Les manifestations d’étudiants se succèdent pour demander le retrait du décret

En pleine période de manifestations étudiantes en France autour des contrats première embauche et nouvelle embauche (CPE et CNE), de l’autre côté de la frontière, les étudiants belges revendiquent également, mais pour un autre motif. Ils protestent contre l’avant-projet de décret, annoncé en février dernier, qui vise à limiter l’accès des étudiants étrangers non résidents à l’enseignement supérieur en Belgique. Le seuil est fixé à 30 % pour ceux qui s’inscrivent pour la première fois en premier cycle de certaines filières (notamment vétérinaire)⁽¹⁾. Les étudiants craignent que ce projet engendre un carnage académique et social, dont pâtiraient principalement les Français. Une première manifestation a rassemblé quelque 3 000 étudiants le 9 mars dernier à Namur, suivie d’une seconde le 14 mars à Mons (entre 1 000 et 2 000 manifestants), initiées par la Fédération des étudiants francophones (FEF) et l’Union des étudiants de la communauté française (Unecof). Elles soulignent en outre l’aberration de ce projet, dans un pays qui se veut capitale de l’Europe et en phase avec le processus de Bologne⁽²⁾, puisqu’il entraverait la mobilité étudiante.

1 600 candidats étrangers se verraient refuser l’inscription à la rentrée

Le décret devrait en principe entrer en vigueur au 1^er septembre prochain, à condition toutefois d’être confirmé en deuxième lecture par le gouvernement et de ne pas être bloqué par la Commission européenne. D’après les prévisions de la Communauté française, 1 600 étudiants étrangers se verront refuser l’inscription à la rentrée 2006.

Les manifestants demandent le retrait du texte et une discussion préalable avec tous les acteurs de l’enseignement supérieur pour trouver une solution adéquate au problème de l’enseignement en médecine vétérinaire. L’Unecof refuse le principe du « premier arrivé, premier servi », mode de sélection qui serait retenu pour l’inscription des candidats. La ministre de l’Enseignement supérieur de la Communauté française de Belgique, Marie-Dominique Simonet, et la ministre présidente de cette même Communauté, ont rencontré les étudiants la veille de la première manifestation. Madame Simon et s’est déclarée prête à ouvrir le débat et à écouter les acteurs concernés. Elle a également tenu à expliquer de nouveau le contenu de son texte, qu’elle estime mal compris. La décision de limiter l’accès à certaines filières a été prise précisément « parce qu’elles comptent aujourd’hui plus de 40 % de non-résidents, en raison d’un strict contingentement des filières similaires en France », précisait-elle dans La Libre Belgique, le 9 mars dernier.

En dépit du dialogue initié, les syndicats étudiants belges appelaient, au moment où nous mettions sous presse, à une nouvelle manifestation, le 22 mars à Bruxelles.

• (1) Les filières concernées sont universitaires (médecine vétérinaire, kinésithérapie) ou non (podologie, logopédie, ergothérapie, études d’accoucheuse ou d’éducateur). Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1213 du 11/2/2006 en page 27.

• (2) Réformes visant à créer un espace européen de l’enseignement supérieur d’ici à 2010.