envisager une entéroplication pour les prévenir. Si l’invagination est ancienne, l’hyperpéristaltisme a disparu et l’entéroplication ne semble pas nécessaire.

CONFÉRENCIER

Jack-Yves Deschamps, maître de conférences à l’école de Nantes.

Article réalisé d’après la conférence sur les intussusceptions, présentée lors du congrès annuel de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), du 2 au 4 décembre 2005 à Toulouse.

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