Que pensez-vous du mode de fonctionnement des dispensaires ? - La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006

Entre nous

FORUM

Définir précisément les critères de pauvreté

Christophe Blanckaert, praticien à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

On peut d’abord se demander s’il existe un réel besoin de dispensaires pour les animaux. Les clients sont prêts, dans l’ensemble, à débourser des sommes conséquentes pour la santé de leurs compagnons.

Je pense que les dispensaires ne devraient ouvrir leurs portes qu’à ceux pour lesquels cela constitue une réelle nécessité. Dans ce contexte, il serait bon de définir exactement les critères de pauvreté. Force est de constater que trop de personnes disposant de revenus confortables s’y rendent pour les vaccinations ou les stérilisations. Il serait plus logique qu’ils proposent tous les soins et pas seulement les actes “rapides et faciles”, prodigués par de jeunes confrères sous-payés et exploités. Les structures fixes destinées aux plus démunis ne sont utiles que dans les agglomérations importantes. Ailleurs, ils doivent trouver de l’aide dans nos cliniques et cabinets, via des facilités de paiement.

Un discrédit porté sur notre profession

Eric Mc Carthy, praticien à Paris.

Je me suis installé à proximité d’un dispensaire qui a déménagé au cours de l’été 2004. J’avais proposé au responsable de réaliser certains examens complémentaires, notamment les radiographies, à des prix en rapport avec les revenus des clients de cette structure. A ma grande surprise, il a décliné mon offre, m’expliquant que « de toute façon, les clients peuvent bien se déplacer pour effectuer les radios chez le confrère de leur choix ». J’ai aussi été choqué lorsque j’ai appris que les revenus des personnes qui fréquentaient le dispensaire n’étaient pas vérifiés, ce qui, je crois, n’est pas le cas dans tous les centres de ce type.

Je pense que ces pratiques ne font que discréditer la profession. La clientèle ne peut pas faire clairement la distinction entre un dispensaire peu onéreux, où est pratiquée, aux dires des responsables, « une médecine de guerre » et les structures aux alentours où les tarifs sont certes plus élevés, mais où la qualité des soins n’est évidemment pas la même. Cela conduit à une altération de l’image du praticien. Après le déménagement de ce centre, je me suis rendu compte que certains habitants ou commerçants de mon quartier, aux revenus confortables, le fréquentaient.

En outre, si les dispensaires n’accueillaient que des propriétaires défavorisés, comme c’est leur vocation, la qualité des soins serait probablement meilleure. Il m’a aussi semblé déplacé qu’une fondation d’aide aux animaux contribue au financement d’un appareil d’imagerie haut de gamme. Est-ce pour en faire profiter gratuitement ses clients ?

Il est difficile d’exercer dans la même rue

Jean-François Quinton, praticien à Paris.

Depuis vingt ans, j’exerce à proximité d’un dispensaire. Je trouve tout à fait normal que chacun puisse accéder à des soins pour ses animaux, quels que soient ses revenus. En ce sens, un tel établissement correspond à un vrai besoin pour les personnes démunies. Je m’interroge cependant lorsque des SDF nous demandent de soigner leurs animaux gratuitement, car l’entrée dans le dispensaire leur a été refusée faute des moyens suffisants pour acquitter le prix de la consultation. En revanche, les personnes aux revenus confortables ne sont pas filtrées à l’entrée. Ainsi, beaucoup d’habitants du quartier s’y rendent pour les stérilisations et les vaccins, et reviennent chez nous quand l’animal présente une affection importante. En effet, d’après ce que j’ai pu comprendre, dès que les soins deviennent trop complexes ou nécessitent une hospitalisation, les propriétaires sont invités à quitter le centre. Résultat, nous avons comme voisine une structure vétérinaire qui réalise les vaccins et les interventions de convenance à des tarifs imbattables, sans être assujettie à la TVA correspondante, et qui n’a pas pu ou pas souhaité réaliser les investissements nécessaires au diagnostic et au suivi médical.

En tant que voisins immédiats, nous voyons passer beaucoup de personnes qui ont peu de moyens, parfois venues de loin pour une visite au dispensaire, et qui sont désorientées quand elles réalisent que les soins qu’elles espéraient y trouver ne peuvent pas être réalisés. Ainsi, nous venons d’hospitaliser sous perfusion pendant cinq jours, pour une gastro-entérite hémorragique, le chien d’un RMIste qui, après une consultation au dispensaire, s’est vu enjoindre de trouver une clinique classique. Bien entendu, il nous paiera, au fur et à mesure et si ses moyens le lui permettent… Je suis aussi choqué de voir parfois arriver, à l’heure de la fermeture du centre, des propriétaires accompagnés d’animaux mal réveillés ou malades, munis d’une ordonnance rédigée par le vétérinaire du dispensaire sur laquelle ne figure aucun commémoratif ni aucun début de diagnostic. Elle se borne à indiquer que l’état de l’animal est tel qu’il doit être hospitalisé quelque part.

De notre côté, soucieux d’effectuer une médecine de qualité, nous avons, comme toutes les cliniques, effectué de nombreux investissements. De ce fait, nos actes ont un certain coût pour le client. Dans ce cadre, il est parfois cruel d’exercer dans la même rue qu’un dispensaire qui réalise un gros volume de vaccins et de stérilisations à des prix inférieurs à ceux couramment pratiqués. Selon moi, cela doit permettre une bonne rentabilité de la structure, tout en préservant une façade humaniste que les faits m’ont peu à peu conduit à mettre sérieusement en doute.

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