L’Afssa actualise la prévention de la toxoplasmose - La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006

Zoonose. Rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments

Actualité

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

Le groupe d’experts conseille de reformuler les recommandations de prévention et de lancer une campagne d’information auprès des femmes enceintes.

Un effort d’information doit être fait auprès des femmes », estime un groupe de travail constitué au sein de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Dans un rapport intitulé Toxoplasmose : état des connaissances et évaluation du risque lié à l’alimentation, disponible en ligne ce mois-ci(1), les experts indiquent que « des recommandations de prévention primaire, officielles, régulièrement mises à jour et présentées de façon compréhensive et attractive, utilisant des supports d’information modernes, devraient être disponibles auprès des professionnels de santé, mais également des femmes enceintes elles-mêmes ».

La consommation de viande insuffisamment cuite est à risque

Les seules recommandations officielles qui existent actuellement s’appuient sur les résultats d’une étude cas-témoin effectuée en France en 1995. Elles sont “noyées” dans le flot d’informations relayées notamment via l’Internet, « qui mêlent, sans distinction, risques anecdotiques et facteurs importants ».

Pour évaluer la pertinence de ces mesures, le groupe de travail les a comparées avec les résultats de six études transversales ou cas-témoins effectuées dans sept pays européens. Il les a classées en deux groupes : “mesures indispensables” et “autres mesures”, étayées par un niveau insuffisant de preuves (voir tableau). Dans le premier figure la cuisson de la viande. En effet, les experts estiment que la consommation de viande mal cuite est associée à un risque accru de toxoplasmose dans toutes les études et doit donc être impérativement retenue comme mode de transmission, bien que la nature des viandes les plus à risque reste imprécise. Le lavage des mains est une autre mesure indispensable à respecter. Une mauvaise hygiène à ce niveau est un mode de transmission retenu par deux études cas-témoins. Les experts soulignent également l’importance du lavage des légumes. Ils insistent notamment sur « le lavage à grande eau des végétaux souvent souillés par la terre et consommés crus ».

Des précautions sont également à prendre vis-à-vis du chat, plus précisément de sa litière. La femme enceinte doit surtout éviter de la manipuler. « Si cela se révèle impossible ou irréaliste, le port de gants et le nettoyage à l’eau bouillante des bacs à litière ou de tout objet ayant été en contact avec des excréments de chat sont impératifs. Une précaution supplémentaire consisterait à n’alimenter le chat qu’avec des aliments industriels ».

Les experts récusent certaines mesures inefficaces et idées fausses. Ne sont pas à risque la consommation de poisson, les griffures du chat ainsi que la consommation de lait de vache et de fromage. Par ailleurs, le rapport ne fait aucune allusion à la nécessité de se séparer de son chat au cours de la grossesse, une mesure que les médecins conseillent parfois à leurs patientes.

Le groupe de travail s’est aussi penché sur le cas des professionnels de santé, dont les vétérinaires, en contact avec des animaux potentiellement infectés par Toxoplasma gondii. Ils estiment que pour les femmes enceintes séronégatives vis-à-vis de la toxoplasmose et exerçant ces professions, la proximité avec les jeunes chats doit être limitée et s’accompagner de mesures de protection renforcées (port de gants et de masque). Par ailleurs, le contact avec les déjections des chats ou avec des produits d’avortement d’autres animaux est à proscrire.

Les experts rappellent néanmoins que les études sérologiques de prévalence réalisées chez des étudiants et des professionnels de la santé animale n’ont pas permis de suspecter un risque particulier, y compris chez les personnels en contact avec les chats.

La production d’animaux de rente « toxo-free » est une voie de recherche prometteuse

Les chats et les félidés sauvages jouent un rôle clé dans le cycle du parasite. Ils sont responsables de la dissémination de T. gondii dans l’environnement. A la suite de leur infestation par la consommation de proies infectées ou d’oocystes sporulés, ils éliminent de grandes quantités d’oocystes dans leurs matières fécales pendant plusieurs jours. Ces derniers sont à l’origine de la contamination des animaux herbivores ou omnivores qui ingèrent des aliments souillés par les excréments de félidés contenant des oocystes sporulés. Les carnivores sont infestés par prédation des herbivores ou des omnivores porteurs du parasite. « La séroprévalence de la toxoplasmose est variable chez le chat, en relation avec son mode de vie et d’alimentation, puisque certains chats citadins n’ont plus la possibilité de chasser et ne consomment que des aliments industriels stérilisés. On estime que 1 % des chats sont excréteurs d’oocystes à un moment donné », expliquent les scientifiques. La contamination des animaux d’élevage, en tant qu’hôtes intermédiaires, a des conséquences considérables. En effet, la consommation de viande insuffisamment cuite est le principal mode de contamination de l’homme.

Si l’option vaccinale semble irréaliste chez le chat à l’heure actuelle, selon le groupe d’experts, la vaccination du cheptel, permettant la production d’animaux “toxo-free”, apparaît comme une voie de recherche prometteuse, estiment-ils. De même, restreindre la présence des chats dans les élevages reste à privilégier, de manière à limiter la contamination des animaux de rente par des oocystes.

La moitié de la population infectée

Les études montrent que la toxoplasmose due à Toxoplasma gondii est une infection fréquente en France : environ la moitié de la population adulte est infectée et, selon les estimations, 200 000 à 300 000 nouvelles infections surviennent chaque année, dont 2 700 cas chez les femmes enceintes. 600 enfants naîtraient avec une toxoplasmose congénitale chaque année, dont 175 auront des séquelles.

J.-P. G.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr