L’entraînement met à l’épreuve les tissus tendineux

Avec la généralisation des épreuves de concours complet de “format court” au niveau international, qui se traduit par une suppression des routiers⁽¹⁾ et du steeple chase, nous assistons depuis quelques années à une multiplication importante du nombre d’épreuves », a souligné notre confrère Xavier Goupil à l’occasion des dernières journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef). Il intervenait sur le rôle du vétérinaire agréé par la Fédération équestre internationale (FEI) lors des épreuves de concours complet. La fédération dispose en effet d’un règlement vétérinaire qui stipule que le praticien se doit de contribuer au bien-être du cheval par le respect des règles dont le but est d’assurer sa santé et son confort.

Toutes les fédérations nationales disposent d’une liste de vétérinaires de concours (nominations soumises à l’approbation de la FEI). Pour chaque épreuve, le comité organisateur, en collaboration avec la FEI, désigne un délégué vétérinaire qui est le conseiller officiel pour toutes les questions d’ordre vétérinaire. Lors des épreuves particulièrement importantes (finales de coupes, jeux Olympiques), un ou plusieurs délégués associés, dont un étranger, sont nommés pour l’assister. Les vétérinaires de terrain sont désignés par le comité organisateur pour assurer le service d’urgence. Pour leur part, ceux d’équipe, qui ont la responsabilité de la santé des chevaux de leur équipe nationale, sont nommés par la fédération de leur pays. Sont en outre présents des confrères “de prélèvement”, chargés de réaliser les contrôles antidopage.

Les chevaux subissent deux inspections lors des épreuves importantes

La participation d’un vétérinaire à une compétition internationale de concours complet réclame une grande disponibilité. Il doit être présent dès l’arrivée des premiers chevaux pour procéder à la vérification des passeports, avant de réaliser le premier examen vétérinaire (examen d’arrivée) dont le but est d’éviter l’introduction d’un animal malade (et contagieux) dans l’effectif des participants. Par ailleurs, les chevaux subissent une inspection qui vise à vérifier que leur condition physique leur permet de prendre part à l’épreuve. Leur allure au trot est alors observée (en ligne droite et sur un cercle). La pince à sonder peut être utilisée. En outre, les palpations-pressions et les flexions passives sont autorisées, contrairement aux flexions dynamiques. A l’issue de cette première inspection, la commission vétérinaire doit organiser une réunion avec tous les vétérinaires de l’épreuve (de terrain, d’équipe et individuels), avant le début des épreuves. Une part importante de cette rencontre est consacrée au rappel du protocole lorsqu’un cheval doit être traité pendant l’épreuve (produits interdits comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens, médicaments ne figurant pas sur la liste de substances prohibées comme les liquides de réhydratation, et rappel de la réglementation liée à l’altrénogest).

La deuxième inspection a lieu au minimum deux heures après l’arrivée du cross du dernier concurrent. Toutefois, elle se déroule plus généralement le lendemain, selon le même protocole que la première. Les cavaliers et l’entourage du cheval la considèrent comme un test à part entière, au même titre que le dressage, le cross et le saut d’obstacles.

La première inspection est facultative lors des épreuves de faible importance, alors que la seconde est obligatoire.

A l’issue de la compétition, les passeports sont restitués. Le délégué vétérinaire, mandaté par la Direction des services vétérinaires, signe alors les certificats sanitaires pour les chevaux qui repartent à l’étranger. La mission du délégué prend fin avec la rédaction d’un rapport destiné à la FEI.

Des dominantes pathologiques existent chez le cheval de concours complet

« Le cheval de concours complet est un triathlète dont la courbe d’apprentissage est tardive et progressive. La maturité nécessaire pour affronter les échéances particulièrement importantes est rarement atteinte avant neuf ou dix ans », souligne notre confrère Olivier Geffroy. Si l’apprentissage technique est graduel, le travail physique quotidien est intense. Il nécessite des chevaux sains, en pleine forme physique. L’entraînement favorise logiquement les affections qui résultent de la fatigue cyclique des tissus articulaires, mais surtout tendineux.

Le jeune cheval (de cinq à sept ans) doit démontrer sa capacité à supporter la discipline. Les problèmes sont réglés par la gestion de l’exercice et la maréchalerie. Chez le cheval en phase d’état, la médicalisation devient plus importante et l’accompagne dans sa progression.« Pour sa part, l’animal vieillissant devient une sorte de musée pathologique, ironise Olivier Geffroy. Mais son expérience, associée à un suivi médical rigoureux, lui permet de rester performant le plus longtemps possible. »

Le suivi vétérinaire de la préparation des chevaux de haut niveau est essentiel

« Si de nombreux troubles sont compatibles avec la compétition à faible niveau, ils deviennent manifestes et handicapent l’exploitation à haut niveau », explique notre confrère Michel Péchayre. Le praticien traitant met en place un suivi longitudinal de l’animal. Dans le cadre d’une sélection fédérale, il prend contact avec le vétérinaire fédéral pour poursuivre le suivi médical en stage de préparation et en épreuve. Les objectifs sont de prévenir les affections, d’optimiser les performances et d’améliorer la longévité des chevaux. Lors d’un examen initial, un dossier médical détaillé est établi. D’autres examens ciblés sont réalisés au moment de chaque épreuve. Le cheval est suivi en termes sanitaires, administratifs et médicaux (évaluation clinique et psychologique, examens ophtalmique et de la cavité buccale, évaluations approfondies de l’appareil locomoteur et de la fonction cardiorespiratoire). Le praticien doit en outre gérer l’alimentation spécifique du cheval athlète, les éléments de maréchalerie (en partenariat avec le maréchal-ferrant), ainsi que la qualité du matériel employé (sellerie, protections, etc.). Il lui revient, en outre, d’apprécier la qualité des transports.

• (1) Itinéraire à effectuer dans un temps imposé, au trot essentiellement.