« La responsabilité de la traçabilité doit être concertée entre les différents maillons »

La Semaine Vétérinaire : D’une façon générale, quels sont, selon vous, les avantages et les contraintes de la nouvelle réglementation appelée « paquet hygiène » ?

Pascal Anjot : Ce que je trouve “positif” dans cette nouvelle réglementation, c’est la segmentation de la responsabilité des acteurs au niveau de chaque maillon de la production des denrées animales. L’élaboration préconisée de guides de bonnes pratiques est une bonne chose. Toutefois, la rédaction de tels guides ne doit pas se faire de façon “étanche” entre chaque maillon de la production, mais de manière concertée. En effet, il ne s’agit pas de répercuter sur l’amont, via ceux-ci, des responsabilités que l’aval ne voudrait pas assumer. Cela demande un nécessaire effort de concertation entre les partenaires des filières concernées.

S. V. : Qui rédige les guides de bonnes pratiques voulus par la réglementation ?

P. A. : Ces guides sont réalisés par les interprofessions concernées, au sein des diverses filières de production animale. En hors sol, il faut reconnaître que cela n’est pas une contrainte “nouvelle”, notamment en filière volailles. Depuis plusieurs années maintenant, la traçabilité (via les fiches ante mortem), les chartes sanitaires ou encore les cahiers des charges “label” et “certifiés” ou spécifiques aux reproducteurs et couvoirs existent déjà. Dans ce domaine, les vétérinaires des filières ont déjà pu participer à l’élaboration de tels guides.

S. V. : Concrètement, en quoi le « paquet hygiène » change-t-il la pratique quotidienne du vétérinaire concerné ?

P. A. : Comme il s’agit pour nous d’assurer le rôle “pédagogique” d’appui et de conseil auprès des éleveurs, cela exige davantage de travail et surtout plus de rigueur, c’est évident. Là encore, pour notre profession, l’enjeu sera aussi de savoir le “vendre” face à d’autres intervenants éventuels (chambres d’agriculture, groupements, etc.), notamment en filière bovine où l’attribution des aides de la nouvelle politique agricole commune (PAC) est en partie liée à la bonne application de ces règlements. Les vétérinaires concernés ont un rôle à jouer dans l’élaboration des guides de bonnes pratiques et dans leur validation. Ils peuvent également intervenir dans la vérification de leur application sur le terrain par les éleveurs.

Il faut reconnaître que si la Direction générale de l’alimentation (DGAL) a expliqué la logique du “paquet hygiène”, celui-ci demeure obscur en raison de la multitude des textes législatifs auxquels il faut se référer.

Si la culture de “l’écriture” va prendre toute sa dimension à chaque niveau en termes de traçabilité, la réglementation du “paquet hygiène” génère des contraintes supplémentaires qui ne sont pas toujours bien comprises par des éleveurs parfois déjà fragilisés.