La lutte contre les blaireaux est sans effet sur la maîtrise de la tuberculose des bovins - La Semaine Vétérinaire n° 1219 du 25/03/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1219 du 25/03/2006

Infection à Mycobacterium bovis en Grande-Bretagne

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Alain Zecchini

Selon les scientifiques, les bovins et les blaireaux se transmettraient mutuellement l’infection.

Peut-être en désespoir de cause, le gouvernement anglais a lancé, en décembre dernier, une vaste consultation publique (dont les résultats seront connus prochainement) sur la justification d’éliminer les blaireaux pour contrôler l’épidémie de tuberculose qui sévit chez les bovins. Jusqu’à présent, en effet, les stratégies appliquées semblent peu probantes. Les derniers bilans montrent que « l’élimination proactive » (avant l’apparition de cas de tuberculose) a certes fait reculer l’incidence de la maladie dans les zones concernées, mais l’a fait augmenter dans les secteurs adjacents. Quant à « l’élimination réactive » (après l’apparition de cas), elle est suivie par une progression du nombre de bovins touchés(1).

Le blaireau est désigné comme le réservoir de la tuberculose

Dans les années 30, environ 40 % du cheptel bovin laitier anglais était atteint par cette infection à Mycobacterium bovis. Par la suite, de sévères mesures de prophylaxie ont permis de réduire sa prévalence, mais sans la faire disparaître complètement. En 1971, la souche est détectée sur une carcasse de blaireau découverte sur les terres d’une exploitation dont le troupeau de bovins avait été atteint par la tuberculose. Cette espèce est alors désignée comme le réservoir de l’affection et des campagnes d’éradication sont lancées. Bien que protégé sur le plan national (législations de 1973, 1991 et 1992), l’élimination de cet animal est autorisée « afin de prévenir la propagation de maladies ». Le gaz est d’abord employé puis, devant les protestations d’une bonne partie de l’opinion publique, il est remplacé par le piégeage par appât en cage, suivi de la destruction par arme à feu. De 1973 à 1996, la principale option est la suppression des blaireaux dans le périmètre des fermes où des cas sont enregistrés parmi le bétail. Mais les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. De 1986 à 1996 notamment, non seulement l’incidence de la tuberculose s’accroît dans le sud-ouest de l’Angleterre, atteinte depuis longtemps, mais elle se déclare ailleurs, dans les West Midlands et le sud du Pays de Galles. En novembre 1996, une commission estime malgré tout que le blaireau est probablement la source de l’infection, mais que les preuves scientifiques manquent. Elle recommande d’adopter une autre approche, le test d’élimination randomisé des blaireaux (Randomized Badger Culling Trial) avec deux composantes, « l’élimination proactive » et « l’élimination réactive », qui sont mises en œuvre de 1998 à 2003/2004. La première a permis de réduire les cas de tuberculose de 19 %. Mais à la périphérie des zones concernées par l’élimination, jusqu’à deux kilomètres de distance, l’incidence a augmenté de 29 %. La seconde composante s’est traduite par un accroissement de 25 % du nombre de troupeaux infectés. Il s’agit donc globalement d’un échec.

Les deux espèces pourraient se transmettre mutuellement la maladie

Les scientifiques émettent l’hypothèse que la suppression des blaireaux aurait des effets induits sur l’écologie et l’éthologie de l’espèce : les densités étant réduites, les survivants auraient tendance à se disperser davantage, et occuperaient notamment des zones où des congénères ont été éliminés. Dès lors, ils pourraient à leur tour infecter les troupeaux.

D’autres enseignements sont tirés. Il existe une association spatiale (à l’échelle d’un à deux kilomètres) des blaireaux et des bovins touchés par l’infection (avec la même souche). Cela impliquerait une transmission interspécifique (entre bovins et blaireaux) plutôt qu’intraspécifique (entre blaireaux). En particulier, les blaireaux infectés sont davantage associés aux bovins qui présentent des lésions tuberculeuses et beaucoup moins à ceux chez lesquels aucune lésion n’est visible. Cela pourrait signifier que des bovins infectent des blaireaux. Mais cette hypothèse est à confirmer.

En outre, il a été décidé d’étudier plus en détail le comportement des blaireaux et de prendre en considération les zones limitrophes de celles concernées par l’élimination pour vérifier si la réduction de densité joue ou non un rôle important. Face à la réduction de leurs effectifs, les blaireaux peuvent réagir vite, en l’espace de quelques jours ou quelques semaines. La dispersion pourrait être leur réponse à cette pression. Parallèlement aux recherches sur la transmission de la maladie, les autorités britanniques évaluent des options alternatives : renforcer la prophylaxie des bovins, stériliser les blaireaux ou mettre au point un vaccin qui leur serait destiné. En Irlande, également touchée par la tuberculose, l’éradication à grande échelle des blaireaux n’est plus considérée comme une stratégie réaliste. Les études sur le vaccin sont déjà en cours.

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